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Critique de nobodyisperfect



Ce livre décrit les dessous de quêtes identitaires - conscientes ou non - de quatre amis, jeunes de 20 ans, originaires de Haïfa et vivant "dans les larges avenues de Tel-Aviv [...] comme autant d'impasses".

Le point de départ est un jeu anodin où chacun formule ce qu'il voudrait avoir accompli d'ici quatre années, c'est-à-dire au prochain Mondial de foot où ils se liront leurs souhaits qu'ils se tiennent secrets.

De désillusions en déceptions, les réalités de chacun prennent des formes aussi aléatoires que seule la vie peut leur donner. Après les étapes des études ou de l'armée, s'ouvre le grand vide où chacun à sa manière se perd. "Les années de plâtre" où la vie de chacun se modèle, les années de "mélasse de doutes".

D'un voyage en Amérique latine entre Youval et Churchill, Ofir embauché dans une agence de pub où grimper les échelons finira par le briser, Amihai attendant ses jumeaux de "Llana la pleureuse" au chagrin d'amour pour Yaara qui servira de boussole pendant des années, on suit leurs dissimulations, leurs allures et leurs vérités.

Cette jeunesse aux prises d'un destin si particulier, menant l'Intifada sans fierté dans les rues de Naplouse, Jabalya ou Rafiah où les hommes ne sont plus des êtres humains mais des Juifs et des Arabes, des occupants "face à des occupés", "un lanceur de pierres face à sa cible".

Entrelacés d'extraits de la thèse inachevée en philosophie - "Métamorphose. Les penseurs ayant changé de doctrine" - où Youval explore en vain le champ infini des questions sans réponse, la narration pourrait se résumer à ces mots écrits dans une lettre de Youval à Churchill : "Je ne sais plus ce qui se trouve derrière le mot "Moi" ".

Ce livre fait sans doute la synthèse entre "l'école américaine tournée vers le futur et l'école européenne enracinée, grosse modo, dans le passé." - sujet d'un article que Youval se retrouve à traduire. Et la question "D'où vient-il?" - d'une enfance sans oxygène où "même la reine Elizabeth, dont une gravure trônait au salon, semblait vouloir échapper à son cadre et s'enfuir en Angleterre" - est autant posée, évoquée, brossée que la question " où cet homme veut-il arriver ?" - et dont l'unique réponse est d'être un "wagon [...] encore bloqué à quai".

Les circonstances finales tragiques bouclent la boucle d'une mise en abîme d'écriture et scelle autant l'absence de réponse que le rôle du hasard dans la définition de nous-même ou de ce qui se révèle être nos socles de vie.





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