AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,08

sur 74 notes
Le titre m'intriguait, donc j'ai tenté.
Tout ça pour me rendre compte que je ne suis absolument pas réceptive aux contes ( enfin ça je le savais déjà, mais il faut parfois confirmer les choses).

Je n'apprécie pas particulièrement l'écriture que je trouve trop distante.
L'histoire est intéressante lors de certains passages, mais ça manque de régularité. Mon intérêt a plutôt été en dents de scie.

Je ne connais absolument pas le folklore Russe, peut-être est ce également pour cela que je n'ai pas été plus intéressée que cela ?

En tout cas si beaucoup ont apprécié ce conte, je suis complètement passée a côté.
Commenter  J’apprécie          7129
Tout simplement magnifique! Ce roman mérite toute sa hype. Parmi toutes les réécritures modernes de contes et les histoires d'urban fantasy, celle-ci se démarque à la fois par son ambiance, par sa narration, par ses thèmes abordés et par leur traitement, pour un ensemble de très haute qualité.

États-Unis, 2019 : Bellatine et Isaac Yaga, frère et soeur, ne se sont pas vu·es depuis des années. La première a le don de donner vie par ses mains, le second peut « devenir » n'importe qui. L'une refrène son pouvoir qu'elle perçoit comme une malédiction, l'autre l'embrasse au point d'en oublier qui il est sous ses masques. Tout·es deux se retrouveront pour récupérer l'héritage de leur arrière-arrière-grand-mère : une maison intelligente juchée sur des pattes de poulet, et traquée par une étrange créature du nom d'Ombrelongue.

Une des grosses réussites de ce roman, c'est son ambiance. Tradition et modernité se combinent habilement et les folklores anciens et modernes, slaves et américains, se mélangent joyeusement. On retrouve même, par petites touches, quelques éléments classiques de l'horreur sans y basculer (doppelgänger, marionnettes…). le mélange aurait pu être hasardeux mais l'ensemble fonctionne magnifiquement. J'ai eu l'impression de retrouver un peu de Neil Gaiman (Sandman et American Gods notamment), ce qui, franchement, n'est pas pour me déplaire.

Les thématiques aussi peuvent rappeler Gaiman, avec cette célébration des mythes et des histoires, de la puissance qu'ils revêtent, mais surtout, ici, de la vérité qu'ils portent et de l'importance du devoir de mémoire. Bellatine et Isaac, dont la famille est issue d'un tragique passé historique, se retrouvent coupé·es de leur racines, et en souffrent sans comprendre ce qui cause leur souffrance. Tout l'enjeu consistera non seulement à réparer leur relation abîmée, mais aussi à renouer avec leur passé, à le comprendre et à ne plus le laisser sombrer dans l'oubli.

Une histoire envoûtante par tous ses aspects. Coup de coeur!
Commenter  J’apprécie          621
Avec sa superbe couverture, son titre faisant référence à la célèbre maison de la sorcière Baba Yaga et ses très bonnes notes sur la toile, je m'étais dit que La Maison aux pattes de poulet allait être une lecture intéressante et originale. Moi qui étais un peu au désespoir après plusieurs lectures très mitigées, je plaçais pas mal d'espoir dans celle-ci… Vu ma note, vous vous en doutez, cela n'a pas du tout fonctionné.

Les deux premiers chapitres m'ont fait un eu peur. Je me rappelle avoir pensé : Mais qu'est-ce que je fais là ? Et puis j'ai poursuivi. Il y a eu du mieux mais j'ai assez vite déchanté au final. Et j'ai fini le roman parce que je n'aime pas abandonner, et surtout je voulais avoir le fin mot de l'histoire. Cela n'a pas été évident, mais au moins, ma curiosité a été satisfaite.

Le problème est que l'histoire n'a pas su me toucher, bien au contraire. Elle instaure une distance avec le lecteur très rapidement à mon goût. On ne s'attache pas, ni aux personnages, ni à ce qu'il se produit. Tout glisse nous laissant spectateur plutôt qu'acteur. Et pourtant la narration se voulait immersive en nous offrant les points de vue de plusieurs des héros, et en tissant son intrigue sur un événement des plus horribles et douloureux. Mais il n'y a eu aucune étincelle, rien n'a su toucher mes cordes sensibles, et pourtant il est assez facile de m'émouvoir habituellement.

