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Critique de Latulu


Bellatine et Isaac, bien que frère et soeur, ne se parlent plus depuis longtemps.
La fratrie est pourtant amenée à se réunir lorsque surgit dans leur vie un héritage inattendu, en provenance d'Ukraine et de leur ancêtre : Baba Yaga.
D'abord déconcertés par cette maison emballée dans un container et qui se déplie sous leurs yeux, révélant deux énormes pattes de poulet, Bellatine et Isaac voient très vite l'intérêt que peut leur procurer une maison qui se déplace toute seule. Les voilà prêts à relancer le spectacle itinérant de marionnettes que feu leurs parents avaient monté et qu'eux-mêmes avaient déjà mis en scène.
Un étrange et sinistre personnage entre alors en scène. Ombrelongue semble lui aussi fasciné par la maison et le besoin de la posséder et tandis qu'il se lance à la poursuite de la famille Yaga, il sème derrière lui un cortège de cadavres.

Une bien étrange lecture.
Le récit commence comme un conte, avec un paysage urbain, certes ancré dans notre modernité, mais avec un léger côté décalé. Ainsi, dans le roman, il n'est pas rare de voir des habitations prendre vie aux Etats-Unis, d'ailleurs tout le monde se souvient encore de cette maison devenue amphibie après qu'une inondation ait noyé toute une famille.
La maison Yaga ne détonne donc pas plus que ça, bien qu'elle revête un intérêt certain pour les passants qui semblent plus amusés qu'effrayés.
Le réalisme magique s'invite tout le long de l'histoire, d'abord avec la maison mais aussi avec les étranges facultés dont disposent les enfants Yaga.
Isaac a la possibilité de prendre l'apparence de n'importe quelle personne qu'il croise et Bellatine peut donner vie aux objets inertes même si ce don l'effraye tant qu'elle préfère ne pas l'utiliser mais le dissimuler. Ils représentent à eux deux des mythes bien connus du folklore germanique et juif. le Doppelgänger ou le double d'une personne vivante, et le golem, un être façonné de glaise auquel le nom de Dieu inscrit sur le front peut donner vie.
C'est surtout le nom de Yaga qui donne un côté mystique au récit. La légendaire sorcière porte une figure négative en Ukraine.
Dans le roman, l'autrice va peu à peu nous dévoiler cette légende.
Au fur et à mesure des retrouvailles, Isaac et Bellatine vont ré-apprendre à se connaître et à maîtriser leur don et cette maison qui semble parfois n'en faire qu'à sa tête.
J'ai trouvé la première moitié du roman un peu ennuyeuse par moment. J'avoue un profond désintérêt initial pour l'histoire des jeunes Yaga.
Mais soudain, l'écrite s'emballe et le merveilleux se transforme en fantastique horrifique, puisant dans la réalité des persécutions juives et des pogroms.

Au-delà d'un joli conte où les maisons et les objets s'animent, où la poésie s'exprime dans les retrouvailles entre un frère et une soeur, GennaRose Nethercott puise dans le réalisme magique et un style imagé pour parler du sujet de la haine des hommes envers d'autres hommes et des conséquences terribles qui en découlent.
La Maison aux Pattes de Poulet apparaît ainsi comme un plaidoyer poétique pour la lutte contre la haine sous toutes ses formes.
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