Faire la critique d'une oeuvre de
Friedrich Nietzsche peut paraître ridicule, même si elle a pour objectif de témoigner des grandeurs de cette littérature. Pourtant, il n'est, en même temps, pas possible de rester muet après la lecture de "La Naissance de la Tragédie", première oeuvre du grand philosophe allemand. Je comprends qu'il ait pu paraître dérangé et perturbé aux esprits éclairés de son époque après la lecture de cet apparent essai philologique qui se révéla être plutôt une réflexion sur l'art prenant pour point de départ les origines de la tragédie grecque. Si ses contemporains notables universitaires ont pu lui coller l'étiquette du déréglé ce fut probablement pour ne pas s'avouer leur propre faiblesse face au génie de ce poète-philosophe. Ne pensez pas y lire un traité pompeux sur l'histoire et les codes de l'art antique, au contraire, l'imagination riche et enthousiaste de
Nietzsche laisse transparaître une ode passionnée, d'un grand lyrisme, pour la reconnaissance de la véritable signification de l'Art.
Certains passages sont d'une grande beauté, déversant un flot d'images aussi fortes qu'éphémères, même si elles ne suffisent pas à faire pencher le lecteur en faveur des principes du philosophe. Mais plus qu'une thèse proposée sentencieusement par
Nietzsche, il y a dans cet essai une critique de la société moderne aiguillonnée par la science et le socratisme qui, sûre du bon sens de sa marche vers le progrès, le bonheur et la Vérité suprême, fait écho aux remises en cause actuelles du modernisme autour des problématiques environnementales et écologiques.
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