Bellatine et Isaac m'ont aussi laissé de marbre. Un frère et une soeur qui ne se comprennent pas, qui ne communiquent pas et qui transforment leur relation en un affrontement. C'est épuisant psychologiquement parlant. Bellatine est en plus… pas antipathique mais la jeune femme ne fait rien pour être appréciée. Elle se braque pour un rien, ne réfléchit pas deux secondes, s'imagine des choses, se noie dans son apitoiement. Elle n'évolue qu'à la toute fin, et c'est beaucoup trop long pour un personnage de cet acabit. Isaac était un petit peu plus sympathique, mais sa fuite en avant, sa nonchalance, son fardeau, le deuil qu'il ne parvient pas à faire… Trop de drames, trop d'oppression, aucune lueur d'espoir, aucune bouffé d'oxygène. L'impression de se noyer avec les deux héros sans issue possible.

Et en partant de là, il était difficile de poursuivre sereinement. Certes l'intrigue est intéressante, surtout quand on commence à comprendre ce qu'il y a en jeu ainsi que l'événement qui a été l'élément déclencheur. Mais attendre presque 300 pages pour que les choses bougent vraiment, c'est long. Trop long.

Sans surprise La Maison aux pattes de poulet n'aura pas du tout su me convaincre. Il y avait pourtant de quoi me charmer, mais la façon dont l'auteur a mené son histoire et a construit ses personnages n'a pas su résonner en moi.
Commenter  J’apprécie          476
Il était une fois… Eh oui, nous partons pour un conte. Mais pas un récit poussiéreux, digne d'être conservé entre des pages jaunies dans une bibliothèque ensevelie sous des monceaux de vieillerie. Non, une histoire moderne, ancrée aussi bien dans notre présent que dans notre passé, qui plante ses racines aussi bien dans le continent eurasien que dans le continent américain. Êtes-vous prêt à voir le rideau s'ouvrir ? Accessoires est sur le pont, Manoeuvre est prêt. Il était une fois…

Isaac Yaga , vagabond magnifique, traîne ses guêtres d'un bout à l'autre du pays. Il lui faut voyager, laisser de la distance, sans cesse, entre lui et les personnes qu'il a rencontrées, qu'il a imitées, qu'il a escroquées. Car Isaac vit aux dépends de ceux qui l'écoutent. Il dérobe, non sans laisser un petit quelque chose en échange. Car la vie a horreur du vide et il vaut mieux le remplir soi-même si l'on ne veut pas qu'elle le fasse de son côté. Il est le Roi caméléon, capable de reproduire la moindre démarche, la moindre gestuelle, le moindre tic. Il sait, en vous observant, repérer votre façon de vous mouvoir, de vivre, d'être. Alors, il endosse votre peau comme celle de dizaines d'autres et s'invente, pour un temps, une vie. Comédien né, il entre littéralement dans la peau de son personnage.

Bellatine Yaga, habile de ses mains, car ses mains la hantent. Obligée de les utiliser afin que ce ne soit pas elles qui l'utilisent. Bellatine aime travailler de ses doigts, créer. Elle est une artisane reconnue pour son talent. Mais elle préfère la compagnie de quelques-uns, dans des endroits éloignés, à la presse, à la foule. Loin du monde.

Ils sont frère et soeur mais ne se voient plus. Jusqu'à… jusqu'à… jusqu'au point de départ de cette aventure si fascinante et si incroyable, si terrible et si envoûtante. Jusqu'à l'arrivée, de façon horriblement triviale, de leur héritage. Dans un de ces containers si banaux qui traversent par dizaines de milliers les mers et les océans. En sort une maison. Déjà, c'est original. Mais quand on voit cette demeure se dresser sur ses deux pattes, le doute n'est plus permis, nous sommes bien dans le monde sombre et cruel de Baba Yaga.

Et, chacun pour une raison différente, Bellatine et Isaac partent sur la route avec leur maison ambulante. Ils vont tenter de gagner leur vie en faisant revivre le théâtre de marionnettes familial. Celui qui a bercé leur enfance. Celui qu'ils ont l'un et l'autre quitté, chacun pour une raison différente. Mais nécessité fait loi et les voilà mettant en commun leurs talents au profit de spectateurs enchantés. Seulement, l'histoire ne pourrait être complète sans une menace, un ennemi, mystérieux de préférence, sans pitié assurément. Cela tombe bien, un homme étrange à l'accent russe prononcé, apparaît dans leur sillage. Et il s'intéresse fortement à une certaine maison qui avance sur deux pattes. Ses intentions ? Mauvaises, sans hésiter. Il suffit de voir comment il traite ceux qu'il rencontre : une gorgée d'un liquide étrange et les voilà terrassés par leurs craintes les plus noires, leurs peurs les plus tenaces. Forcés, par ce liquide et par l'homme, de suivre leurs pulsions violentes, meurtrières et de combattre des ennemis imaginaires ou non. La haine triomphe. Et elle suit les pas des Yaga. Elle se nomme Ombrelongue.

