Même si tu te répétais sans cesse que tu n’avais plus rien à perdre, il reste toujours quelque chose à perdre.
Tu as commencé à écrire parce que la photo a son propre langage, et parfois tes images sont superficielles en regard de ce que tu ressens.
p 109
Tu découvriras bientôt que l'amour te cause de l'inquiétude, mais aussi qu'il te rend beau.
p 12
Posons la question: qu’est-ce qui vient en premier, violence ou souffrance ?
Tu te caches tout entier parce que parfois tu oublies que tu n'as rien fait de mal. Parfois tu oublies que tu n'as rien dans les poches. Parfois tu oublies qu'être toi, c'est n'être ni vu ni entendu, ou alors c'est être vu et entendu d'une manière que tu n'as pas voulue. Parfois tu oublies qu'être toi, c'est être un corps noir et pas grand-chose d'autre.
Là-bas, tout le monde est si calme. Ils prennent leur temps.
Ils mangent, ils boivent, ils rigolent. Ils ont une bonne vie. Et je vais te dire un autre truc, il ajoute en te tapotant l'épaule. T'as pas à t'inquiéter d'être ce que tu es, là-bas.
- j’entends bien.
C’est une chose de regarder,c’en est une autre d’être vu.
Quand la police est là, vous perdez vos noms et vous êtes tous suspects.
Vous passez la soirée ensemble à ne rien faire, ce qui est quelque chose, une preuve d’intimité. Ne rien faire avec quelqu’un, c’est lui faire confiance, et faire confiance, c’est aimer.
C’est comme si vous aviez plongé en pleine mer, et que vous aviez refait surface ailleurs. c’est comme si vous aviez formé des attaches pour qu’elles se fracturent, jusqu’au point de rupture. C’est un douleur que tu n’as jamais connue et que tu ne sais pas. nommer. C’est terrifiant. Et pourtant, tu savais dans quoi tu t’engageais. Tu sais qu’aimer c’est à la fois nager et se noyer. Tu sais qu’aimer c’est être entier, partial, une attache, une fracture, un coeur, un os. C’est saigner et guérir. C’est faire partie e ce monde honnête. C’est installer quelqu’un près de ton coeur battant dans l’obscurité absolue de tes entrailles er avoir confiance dans le fait que l’autre te serrera fort. Aimer, c’est faire confiance, c’est avoir foi en l’autre. Comment pourrait-on aimer autrement ? Tub savais dans quoi tu t’engageais, pourtant reprendre le métro et rentrer chez toi sans savoir dans combien de temps tu la reverras c’est terrifiant.
Le barmaid vous regarde, deux idiots très à l’aise qui rigolent, et votre joie la réconforte. Elle sert des doses généreuses, dépasse les limites, et elle vous adresse un signe, un sourire, petite reconnaissance. Tu regardes autour de toi et tu te rappelles qu’être vu, ce n’est pas rien.