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EAN : 9782355843679
288 pages
Sonatine (03/03/2016)
3.82/5   814 notes
Résumé :
Lydia Lee, seize ans, est morte. Mais sa famille l'ignore encore… Élève modèle, ses parents ont placé en elle tous leurs espoirs. Sa mère, Marylin, femme au foyer, rêve que sa fille fasse les études de médecine qu'elle n'a pas pu accomplir. Son père, James, professeur d'université d'origine chinoise, a tant souffert de sa différence qu'il a hâte de la retrouver parfaitement intégrée sur le campus. Mais le corps de Lydia gît au fond d'un lac. Accident, meurtre ou sui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (269) Voir plus Ajouter une critique
3,82

sur 814 notes
« Si vous tenez à faire plaisir à un homme – préparez-lui une tarte. Mais assurez-vous que la tarte est parfaite. Plaignez l'homme qui n'a jamais trouvé en rentrant chez lui une tarte à la citrouille ou à la crème anglaise»
Je suis sûre que vous toutes, mesdames, bonnes ménagères, êtes tout à fait d'accord avec cette phrase issue du livre de cuisine-culte des années 50.
Non ? Me suis-je trompée sur vous ?

Sans rire, l'héroïne de ce roman, Marylin, mère au foyer, mère de 3 enfants - principalement de Lydia - , a été élevée dans le culte du « bon mariage ». Elle qui voulait devenir médecin, elle n'a été abreuvée que par les conseils pro-matrimoniaux de sa propre mère. Résultat : devenue mère au foyer comme il se doit, elle transfère son rêve sur sa fille, Lydia, qu'elle imagine exceptionnelle.
SA fille, la prunelle de ses yeux. Elle en a une autre, pourtant : Hannah. Et aussi un fils : Nathan. Mais curieusement, cette « bonne mère », traumatisée par ce rêve détruit dans l'oeuf, ne peut être qu'imparfaite, intransigeante, inflexible, impossible.

Son époux transfère lui aussi ses rêves sur Lydia...
Il est Chinois, et dans les années 50 et même au-delà, c'est traumatisant pour les Américains de croiser un être aux yeux bridés, qui plus est s'appariant avec une blonde bien américaine. C'est LA différence qui tue ! C'est l'horreur ! Il ne sortira jamais rien de bon de ce mariage si mal agencé ! Et pourtant il s'appelle James, et donne cours à l'université sur...le cow-boy américain.
Donc, il aimerait tant que sa fille se fonde dans la masse, fasse « comme les autres », malgré ses yeux bridés, quoique bleus.
Traumatisé par sa jeunesse brisée, il ne peut être qu'imparfait, intransigeant, inflexible, impossible.

Et pourtant, ces parents aiment Lydia.
Et pourtant, ces parents aiment moins leurs 2 autres enfants.
Et pourtant, Lydia meurt, « asservie par les rêves des autres ».

Roman glaçant, tourmenté, fouillant avec ferveur le tréfonds des désirs et des peurs : voilà le cadeau que m'a fait Babelio en partenariat avec les éditions Sonatine.
Il m'a confortée dans l'idée que la famille est un système, une structure dont les membres sont inextricablement liés. Microcosme ballotté dans la tourmente de la vie, incapable de rester stable, la famille peut être un cadeau mais aussi un fardeau.

Parents, interrogez-vous une minute : vos enfants sont-ils aimés à leur juste mesure ?
C'est l'occasion de vous dire tout ce que vous ne vous êtes jamais dit.
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Ce matin, Lydia ne descendra pas embrasser ses parents. Ne posera pas son regard sur son frère et sa soeur. Ne déjeunera pas de son bol de céréales. Ne jettera pas non plus un oeil sur ses exercices de physique. Non, Lydia ne viendra plus jamais s'asseoir autour de la table familiale car Lydia est morte... Il est encore tôt en ce matin du 3 mai 1977 et personne ne soupçonne, n'ose même imaginer, que le corps de Lydia gît au fond du lac, non loin de la maison...
Ce matin, comme tous les matins, Nath et Hannah partiront pour l'école, James pour l'université de Middletown où il enseigne l'histoire. Quant à Marylin, la maman, inquiète du retard de sa fille, elle ira vérifier dans sa chambre si sa fille dort encore. Un lit encore intact de la veille, ses vêtements qui traînent, son cartable contre son bureau. Après avoir téléphoné au lycée et avoir appris que Lydia n'y est pas, elle appellera la police qui, elle, ne s'inquiétera nullement. Une fugue peut-être ? Malheureusement, dès lors que le lac aura été dragué et le corps remonté à la surface, moult questions assaillent toute la famille. Aura-t-elle fugué ? Fait une mauvaise rencontre ? Chuté de la barque ? Ou se sera-t-elle suicidée ?