La Maison aux pattes de poulet a ceci de magique qu'elle mêle avec talent et aisance plusieurs croyances, plusieurs folklores, plusieurs traditions. GennaRose Nethercott parvient à nous plonger aussi bien sur les traces des hobos, glorifiés par nombre d'écrivains et de chanteurs, que dans les replis les plus sombres des contes slaves, noirs et sanglants, dans les ornières tragiques d'une histoire cruelle, nécessairement. le lien entre eux se fait si facilement qu'on ne se pose aucune question. Tout est fluide, coule de source. Oui, il est évident de voir en pleine campagne américaine déambuler une maison perchée sur deux pattes de poulet. Oui, il est normal d'observer un homme capable de mimer à la perfection les gestes des spectateurs, à tel point qu'on ne puisse même imaginer qu'il est quelqu'un d'autre que celui qu'il imite. Oui, il est logique de voir… Non, je m'arrête là et vous laisse découvrir les autres sortilèges mis en places par l'autrice pour notre plus grand bonheur.

Magnifiquement servi par une superbe (encore) couverture d'Anouck Faure, le roman de GennaRose Nethercott a réussi à me séduire d'emblée. Les premières pages sont envoûtantes et la mise en place des personnages très réussie. Et la suite ? Eh bien, elle tient parfaitement ses promesses et offre une histoire qui ne lâche pas ses lecteurices, jusqu'au bout. Alors si vous n'êtes pas sujet au mal de mer, tentez le voyage à bord de cette Maison aux pattes de poulet.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          446
Parcourir le monde des mythes et légendes n'est pas une chose aisée. Surtout lorsque l'on touche à certaines histoires racontées encore et encore et qu'il faut leur trouver quelque chose de neuf pour prolonger leur immortalité. Il faut alors se baisser, étudier patiemment le chemin parcouru et comprendre pourquoi le conte, le mythe, l'histoire existe.
L'américaine GennaRose Nethercott n'a pas choisi Baba Yaga au hasard, elle qui a fondé dans le réel la « Traveling Poetry Emporium », une équipe de poètes à louer. Elle sait à quel point les mots ont une importance et qu'une fois mis bout à bout, ces mots racontent des histoires, des vies, des drames.
C'est ainsi qu'arrive dans nos contrées son roman fantastique La Maison aux pattes de poulet chez Albin Michel Imaginaire, traduit de main de maître par Anne-Sylvie Homassel et sublimement illustrée par Anouck Faure. Une arrivée qui devrait faire bouger les murs, et peut-être même réveiller certains fantômes…

Il était une fois…
Les contes, oui, les contes. Ils nous bercent depuis tout petit, ils nous tiennent par la main dans le noir et, comment peut-on les oublier ?
Isaac et Bellatine sont frère et soeur, eux-mêmes enfants de contes, racontés par leur mère, leur grand-mère, leur arrière-grand-mère…
Chacun à leur façon, dans cette Amérique si loin du Vieux Continent et de leur Ukraine natale, ont quelque chose à fuir ou à cacher.
Pas un conte mais une réalité, qui s'est muée en autre chose.
Tous deux ont des pouvoirs.
Isaac peut imiter à la perfection les gens qu'ils croisent et littéralement devenir eux, un Doppelgänger en puissance le long des rails.
Bellatine a des mains uniques, qui embrasent, qui redonnent la vie et réveillent, mais ces mains lui semblent maudites, ses mains animent ce qui ne devrait plus l'être, même la pierre.
Un jour, alors que tout les sépare, la distance comme l'existence, ils se retrouvent héritiers. Leur grand-mère leur a légué un bien étrange cadeau : une maison avec des pattes de poulet !
Cette maison, dès le premier regard, dès la première porte ouverte, leur semble la leur, un apaisement et un bouleversement en même temps.
Cette maison qui bouge, qui vit, qui obéit, qui court, qui fuit.
Comme eux.
Dans son sillage, elle amène autre chose, un être plus pernicieux, un autre vilain conte qu'il murmure à l'oreille de ceux qu'il rencontre pour les pousser à la violence, à la mort, au massacre.
Ombrelongue est son nom.
Croisant la route d'un groupe de musiciens bien décidé à s'opposer à lui, les deux Yaga vont comprendre, petit à petit, histoire avouée par histoire avouée, qu'ils ne faut jamais oublier.
GennaRose Nethercott reprend un mythe venu de l'Est, celui de la sorcière Baba Yaga et de sa maison affublée de pattes de poulet, pour attraper notre présent et en faire quelque chose d'intemporel.
C'est avec poésie et subtilité, intelligence et perspicacité, que le lecteur rassemble les morceaux du puzzle.

