Citations sur La véritable histoire de la mort d'Hendry Jones (11)
C'est drôle comme les gens, qui prétendent toujours tenir beaucoup à la vie et en font si grand cas peuvent se montrer négligents sur des choses essentielles.
Lon avait raison. Si vous deviez tuer un type, mauvaise idée de jouer avec, parce qu'avant que vous ayez eu le temps de dire ouf il pouvait se retourner et vous abattre le premier.
— Et c’est qui, ce type ? Webb s’est interrogé.
— Harvey French, Dad l’a renseigné.
-Dites-moi, Dad, vous êtes un sacré p'tit plaisantin, n'est-ce pas?
-Ah, si tu savais, fiston, mon premier cri à la naissance, ç'a été une blague.
Un soir que je me retrouvais seul avec Harvey, peu avant le souper, je lui ai demandé: "Hé, French, tu ne trouves pas qu'il a changé le Kid, toi?
-T'entends quoi par là? qu'il a fait, ses yeux plantés dans les miens.
-Tu le trouves toujours comme avant, toi?
-Ben oui, pourquoi?
-J'sais pas trop.
-Si tu sais pas, pourquoi qu'tu demandes? Qu'est-ce qui te trotte dans le ciboulot, hein?
-Rien, j'me pose des questions, c'est tout.
-Mais dis-moi, t'étais où le jour où ils ont distribué les neurones, Doc?
-J'étais devant toi dans la file d'attente, Frenchy, j'ai riposté. "
À voir les gens, il a tenté d'imaginer ce que ça ferait quand on lui passerait la corde au cou. Il n'avait pas prévu de tirer ces cartes-là. Mourir l'arme à la main, ça d'accord, vider le chargeur, éventuellement tuer quelqu'un, sentir la balle qui vous déchire le corps, vous flanque à terre, brutale et puissante à vous couper le souffle, mais vous laisse assez de temps pour partir comme un homme, et peut-être dire à quelqu'un que vous aimiez bien: "Ma foi, l'ami. À la revoyure."
On l'aimait pour tout un tas de raisons. Certains parce qu'ils le craignaient, d'autres parce qu'ils l'admiraient, d'autres encore parce qu'ils le haïssaient. Mais je crois que la plupart étaient attirés par son incroyable bonne fortune. On ne pouvait pas s'empêcher de se demander comment c'était possible d'avoir autant de veine. J'ai entendu des gens dire que ce genre de chance ça n'arrivait qu'une fois tous les cent ans, et que quand ça arrivait, il n'y avait rien qui puisse en infléchir le cours. D'autres disaient qu'il n'y a que les enfants pour être aussi vernis, et c'était les mêmes qui plus tard diraient que le Kid n'était plus un gamin.
Un jour, un type vient me voir pour m'interroger:
"-Doc Baker, c'est bien vous?
-Lui-même."
Il n'avait même pas pris la peine de se présenter.
"Monsieur Baker, qu'il martelait, j'ai vu un index dans une bouteille d'alcool à Phoenix et l'étiquette disait que c'était le doigt du Kid, qu'est-ce que vous dites de ça?
-J'en dis qu'il n'y a que les imbéciles pour croire tout ce que racontent les étiquettes."
De nos jours, à ce qu'on dit, les touristes parcourent des kilomètres jusqu'à la Pointe du Diable pour voir la tombe d'Hendry Jones et débattre si oui ou non ses ossements y sont ; et certains prétendent que son doigt – celui qui pressait la détente – ne s'y trouve pas, et d'autres, que c'est son crâne qui aurait disparu ; certains affirment aussi que sa tombe ne se trouve pas à cet endroit et que ce qu'ils ont sous les yeux n'est rien d'autre qu'un petit tas de coques d'ormeaux. Libre à vous de croire ce que vous voudrez.
En tout cas une chose est sûre, c'est qu'il ne serait jamais plus vieux que demain.