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Critique de Arakasi


Un jeune escrimeur à la tête chaude et au coeur tendre s'en vient à la capitale sur un affreux bidet. A peine entré en ville, il se querelle avec un gentilhomme accompagnant une belle jeune femme en carrosse. Cela doit forcément vous dire quelque chose, non ? Pourtant, nous ne sommes pas au début des « Trois Mousquetaires », mais aux premières pages du « Bâtard de Palerme », roman de cape et d'épée écrit au début du siècle par l'italien Luigi Natoli. le jeune homme ne s'appelle pas D Artagnan, mais Blasco de Castiglione et si, à l'instar du célèbre gascon, il vient chercher en ville gloire et fortune, il est surtout en quête du secret de ses origines. Né d'une paysanne et d'un grand seigneur au nom inconnu, il a passé sa jeunesse à errer de cité en cité, de pays en pays, menant joyeuse et orageuse vie. Après bien des pérégrinations, le voici donc à Palerme, la perle de l'ancien royaume de Sicile – perle rongée par la moisissure certes, mais toujours éclatante sous sa couche de déjections.

Avec son caractère de chien fou, Blasco ne tarde pas à accumuler les ennuis et les duels, mais pourquoi redouter le danger quand il vous permet de briller aux yeux d'une jolie femme ? Et, à Palerme, aucune femme n'a les yeux aussi éclatants que la belle donna Gabriella, épouse du cupide et puissant duc de la Motta. de fil en aiguille, de péripétie en aventures, Blasco va rapidement se retrouver mêlé un imbroglio de complots auxquels sa nature franche et ouverte ne l'a nullement préparé. Il y croisera le chemin de maint personnages amicaux ou hostiles, tels que le dangereux Matteo Lo Vechio « L'empereur des sbires », la douce Violante fille du duc de la Motta ou le très secret chevalier de la Floresta… Il sera surtout confronté aux redoutables Beati Paoli, secte mystérieuse régnant en maîtresse sur la ville Palerme et dont les actes de justice, aussi efficaces qu'expéditifs, font trembler la noblesse et la haute bourgeoisie.

Avec un scénario pareil, « le bâtard de Palerme » me semblait délicieusement prometteur et j'ai débuté les premières pages avec enthousiasme, prête à me laisser immerger dans ce qui était réputé être « le grand roman de cape et d'épée italien ». Au bout d'une centaine de pages, j'avais déjà commencé à faire un peu la grimace. Première et principale constatation : si son récit débute peu ou prou comme la saga des Mousquetaires, Luigi Natoli n'est pas Alexandre Dumas. S'il sait tisser un scénario tout à fait correct, il lui manque en revanche la vivacité d'écriture du gros romancier mulâtre, l'intelligence de ses dialogues, son humour savoureusement burlesque et surtout sa capacité à créer des personnages attachants et inoubliables par la force même de leurs défauts.

Son Blasco de Castiglione est un parangon de vertu : il est brave, beau, généreux, désintéressé, respectueux, ouvert d'esprit… Bref, il est plutôt chiant. Vous me direz et vous n'aurez pas tort qu'il s'agit d'un inconvénient mineur si les autres protagonistes apportent au récit la fantaisie et le pittoresque dont celui-ci a fortement besoin. Las, ils sont tous plus plats et monofaciaux les uns que les autres : les méchants sont très méchants, les gentils très gentils et la dulcinée du héros est, comme il se doit, aussi candide et douce qu'un chaton aveugle (d'un autre côté, elle n'a que douze ans… Je vous jure, douze ans ! Il n'y que moi qui trouve ça franchement « Beurk » ? Blasco est donc courageux, beau, vertueux et… pédophile !)

Restent l'ambiance de la Sicile du début du XVIIIe siècle, un contexte historique intéressant et une histoire plutôt bien troussée, riche en rebondissements et en coups de théâtre, à défaut d'être très originale. Les ténébreuses affaires des Beati Paoli ne sont pas non plus dépourvues d'intérêt, mais j'aurais préféré que l'auteur leur consacre davantage de pages, au lieu de se concentrer sur les lassantes et un poil malsaines affaires de coeur de Blasco. J'attendais beaucoup de ce roman dont on m'avait abondamment vanté les mérites et suis un peu dépitée d'en ressortir avec une vague impression de « Mouais, bof, c'était pas trop mal… Bon, si on passait à autre chose maintenant ? » Comme disait l'autre, on ne peut pas gagner à tous les coups, hein ?

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