Lydia Lee, à tout juste 16 ans, est retrouvée morte au fond du lac. Dans des conditions que personne ne s'explique. Personne, surtout pas ses parents qui ne croient guère à la thèse du suicide que soulève la police. Impensable. Incroyable... D'autant que cette gamine avait tout pour réussir : élève studieuse et brillante (un brin poussée par maman), un avenir tout tracé de scientifique, une enfant adorée voire préférée de la fratrie. Et pourtant, Celeste Ng va, au fil des pages, remonter parfois le temps, donner la parole à Nath, Hannah ou les parents et nous immerger peu à peu au sein de cette famille d'apparence ordinaire et heureuse. Peu à peu, l'image familiale se fissure, devient floue parfois. En toile de fond, le racisme ordinaire. James et Marylin formant un couple mixte, lui étant d'origine chinoise, seront montrés du doigt. Les trois enfants métis, quant à eux, seront stigmatisés. Celeste Ng dresse le portrait d'une société américaine sombre et parfois cruelle. L'intrigue est passionnante, foisonnante et malicieuse, l'auteur révélant petit à petit les secrets inavouables, les mensonges, les regrets et les remords, les désillusions, les doutes ou encore les vexations. Un roman subtil, brillant, finement et intelligemment mené.
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" Lydia est morte. Mais ils ne le savent pas encore."
( Ainsi commence ce roman , le premier roman de Celeste Ng , et quel roman…)
"ils", c'est sa famille, et on se doute avec ces deux phrases , que le reste sera douloureux et implacable .
On est le 3 mai 1977, Lydia est morte et sa famille se demandera s'il s'agit d'un crime, d'un suicide ou d'un accident. D'enquête, il sera très peu question, l'auteur préférant disséquer les rapports familiaux, les non-dits, les interprétations, les quiproquos, les souffrances, et les attentes.
Car c'est de ça aussi, qu'il est question : qu'attend-ton de ses enfants en les mettant au monde ? Veut- on des "mini-moi"? Veut- on qu'ils remplissent nos vides, nos ratages, nos non-accomplissements ? Ou désire t-on pour eux, une vie propre, leurs choix, leurs voies ?
Parce que Mr Lee , professeur à l'université aura souffert toute sa vie de ses origines chinoises, du racisme , il sera obnubilé par l'intégration de ses enfants, qu'ils aient des amis…
Parce que sa femme, la mère de Lydia, blonde aux yeux bleus, voulait être différente de sa mère, professeure d'arts ménagers, et parfaite illustration de la femme des années 60, elle voudra que sa fille réussisse ses études, travaille, soit la médecin qu' elle n'a pas pu être .
Mais Lydia , qu'est ce qu'elle voulait , elle ?
Beaucoup d'attentes sur une toute jeune fille de seize printemps, le tout enveloppé dans beaucoup d'amour…
Il suffira d'une étincelle..

Celeste Ng a écrit deux romans et, déjà , on devine ses obsessions , ses sujets de prédilection : la famille, l'adolescence , les non-dits ou les secrets , et les névroses qu'on se transmet de générations en générations… Il se trouve que ces thèmes m'intéresse beaucoup et qu'elle en parle magnifiquement bien.
Ses romans sont plein de suspens et très bien écrits… Implacables, lancinants, subtils, fins, fulgurants, intenses ..
( Merci à nameless qui la première, avait attiré mon attention sur cette auteure…)
Voilà, je crois que je vous ai tout dit...
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Décidément, j'adore cette auteure. Coup de coeur après La Saison des feux avec beaucoup de passerelles entre les deux romans.

