AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JIEMDE


« Il y a les vivants, les morts, et les marins ».

Voilà un livre « Pause ». Une pause pour ses acteurs ; une pause pour ses lecteurs. Un livre sur la tentation du décrochage, ultime défi de notre siècle où vitesse et dynamique font loi. Alors forcément, la tentation est grande de s'arrêter… Oh pas longtemps, quelques instants seulement. Déconnecter, s'abandonner, disparaître au monde, le temps d'une baignade par exemple.

C'est ce que va proposer la Commandante à l'équipage de ce cargo faisant au cordeau, la énième liaison commerciale trans-océane et chronométrée, nous amenant nos fruits d'été en hiver et le cadeau manufacturé du p'tit à prix imbattable dès lors que l'on oublie l'autre p'tit qui l'a fabriqué et le carbone qu'il a diffusé. Mais passons…

Alors les machines s'arrêtent, le bruit assourdissant devenu compagnon de voyage s'interrompt et l'homme - ou plutôt la femme - décide de voler au temps ce qui ne lui appartient pas : un instant de liberté, nouvelle richesse des temps modernes.

« Pendant presque une heure, ils ont perdu le fil de tout. Un peu de houle s'est jouée d'eux. Entre l'océan et eux, quelque chose s'est produit dont ils ne parleront jamais, ou bien il faudra beaucoup boire, ou bien il faudra beaucoup de nuits blanches ».

Ils sont 20 à descendre dans l'eau pour une parenthèse hors du temps, et 21 à remonter à bord quelques instants plus tard. Pour la Commandante, un de plus qu'est-ce que cela change ? Rien. Ou plutôt tout.

Ultramarins de Mariette Navarro fut pour moi une découverte bienvenue (une fois de plus due à Vleel), et une formidable parenthèse féérique, poétique et vivifiante venant éclairer mes lectures souvent trop sombres.

Le portrait de cette femme, fille de commandant tombée dans la marine comme Obélix dans son chaudron et qui depuis « appartient à l'eau, comme d'autres ont la fierté d'origines lointaines » est juste, intense et émouvant de bout en bout, dans l'humanité que dégage la spontanéité de ses abandons et de ses angoisses.

Une escapade en dehors de mes zones de confiance littéraire et une pause en océan inconnu que je ne saurais que trop conseiller à qui veut, le temps de quelques pages, à son tour s'abandonner…
Commenter  J’apprécie          362



Ont apprécié cette critique (35)voir plus




{* *}