Famille perdue
Au centre se trouve cette fabuleuse maison. Dans un monde où l'on a déjà vu à maintes reprises les habitations prendre vie et se transformer.
On parle d'habitations avec des branchies ou des yeux, des maisons qui respirent et qui voient. Mais celle-ci a quelque chose d'autre en elle, un passé lourd et terrible. Un passé qu'elle vient partager avec Isaac et Bellatine qui fuient chacun à leur façon, le premier sur les routes, la seconde dans la sculpture. Elle est un catalyseur, un révélateur fabuleux qui permet d'ouvrir grand les portes.
Deux personnes nous guident en plus de la maison elle-même, c'est bien évidemment Isaac et Bellatine, deux êtres blessés, qui ont peur de qui ils sont, de ce qu'ils pourraient devenir. La Maison aux pattes de poulet est un roman sur l'identité, sur soi, sur l'acceptation de ses dons, de ses malédictions, de son chagrin, de ses forces, de ses faiblesses, de ses envies, de ses souvenirs. Nous suivons deux personnages rongés par une peur si vieille qu'ils ne savent même plus d'où elle vient en vérité.
C'est cette terreur insidieuse qui les a séparé, qui a mis leur amour de côté et la maison va leur rappeler l'importance d'être ensemble.
Mais entre deux, GennaRose Nethercott intercale les récits propres de la Maison, comme un véritable personnage, narratrice joueuse qui sait les contes et leur utilité, peu importe la duplicité et le mensonge tant qu'on décèle derrière des bouts de vérités.
Décidant à arpenter le pays dans cette maison bien étrange, les deux comparses rejouent une vieille pièce de théâtre avec des marionnettes.
Un Idiot qui se noie, qui raconte des blagues, trop de blagues.
Une série de paraboles, de métaphores, d'histoires, encore et encore.
Pour GennaRose tout est histoire. le fantastique jusqu'à bout des pattes.

Se souvenir pour exister
Pourtant, comme toute bonne histoire, celle-ci a besoin d'un méchant, d'un adversaire. Ce sera le rôle d'Ombrelongue, insaisissable et insatiable.
À première vue, un Russe venu pour répandre la confusion, la crainte et fausser le réel. Toute ressemblance avec le réel, les réseaux sociaux, les élections, oui, tout cela n'est que fortuit.
Mais Ombrelongue, comme tout le monde, a son rôle à jouer, aussi sinistre soit-il, comme un vilain croquemitaine, un fantôme des Noël passés.
Son pouvoir asservi, corrompt, écrase. Comme tout pouvoir dès que l'on s'y abreuve, dans une fiole qui sent le foin brûlé comme à travers les racontars de dangers fantasmés à votre oreille.
Passionnante dans sa façon d'alterner les points de vue, La Maison aux pattes de poulet séduit également par sa prose pleine de poésie, changeant en intensité selon votre narrateur.
Et qui a-t-il de plus poétique qu'une vieille maison qui vous raconte son histoire encore et encore ?
Peut-être un petit village qui ne veut pas mourir ?
Peut-être un Idiot qui veut raconter une dernière blague pour vous faire sourire avant de se noyer ?
Peut-être un chat noir qui ne vous lâche pas, jamais, pour éponger votre fardeau ?
Tout entier, ce récit repose sur le souvenir. C'est la mémoire que convoque GennaRose Nethercott, celui du peuple juif, qui va déverser ici ses mythes et superstitions pour revivre l'espace d'un récit cruel.
Pogrom. Flammes dansantes.
L'autrice convoque l'atrocité pour ressusciter les victimes, elle offre au lecteur un récit sur la peur pour la vaincre, pour l'affronter.
Elle invente un monde qui n'existe pas pour dépeindre le nôtre, où les maisons ne fuient pas l'horreur mais où elles portent en elle une mémoire silencieuse. La Maison aux pattes de poulet est un livre dur et fort, qui n'hésite pas dans le drame, qui ne donne pas d'avertissement avant de vous jeter à terre, parce que le monde n'en donne jamais en vérité.
Même quand on pense qu'une telle terreur ne pourra jamais advenir.
Au final, c'est la force de l'esprit, celui qui affronte le passé pour éviter au présent de faire des boucles, qui permet de se libérer et d'être qui l'on est.
L'identité comme un fardeau n'est plus, elle est une révélation, une torche brûlante éteinte à pleines mains pour rayonner à travers la chair. Enfin.