Une nouvelle fois, Celeste Ng nous livre une autopsie au scalpel d'une famille américaine en mode thriller de l'intime afin de savoir pourquoi Lydia, 16 ans, est retrouvée morte au fond d'un lac. Accident ? suicide ? meurtre ? La réponse sera révélée avec brio, par petites touches subtiles suite à la dissection d'un microcosme familial précis qui résonne très vite en réflexion universelle sur les ressorts familiaux.

Désir de revanche sociale transféré sur l'enfant, poids du racisme et sexisme dans la construction de névroses personnelles, rapport de force dans une fratrie lorsqu'un des enfants est privilégié, les renoncements, bref toute la pression ordinaire que peut engendrer la cellule familiale est analysée avec une acuité et une finesse psychologique incroyables.

Certaines pages sont bouleversantes, comme celle où, alors que sa mère a fui le domicile conjugal, Lydia ouvre le livre de cuisine de sa mère, et en découvrant les traces de larmes sur certaines pages réalise les frustrations et les renoncements de sa mère à une carrière brillante de médecin. Un choc qui l'entraîne à une promesse silencieuse : si sa mère revient, elle se conformera pour toujours aux rêves de cette dernière, elle sera la fille idéale, elle sera médecin, elle étouffera ses aspirations sous un masque de sourires.
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Lydia Lee est morte. Un beau jour du mois de mai 1977, son corps a été retrouvé, noyé dans le lac , juste derrière la maison familiale. Elle n'avait que 16 ans. Meurtre, accident, suicide ? Pour ses parents, cela ne fait aucun doute : quelqu'un a fait du mal à Lydia, leur fille tendrement aimée, la plus jolie, la plus douée, la meilleure de leurs trois enfants. Pourtant, derrière la lycéenne brillante, appelée à être docteur, la fille populaire entourée d'amies que décrivent ses parents, se cache la vraie Lydia, timide, solitaire, écrasée par la pression parentale. Alors que Nath, l'aîné, et Hannah, la petite dernière, sont totalement délaissés par Marylin et James, Lydia est la somme de toutes leurs espérances. Elle sera médecin, comme sa mère rêvait de l'être, elle sera une parfaite américaine, comme son père, d'origine chinoise, rêvait de l'être. Oui mais, malgré ses yeux bleus et ses cheveux clairs, pour la société américaine frileuse des années 70, Lydia est une chinoise. Sa différence se voit dans ses yeux bridés et dans ce père qui, même s'il enseigne la littérature américaine à l'université, ne sera jamais un grand blanc, bleu, blond made in US. Pour cette famille dévastée, la vie ne sera plus jamais la même sans Lydia mais pourront-ils surmonter les petits secrets, les non-dits, les trahisons, le manque de communication ? Sauront-ils se rendre compte de leurs erreurs ?

