Citations sur Anno Dracula : Le Baron rouge sang (17)
En Russie, Dracula avait donné le baiser des Ténèbres aux Romanov dont le sang trop faible avait provoqué des métamorphoses désastreuses dans la famille. Raspoutine avait alors commencé son ascension vers le pouvoir en affirmant que seule la sorcellerie pourrait apaiser la Iycanthropie débridée qui affligeait le pauvre tsarévitch.
- Quand je me suis engagé, c'était pour m'éloigner un peu du monde poétique. Paradoxalement, la guerre menée par le Sud pour son indépendance était une guerre de poètes, de rêveurs et d'idéalistes opposés aux puritains et aux patrons d'usine. Tout comme cette guerre est une guerre de poètes. (Poe)
L'affirmation étonna quelque peu Kretshmar-Schuldorff, qui ne le cacha pas.
- Nous combattons pour l'avenir, Théo. Graf von Dracula incarne la gloire du passé, mais il ne se laisse pas aveugler par elle. Sous sa férule, le monde changera. Etre un vampire représente l'essence même de la modernité.
- Vous êtes un patriote d'une rare qualité, commenta l'Allemand.
La moindre contrariété mettait l'aimable Hanns Heinz Ewers dans des fureurs quelque peu disproportionnées. Tout comme était exagérée l'opinion qu'il avait de sa propre importance, de même sa rancoeur envers ceux qu'il accusait de négliger cette importance atteignait des extrêmes assez ridicules. S'il avait souscrit aux théories de Sigmund Freud, Poe aurait été obligé de déduire de cette attitude qu'Ewers souffrait d'une atrophie marquée du pénis.
- Il n'y a rien de mauvais en Angleterre que l'empalement du Premier Ministre ne résoudrait. (Kate)
- Maintenant vous parlez comme Vlad Tepes.(Charles Beauregard)
- Un autre gentleman qui s'améliorerait beaucoup au contact d'un pieu d'aubépine.
Ruthven contempla ses conseillers en se tapotant une incisive de l'index. Tout dans son attitude tendait à prouver une intense réflexion.
- Smith-Cumming, dit-il enfin, que pouvez-vous nous dire au sujet de votre vieil ami Graf von Dracula ?
Le maître-espion consulta un calepin où il consignait toutes les informations sensibles dans un cryptogramme connu de lui seul.
- On l'a vu à Berlin. Il doit rencontrer les bolcheviks le mois prochain, à Brest-Litovsk. Nous pensons que les Russes vont confirmer leur retrait du conflit.
- Dommage. J'ai toujours estimé que nous devions défendre l'Empire Britannique jusqu'à la dernière goutte de sang russe.
L'Aîné dérivait doucement vers le second tan. Il devait être très ancien pour posséder une telle maîtrise de son apparence physique. Plus vieux que Dracula ou Geneviève. Prémédiéval. Peut-être préchrétien. Un être terrifiant qui s'était caché au sein de l'humanité pendant des éons. Il avait dû avoir des noms innombrables.
Le lance-flammes releva son tir et cracha un autre jet incandescent qui toucha l'Aîné en pleine poitrine. Il brûla comme un papillon. Des siècles de vie furent anéantis en une fraction de seconde, réduits à néant par une création de la modernité brutale.
Les deux scientifiques parlaient de lui comme d'un cadavre promis à la dissection. Stalhein était habitué à ce traitement. Par devoir envers le Kaiser, il acceptait d'endurer de tels examens. Aucun pilote du JG-1 n'en était exempté, pas même le baron.
Ten Brincken annonça la fin de la séance en éteignant les lampes éclairant la table. Stalhein se leva. Devant la vivacité de ses mouvements, Caligari eut un geste de recul et parut rapetisser dans son habit élimé. Stalhein se rhabilla, enfila sa culotte d'aviateur, ses bottes et passé une chemise propre. Soudain mielleux comme un valet, Ten Brincken lui tendit sa vareuse. Le vampire la mit et la boutonna jusqu'au col.
- Bien, Lieutenant, susurra Ten Brincken. Parfait.
Nu, Stalhein était un sujet d'étude. En uniforme, il prenait des allures de prince démon.
Pour un chasseur , se retrouver enfermé entre quatre murs ressemblait à un enterrement prématuré.
A une demi-douzaine de kilomètres du front, les tirs de l'artillerie lourde se fondaient en un grondement continu. Des plaques de neiges luisaient doucement sur la route enténébrée. Les derniers flocons étaient tombés plusieurs jours auparavant. Emmitouflé dans son trench-coat et une couverture écossaise, le lieutenant Edwin Winthrop endurait stoïquement le vent qui giflait son visage. Il se demandait si les pointes de sa moustache gelée n'allait pas casser comme du verre. Au volant de la Daimler décapotée - ce qui n'était guère adapté à cette nuit glaciale de l'hiver français -, le sergent Dravor montrait une indifférence totale au mauvais temps, mais rien n'échappait à son regard nyctalope.
Il allait atteindre ce merveilleux manche à balai et ramener le zinc à Maranique. Ensuite il épouserait la douce Catriona, deviendrait un foutu vampire, retournerait sur les terres du Hun pour massacrer ce monstre à ailes de chauve-souris qui avait eu Courtney, et il boirait le sang puant du Kaiser dans une coupe faite avec le crâne évidé de ce fumier de Graf von Dracula.