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Critique de PetiteBichette


Thy salt is lodged forever in my blood… Voici la dernière phrase d'Ultramarins, bien cachée juste au-dessus de sa date d'impression, une phrase tirée du superbe poème Dreams Of The Sea du poète gallois William H Davies. La mer pour passion, qui ronge les sangs des marins, et étend sur eux leur emprise …
Selon Mariette Navarro, les marins se classent dans une catégorie bien spécifique : « Il y a les vivants, les morts, et les marins ». (p.35). Moi, je classe Mariette Navarro dans la catégorie des poétesses, des enchanteresses, des magiciennes et des sirènes …
Sa mélodie harmonieuse m'a envoutée, happée, entraînée par le fond. J'ai risqué la noyade les yeux grands ouverts, prête à découvrir les abysses, le triangle des Bermudes, ceinte d'un brouillard de coton opaque et oppressant.
Quelle plume magnifique qui nous entraîne dans un autre univers, celui de la mer, de la solitude, mais aussi de la folie, un univers où il n'y a pas d'explications, on dérive, on subit, on vit au rythme du coeur du bateau, car oui, si vous ne le saviez pas, les bateaux ont un coeur et aussi une âme …
Plongeon délicieux dans l'océan de poésie des mots de Mariette Navarro, qui tanguent, nous portent, scintillent et se reflètent à la surface des flots.
Une jeune commandante de cargo règne sur son équipage de 20 hommes telle une maîtresse-femme. Rien ne lui échappe, tout est sous son contrôle, maîtrisé…
Pourtant surgit une faille, un mot fou, un « oui d'accord » sorti de ses lèvres sans qu'elle puisse l'expliquer, cédant à une demande de son équipage de se baigner en pleine mer. Au mépris de toutes les règles le plus élémentaires de sécurité, les radars anti-collisions sont coupés, le cargo devient vaisseau-fantôme et disparaît des cartes.
« En une seconde ils sont sous l'eau, les cheveux méduses, enfin livrés à autre chose qu'aux embruns, ondulent, libèrent de leur pression les crânes, ne pèsent plus rien. » (p.27)
Les hommes plongent nus, mais la parenthèse enchantée se referme rapidement sur eux jusqu'à tenter de les noyer. Tous remontent sur le bateau la peur au ventre, avec la sensation étrange que quelque chose vient de basculer, et que la vie à bord ne sera plus la même.
Des phénomènes inexpliqués vont alors se produire, plongeant l'équipage dans une atmosphère inquiétante…
« Elle sait qu'on n'est pas toujours les bienvenus sur le dos des océans, qu'on ne peut pas impunément s'agripper à leur crinière. » (p.39)
Un vrai coup de coeur pour cette lecture empreinte d'une douce et perturbante poésie qui nous fait lâcher prise, nous emporte ailleurs. Nous surfons sur les vagues de notre imaginaire, dans une chevauchée hors du cadre, à la lisière du fantastique.
Le titre et la couverture d'Hugues Vollant sont une superbe et intrigante invitation au voyage, à la rêverie, au grand départ, à l'inconnu… Laissez-vous bercer par le rythme des vagues venant tambouriner sur la coque de vos souvenirs, levez l'ancre, fermez les yeux, larguez les amarres, touché ? coulez …
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