Malgré leurs manquements ou leur trop plein d'investissement selon les cas, le couple Lee est attachant et émouvant. Elle, pur produit de l'Amérique des années 50, élevée par une mère professeure d'arts ménagers, éduquée pour être la plus parfaite des épouses, et qui choisit, envers et contre tous, d'être médecin. le destin en décidera autrement. Elle tombe amoureuse d'un jeune professeur, James Lee. le mariage, les grossesses et son rêve s'effondre au profit de la famille. Lui est d'origine chinoise. Il est né en Californie, n'a jamais mis les pieds en Chine mais pour tout le monde, il est chinois. Après une enfance solitaire, rejeté, humilié, insulté, il garde la trace de cette intégration rendue impossible par les préjugés et le racisme ordinaire. Leur rencontre est un miracle, un bol d'air pur dans un monde qui a du mal à les accepter. Ils ont jeté le voile de l'amour sur leurs blessures, leurs fêlures, leurs déceptions, leurs rêves avortés. Chacun à sa façon a une revanche à prendre sur la vie, le poids des espoirs déçus que devra porter Lydia, la gentille, la docile, la belle Lydia. Négligés, les deux autres enfants du couple sont livrés à eux-mêmes, privés d'amour et d'attention. Quelle énorme pression pour cette enfant fragile qui doit briller dans ses études, s'entourer d'amis et ne pas se faire détester par son frère et sa soeur.
L'histoire de cette famille fait bien sûr froid dans le dos mais elle donne aussi à réfléchir sur le rôle de parents, le passif que l'on transmet malgré soi à ses enfants, les erreurs que l'on commet là où l'on croit bien faire. Céleste Ng, dont c'est le premier roman, fait preuve d'une parfaite maîtrise de l'intrigue et de l'écriture et d'une belle sensibilité qu'on sent à fleur de peau. Elle a su nous plonger dans cette famille dysfonctionnelle sans nous faire détester ses membres les plus faillibles. Au contraire, elle a su nous les rendre proches, nous faire ressentir la même tendresse qu'elle a pour eux. Et puis, elle fait là une fine analyse critique de la famille, ce microcosme complexe où s'agitent différentes personnalités liées par des drames, des joies, des expériences vécus en commun mais ressentis différemment. Ce livre est une claque, un bijou, une pépite ! Un coup de coeur absolu !
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critiques presse (1)
Actualitte
16 septembre 2020
On découvre, au fil de ces pages partagées entre chacun des personnages, une oppression énorme supportée par les non-blancs, subies par les couples mixtes (et, par ricochet, par leurs enfants) exposés à un racisme odieux, un machisme au moins aussi odieux, d'une société américaine dont certains événements récents laissent apparaître que l'évolution n'a pas encore été aussi flagrante, aussi profonde qu'on aurait pu et dû l'attendre de ce pays...
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (112) Voir plus Ajouter une citation
Quelques jours auparavant, à quelques centaines de kilomètres de là, un autre couple s'était également marié - un homme blanc et une femme noire qui partageaient un nom des plus appropriés ; Loving. Quatre mois plus tard, ils seraient arrêtés en Virginie, la loi leur rappelant que le Seigneur tout puissant n'avait jamais eu l'intention que les Blancs, les Noirs, les Jaunes et les Rouges se mélangent, qu'il ne devait pas y avoir de "citoyens bâtards, aucun effacement de la fierté raciale". Quatre ans s'écouleraient avant qu'ils ne protestent , et quatre de plus avant que le tribunal ne leur donne raison, mais de nombreuses années passeraient avant que les gens autour d'eux ne fassent de même.
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" L'homme que vous épouserez saura comment il aime les œufs . Et il y a des chances pour qu'il soit tatillon à leur sujet. Il incombe donc à une bonne épouse de savoir préparer les œufs de six manières basiques ." (…)

" Vous découvrirez que votre adresse à préparer une salade contribuera à la qualité de votre maison. " (…)

"Quelque chose vous procure-t-il une plus grande satisfaction qu'un alignement de bocaux et de verres étincelants sur votre étagère?"
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Plus tard cet après-midi là, il remarqua une minuscule tache jaune à la pointe de l'orteil de Marilyn. Après avoir cherché un moment, il trouva une bavure sur le mur, à l'endroit où son pied l'avait touché quand ils faisaient l'amour : une trace grosse comme une pièce de dix cents où la peinture avait été effacée. Il ne dit rien à Marilyn, et lorsqu'ils remirent les meubles en place ce soir-là, la commode dissimula la tache. Chaque fois qu'il regardait cette commode, il était content, comme s'il pouvait voir à travers les tiroirs en pin et ses habits pliés la marque que le corps de sa maîtresse avait laissée.
(p. 50)
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Toute leur vie, Nath avait compris, mieux que personne, le lexique de leur famille, les choses qu'ils ne pouvaient jamais vraiment expliquer aux gens de l'extérieur : qu'un livre ou une robe n'étaient pas simplement quelque chose à lire ou à porter ; que l'attention était accompagnée d'attentes qui - comme la neige - s'abattaient et s'accumulaient et vous broyaient sous leurs poids.
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Autrefois, il parvenait à lire l'humeur de sa femme, même quand elle lui tournait le dos. A l'inclinaison de ses épaules, à sa façon de déporter son poids de son pied gauche à son pied droit, il savait ce qu'elle pensait. Mais ça fait longtemps qu'il ne l'a plus observée attentivement, et maintenant, même de face, tout ce qu'il voit, ce sont les rides légères au coin de ses yeux, les rides légères à l'endroit où son chemisier a été écrasé, puis rajusté.
(p. 263)
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Vidéo de Celeste Ng
Découvrez en librairie le nouveau chef-d'oeuvre de Celeste Ng, « Nos coeurs disparus », traduit par Julie Sibony ! Un roman publié par Sonatine Éditions. https://www.lisez.com/livre-grand-format/nos-coeurs-disparus/9782355849831
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