Émouvant, dur et particulièrement addictif, le roman de GennaRose Nethercott est un fabuleux conte sur la puissance des contes, le genre d'histoire qui survit longtemps une fois la dernière page tournée. La Maison aux pattes de poulet vous emmène loin, sur les terres de la mémoire, et vous survivrez pour raconter.
Racontez des histoires, oui, continuez.
Toujours.
Lien : https://justaword.fr/la-mais..
Commenter  J’apprécie          363
Voilà une histoire qui semble de prime abord bien farfelue, GennaRose Nethercott va pourtant rapidement vous faire croire à La Maison aux pattes de poulet.

Derrière la magnifique couverture signée Anouck Faure se cache un non moins merveilleux texte qui jongle avec brio avec différents genres de l'Imaginaire, alliant modernité et respect du passé.

520 pages d'une aventure littéraire atypique, qui est autant un voyage dans l'imagination qu'une virée dans l'âme des Hommes.

« Les contes, on ne les oublie pas ; ils se contorsionnent et se pelotonnent autour du coeur jusqu'à y être tranquillement logés. Ils sont fluides, changeant, ils peuvent s'adapter à toutes les circonstances qu'ils traversent. Ils changent dans la bouche des conteurs et se font au contour des oreilles des auditeurs. Les faits peuvent différer (les lieux, la couleur du manteau d'Untel, les espèces qui fleurissent dans un petit jardin circulaire) mais leur noyau reste le même. Ainsi survivent-ils. S'assimilent-ils. Et avec eux le souvenir ».

Voici une citation tirée du livre qui dit beaucoup sur ce texte, sur le socle sur lequel il repose, sur la manière dont il est construit, sur ce qu'il véhicule. C'est en effet un conte qui raconte un conte. Comme souvent, une part de vérité y est bien présente, et sa force marque durablement l'esprit du lecteur.

GennaRose Nethercott a un don pour nous faire croire à l'impensable, pour que vite on se sente comme chez soi auprès de cette maison étrange. Dans un monde proche du nôtre, sauf qu'il a certaines particularités, comme ces objets qui prennent en partie vie, comme ces pouvoirs aux mains de certains.

Le récit navigue entre fantastique et fantasy, un réalisme magique qui trouve ses racines dans une période sombre de l'humanité, entre Ukraine et Russie, pour reprendre vie au fond des États-Unis.

La magie va se répandre au travers des personnages, principalement une soeur et un frère qui se sont perdus de vue et qui se retrouvent. le passé qui resurgit, une graine qui éclot tout au long de l'histoire.

Isaac vit en marge, dans le monde des laissés-pour-compte américains, ayant fui volontairement sa famille. Il a un don particulier, celui du mimétisme. Un vrai caméléon, capable en quelques secondes de « voler » les tics et attitudes d'une personne, pour se fondre dans son costume virtuel.

Bellatine vit son propre pouvoir comme une malédiction. L'empêchant de toucher les choses, lors de « crises », au risque de les rendre vivantes.

Un frère extraverti, champion de l'esquive (et de la fuite), une soeur responsable mais refermée sur elle-même. de caractères opposés qui vont devoir combiner, se retrouver.

Au milieu, un héritage de leur grand-mère ukrainienne. Aucune somme sonnante et trébuchante, mais une maison sur pieds et qui marche, qui court aussi. Qu'il va falloir apprivoiser, restaurer, sauver. Une demeure qui vit, et dont une étrange entité veut la mort.

GennaRose Nethercott fait preuve d'une imagination débordante, mais cherche toujours à rendre son histoire plausible, même quand elle plonge dans le fantastique pur et dur. C'est emballant, parce que son récit et ses personnages respirent de vie, vibrent d'émotions. C'est ludique au possible, mais également sombre.

