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Citations sur Raymond Aron (2)

La grandeur d'Aron se situe dans ce perpétuel décalage, dans cet héroïsme de la volonté qui ne renonce ni à l'action politique, quand bien même elle affronte l'absurde, ni à la vérité, quand bien même elle est partielle, ni à une certaine nécessité de la Raison, ...
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[En 1935 Raymond Aron donne un cours de philo à l’ENS de Saint-Cloud. Le texte ci-dessus est un témoignage de son élève Eugène Delteil, p136. Pour info, il figure également dans les Mémoires de Raymond Aron et aussi au lyon-normalesup.org]

Nous suivions les cours des deux professeurs chargés conjointement de l’enseignement de la philosophie à l’École, tous deux juifs, mais aussi dissemblables que possible. Le consciencieux Dreyfus-Lefoyer était toujours là. Son cours fort complet et même exhaustif, sans interrogation et sans surprise, nous laissait indifférents. Celui du délié
Raymond Aron, où, hors de toute considération de programme, il nous livrait ses réflexions sur les philosophes de l’histoire, de Machiavel à Sorel et Pareto en passant par Hobbes, était provoquant et impressionnant.
A l’optimisme idéaliste il opposait la pratique des politiques. Cachée ou non par le discours, c’était la Realpolitik, celle qu’avait menée Bismarck, celle qui inspirait Hitler.
Il venait de faire en Allemagne un séjour de plusieurs années au cours duquel il avait pu observer la montée du nazisme que visiblement il exécrait, mais qui le fascinait. Il avait été socialiste et s’était donné une connaissance approfondie de Marx. Il appréciait en lui le critique rigoureux de l’économie mais il rejetait son prophétisme manichéen porteur de condamnations sans appel. Au nom de la laïcité et du réalisme, il pourfendait les illusions.
Ainsi la lumière dissipe les nuages. Sans vouloir renoncer à ma foi je reconnaissais la portée de ses vues. Alors que nous désirions tant continuer à vivre dans le XIXe siècle, sa rigueur en écartait les mythes et nous nous découvrions désarmés et nus au bord de l’abîme.
Pour un peu nous lui en aurions voulu, comme si c’était lui qui nous y avait conduits.
Et à la vérité, dénonçant le danger nazi qui portait avec lui la menace de guerre, il était effrayant, alors même que, vidant de toute espérance le credo révolutionnaire il était démobilisateur
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