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Critique de JIEMDE


Un livre surprenant, bluffant, d'une incroyable maîtrise et sensibilité.

Acheté par hasard, je m'attendais comme souvent chez Sonatine à un bon polar bien ficelé, conforté en cela par l'accroche de 4e de couverture : Lydia Lee, seize ans, est morte. Mais sa famille ne le sait pas encore... Mais il n'en est rien, et au final c'est tant mieux. Car Tout ce qu'on ne s'est jamais dit est bien plus (mieux ?) qu'un polar.

Cela aurait pu être une histoire classique de famille américaine : mariage mixte, 3 enfants, vie paisible, ambitions sociales, école de la réussite... mais l'histoire ne s'écrira jamais comme cela.

A cause des parents bien sûr, eux-mêmes marqués par le poids de leur passé. Lui, James, luttant contre la différence qui lui colle à la peau depuis sa naissance, asiatique au pays de yankees. Elle, Marylin, conditionnée par sa mère pour une vie de bonne mère de famille américaine qu'elle n'aura de cesse de vouloir fuir pour réussir dans un "métier d'hommes", avant de renoncer à deux pas du but. Tout cela donne des vies bien rangées, mais tellement frustrées. Alors forcément, quand l'enfant paraît, le report est dévastateur.

Il se fera sur Lydia, enfermée dans l'emprise infernale de Marylin, aveuglée par un transfert destructeur. Et qui finira par la détruire... L'aîné, Nathan, connaîtra l'indifférence, celle qui naît chez celui pour qui tout semble bien aller, qui parle mais que l'on n'entend pas, parce qu'on ne l'écoute plus. Et qui comprendra vite que son salut ne viendra que de la fuite. Et puis il y a Hannah, la petite dernière, qui traverse le livre comme un fantôme que tout le monde ignore, comme une invitée de cette famille, qu'on tolère à la table en oubliant parfois qu'elle y a pourtant sa place.

Ente parents et enfants, tout n'est qu'incompréhensions, frustrations, maladresses et ressentiments. La plupart du temps cachés, inexprimés, mais qui peu à peu forment les couches successives d'un drame qui ne demande qu'à arriver.

Pour retarder ce drame, il y a l'espoir des relations entre la fratrie, et le lien si fort qui unit Lydia à Nathan. Si fort. Trop fort ? Et qui lui aussi se remplit peu à peu de non dits...

Le livre de Céleste Ng est incroyablement maîtrisé dans la montée en puissance de l'émotion qu'il procure au fur et à mesure que ce qui ne s'est jamais dit se dévoile. Alternant les époques sans jamais perdre son lecteur, positionnant successivement le lecteur à la place de chaque protagoniste, le faux rythme lent du livre l'amène crescendo au dénouement, qui n'a finalement plus vraiment d'importance. L'essentiel est avant.

L'écriture est remarquable - Bravo pour la traduction qui a su conserver la sensibilité et l'émotion - et le livre mérite tout le succès qu'il recueille actuellement.
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