Jeune vierge, sais-tu seulement qui tu es? Tu es une main d'albâtre tendue dans une maison putride et pleine de mouches. Tu es une amphore dont mon pouce bénit le col. Tu es une grenade encore intact. Tu es un coquillage résonnant du bruit des temps futurs. Tu es un bourgeon qui s'épanouira le moment venu. Tu es une barque de pétales de rose voguant sur l'océan déchaîné. Tu es une pêche qui saigne d'une sève pourpre...
Bonne nuit, mon bel enchanteur,
Entends ta chère fée qui pleure.
Entends ses sanglots sans espoir.
La nuit lui tisse un voile noir.
Bonne nuit, ma chère fée blonde.
Bonne nuit et fais de beaux songes.
Lorsque tu seras réveillée,
Ne va pas trahir ton secret.
J’ai écrit ce livre parce que j’ai l’amour du mystère qui est à la base des vieux contes, des superstitions et de tels livres romantiques, composés en caractères gothiques, qui m’ont fait parfois des clins d’oeils sans consentir à me livrer leur contenu.
- Une semaine déjà, dit la jeune fille. Car nous sommes vendredi, n’est-ce pas ?
- Que représente donc le temps ici, au cœur de la nature millénaire ? répondit le garçon.
- Sorcière ! grommela le missionnaire lorsqu’ils furent enfin dans la rue, hors de danger.
Elle rit encore pour toute réponse, heureuse d’être débarrassée de ce poltron qui, une fois tiré d’affaire, serait bien allé jusqu’à la menacer d’Inquisition.
- Vous aviez bien dit que vous me donneriez tous ce que je voudrais si, pour huit jours, je faisais de vous une jeune femme ?
- Je suis prête à tous les sacrifices pour une semaine de volupté.
Valérie comprenait de moins en moins de quoi il était question. Il fallait que la volupté fût une bien grande merveille pour qu’une femme aussi austère comme l’était sa grand-mère la quémande d’une manière si indigne…