"Il faut oublier. " Comme si ça pouvait s'oublier.
Tout le monde à une famille, moi, je ne peux pas dire "ma famille": je n'ai plus personne.
Nous ne voulions pas devenir des assassins comme eux. Nous pensions : vous avez voulu nous exterminer, vous n'avez pas réussi, nous, on va vivre, ce sera ça notre vengeance.
Vous allez devenir le témoin du témoin que je suis, c'est un rôle très important.
Selon lui, le danger majeur réside dans le fait que l'histoire se répète, mais d'une manière un peu différente chaque fois, si bien qu'il est facile de ne pas voir venir le danger et de se laisser piéger. Tout l'enjeu consiste à être vigilant pour identifier la menace sous ses nouveaux habits.
Dans ma tête de petit garçon, avec ma mère à mes côtés, il ne pouvait rien m'arriver.
J'ai eu tant de peine de voir que leur peur était plus grande que leur amour pour nous.
Pour eux comme pour nous, qui sommes leurs héritiers, il ne s'agit pas de répéter "plus jamais ça" comme une incantation, ou de considérer le "devoir de mémoire" comme une obligation morale seulement, mais de tenter de comprendre les mécanismes à l'œuvre pour les identifier avant qu'il ne soit trop tard.
Je suis dévastée car aujourd'hui, j'entends les mêmes propos qu'en 1940. Alors c'est vrai que l'histoire ne se répète peut-être pas exactement de la même manière, mais ça y ressemble étrangement.
En rentrant, je n'ai pas pu parler. On nous en a empêchés, même en famille. Mes tantes et mes oncles me disaient : "Il faut oublier." Comme si ça pouvait s'oublier.