Un récit prenant, à plusieurs couches. A éplucher au fil des pages, parce que derrière la fantaisie se cache un propos fort, dur, la persécution des juifs. Un sujet caché dans le folklore et enrobé dans la modernité, que l'autrice va peu à peu faire surgir.

Car le roman, de manière imagée, est une affaire d'héritage et de ce qu'on en fait, de devoir de mémoire. Avec un message final qui porte, qui frappe, à travers un chapitre bien précis d'une puissance rare.

Par la grâce d'une écriture virevoltante, l'écrivaine nous emporte dans cette intrigue pleine de péripétie. Malgré quelques petites longueurs à mon sens, c'est souvent irrésistible.

La plume y est pour beaucoup, à la fois accessible et joliment poétique. A avoir envie de noter et surligner nombre de phrases. L'ambiance gothique joue également, formidablement composée, pour parfaire ce spectacle dans sa forme comme dans le fond.

Venez à la rencontre de la Maison aux pattes de poulet, une fois apprivoisée elle vous ouvrira grand ses portes. GennaRose Nethercott est un peu magicienne, ses mots vont vous emprisonner dans son univers pour vous toucher au coeur.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
Commenter  J’apprécie          350
Comment résister à un roman avec ce titre et cette couverture ?

États-Unis, de nos jours. Bellatine et son frère Isaac reçoivent un étrange héritage : une maison aux pattes de poulet, léguée par une aïeule d'Ukraine.

La maison réagit à son environnement, marche, prend peur et court… de quoi a-t-elle peur ?

Pas loin de là, Ombrelongue, mystérieux personnage venant de Russie, pourchasse la maison que le frère et la soeur ont surnommée Pied-de-Chardon. Pendant son périple, Ombrelongue sympathise avec des inconnus au hasard des rencontres, leur propose de partager un verre du flacon qu'il garde sur lui… alcool qui est un poison. Les malheureux, pendant quelques heures, sont sous l'emprise d'une fumée maléfique et cherchent à éliminer ceux dont ils ont peur ou qu'ils envient. La peur, encore une fois.

L'univers qu'a imaginé l'auteure (qui est aussi une poétesse, et le texte le démontre souvent) est à la fois l'Amérique si familière qu'on connaît, et un monde accueillant le merveilleux. Les maisons peuvent « vivre » pour survivre (après l'ouragan Katrina, celles de la Nouvelle-Orléans ont développé des branchies). Donc Pied-de-Chardon ne détonne pas dans ce paysage.

Revenons à Bellatine et Isaac. Héritiers d'une famille de marionnettistes, ils se sont tous deux éloignés de leurs parents. Isaac est un homme pas fiable, roublard, enjôleur, et qui arrive à imiter à la perfection ceux qu'il rencontre, à devenir eux. Il en profite pour dérober leur portefeuille, avant de partir à nouveau sur les routes. Bellatine, elle, est la jeune soeur plus posée et plus stable. Elle a un don avec ses mains. Devenue menuisière, elle aime créer avec ces mains-là. Mais son don vient de plus loin, et provoque l'Embrasement… Elle peut animer des objets. Bella rejette son pouvoir, qu'elle vit comme une malédiction, et le lecteur comprendra rapidement pourquoi.

Et maintenant, d'où vient la maison Pied-de-Chardon, mi-maison mi-animal, si sensible ? Pendant quelques courts chapitres parsemés dans le roman, la maison s'adresse aux lecteurs. Elle nous raconte son histoire, choisit les versions qui lui plaisent, et nous parle de sa première propriétaire, l'ancêtre de Bellatine et Isaac : Baba Yaga et ses deux filles. Nous voilà projetés dans les contes slaves, avec la sorcière Baba Yaga et sa maison aux pattes de poulet. Une des idées de génie de l'auteure est d'avoir fait de Baba Yaga une femme vivant en Ukraine dans une communauté juive entourée de goys, après la Première Guerre mondiale. La vie y est encore paysanne, les contes sont la réalité pour la maison qui nous relate ses souvenirs, et peu à peu on comprend que la tragédie de l'histoire va frapper ce shtetl (village juif).

Bellatine — très attachée à la maison — et Isaac vont vivre une course poursuite à travers les États-Unis, dans une ambiance mi-féérique mi-polar, fuyant Ombrelongue, ce démon du passé. Un autre point fort est les personnages : j'ai beaucoup aimé Isaac, qui pourtant n'a que des défauts ; Bellatine est son miroir ; Ombrelongue est un bon modèle de monstre terrifiant ; et Winnie (que je vous laisse découvrir) est l'équivalent du robot s'éveillant à la conscience et à l'humanité. Sans oublier la maison, bien sûr. Quelques autres thèmes typiques de l'imaginaire sont habillement repris, comme l'importance des noms dont il faut se souvenir, ou les héritages de pouvoirs qu'on accepte ou qu'on rejette.

La tension monte crescendo, et il y aurait beaucoup à dire sur la suite du roman, mais je ne veux pas vous gâcher le plaisir de la découverte. Sachez seulement que j'ai plongé dans l'histoire, et j'ai été parfois très touchée.

Ce livre qui possède une puissance inattendue, puisant dans le folklore traditionnel pour le renouveler. L'auteure n'a pas oublié que les contes servent aussi, et surtout, à transmettre une morale.

Plus que le devoir de mémoire, c'est ici à un besoin de mémoire que nous sommes invités, mais une mémoire à dépasser pour trouver sa voie. Une histoire poétique, où le merveilleux s'oppose au tragique, et où le passé dont on hérite donne les clefs pour affronter le présent.

Un excellent roman pour ce début d'année : original, poétique, puissant, marquant.

Lien : https://feygirl.home.blog/20..
Commenter  J’apprécie          284
Moi qui adore le folklore Russe, je ne pouvais qu'être attirée par cette fameuse maison aux pattes de poulet qui est celle de Baba Yaga.

Alors oui, on parle bien de la maison de Baba Yaga, mais le conte est revisité, transposé dans notre monde, celui des nouvelles technologies et l'histoire se déroulera aux États-Unis.

Il était une fois, un dépoussiérage de conte, une histoire toute nouvelle, réinventée, et ce, de manière intelligente et addictive, portée par des personnages que l'on se prend à apprécier, à connaître et une maison qui ne m'a pas laissée indifférente.

Le fantastique est omniprésent, notamment avec Isaac Yaga, un vagabond du rail, un véritable roi caméléon, capable de prendre l'apparence qu'il veut, la copiant de personnes qu'il croise. Sa soeur, Bellatine, dite Belette, a, quant à elle, un pouvoir dans ses mains, pouvoir qu'elle déteste et dont elle aimerait se défaire.

Comment dépoussiérer un conte, comment le transposer au pays de l'Oncle Sam, comment le rendre attractif, comment faire en sorte que ça fonctionne et que rien ne vienne gripper la machine (ou les pattes de poulet) ?

Eh bien, ce devait être tout simple, puisque l'autrice y est parvenue avec brio (avec qui ?). Non, le travail n'était pas simple, il fallait que la sauce prenne et surtout, trouver la recette de la sauce pour que le plat ne soit pas indigeste, mal équilibré ou tout simplement fadasse !

Je n'ai rien à redire sur sa manière de nous présenter son récit, car c'était brillant, amusant, intéressant, intriguant, avec des tensions, des moments plus calmes, des mystères, un Méchant bien trouvé et des retours dans le passé, avec un narrateur mystérieux, lors de certains chapitres, dont nous comprendrons vite qui iel est.

Ah, j'allais oublier des personnages bien troussés, avec des failles et des qualités, et une partie du contexte historique de la Russie en 1919. Guère brillant, le comportement des êtres humains et je n'oserais pas dire que ça n'arrivera plus jamais.

Le petit truc en plus, l'ancrage du conte dans nos sociétés, c'est au sujet du Méchant, qui, telles certaines personnes mal intentionnées, avides de pouvoir, de récupération, jouent sur les peurs des gens pour les pousser à commettre l'impensable, à faire naître une meute, dont le moteur est la haine, la recherche d'un bouc émissaire, bref, comme l'Homme a toujours fait et fait toujours.

Alors oui, c'est un roman de fantastique réussi, avec de la profondeur dans son scénario et ses personnages. L'autrice n'a pas écrit un récit rempli d'adrénaline, mais un récit qu'on lit sans s'en rendre compte, transporté ailleurs, dans une maison qui se meut toute seule et dans un univers fantasmagorique des plus intéressants.
Commenter  J’apprécie          250
Bellatine et Isaac, bien que frère et soeur, ne se parlent plus depuis longtemps.
La fratrie est pourtant amenée à se réunir lorsque surgit dans leur vie un héritage inattendu, en provenance d'Ukraine et de leur ancêtre : Baba Yaga.
D'abord déconcertés par cette maison emballée dans un container et qui se déplie sous leurs yeux, révélant deux énormes pattes de poulet, Bellatine et Isaac voient très vite l'intérêt que peut leur procurer une maison qui se déplace toute seule. Les voilà prêts à relancer le spectacle itinérant de marionnettes que feu leurs parents avaient monté et qu'eux-mêmes avaient déjà mis en scène.
Un étrange et sinistre personnage entre alors en scène. Ombrelongue semble lui aussi fasciné par la maison et le besoin de la posséder et tandis qu'il se lance à la poursuite de la famille Yaga, il sème derrière lui un cortège de cadavres.

Une bien étrange lecture.
Le récit commence comme un conte, avec un paysage urbain, certes ancré dans notre modernité, mais avec un léger côté décalé. Ainsi, dans le roman, il n'est pas rare de voir des habitations prendre vie aux Etats-Unis, d'ailleurs tout le monde se souvient encore de cette maison devenue amphibie après qu'une inondation ait noyé toute une famille.
La maison Yaga ne détonne donc pas plus que ça, bien qu'elle revête un intérêt certain pour les passants qui semblent plus amusés qu'effrayés.
Le réalisme magique s'invite tout le long de l'histoire, d'abord avec la maison mais aussi avec les étranges facultés dont disposent les enfants Yaga.
Isaac a la possibilité de prendre l'apparence de n'importe quelle personne qu'il croise et Bellatine peut donner vie aux objets inertes même si ce don l'effraye tant qu'elle préfère ne pas l'utiliser mais le dissimuler. Ils représentent à eux deux des mythes bien connus du folklore germanique et juif. le Doppelgänger ou le double d'une personne vivante, et le golem, un être façonné de glaise auquel le nom de Dieu inscrit sur le front peut donner vie.
C'est surtout le nom de Yaga qui donne un côté mystique au récit. La légendaire sorcière porte une figure négative en Ukraine.
Dans le roman, l'autrice va peu à peu nous dévoiler cette légende.
Au fur et à mesure des retrouvailles, Isaac et Bellatine vont ré-apprendre à se connaître et à maîtriser leur don et cette maison qui semble parfois n'en faire qu'à sa tête.
J'ai trouvé la première moitié du roman un peu ennuyeuse par moment. J'avoue un profond désintérêt initial pour l'histoire des jeunes Yaga.
Mais soudain, l'écrite s'emballe et le merveilleux se transforme en fantastique horrifique, puisant dans la réalité des persécutions juives et des pogroms.

Au-delà d'un joli conte où les maisons et les objets s'animent, où la poésie s'exprime dans les retrouvailles entre un frère et une soeur, GennaRose Nethercott puise dans le réalisme magique et un style imagé pour parler du sujet de la haine des hommes envers d'autres hommes et des conséquences terribles qui en découlent.
La Maison aux Pattes de Poulet apparaît ainsi comme un plaidoyer poétique pour la lutte contre la haine sous toutes ses formes.
Commenter  J’apprécie          253
La Maison aux pattes de poulet !

Voici un titre de livre qui m'a interpellé. GennaRose Nethercott pour son premier roman c'est inspiré du mythe de Baba Yaga, personnage présent dans le folklore des contes slaves.

Le récit commence avec la présentation de nos deux personnages principaux Bellantine et Isaac Yaga. Ils sont frère et soeur, ont chacun un don et ils sont les descendants de Baba Yaga. Ils héritent d'une étrange maison mais également de son passé…

J'ai apprécié comment l'auteure a construit son roman. Elle entremêle différentes histoires avec habilité en passant du passé au présent. Au-delà du conte fantastique, il y ait aussi question de la persécution des juifs de l'empire soviétique pendant l'entre-deux-guerres.

Si je devais faire une analogie, je dirais que le style ressemble à un mélange de Tim Burton pour l'imaginaire et de Anthony Doerr pour l'écriture.

J'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire, un coup de coeur. Pour un premier roman, c'est une réussite et je lirai avec un immense plaisir les prochains livres de GennaRose Nethercott.
Commenter  J’apprécie          2421



Lecteurs (484) Voir plus



Quiz Voir plus

La fantasy pour les nuls

Tolkien, le seigneur des ....

anneaux
agneaux
mouches

9 questions
2499 lecteurs ont répondu
Thèmes : fantasy , sfff , heroic fantasyCréer un quiz sur ce livre

{* *}