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Citations sur La naissance de la tragédie ou Hellénisme et pessimisme (90)

À travers la tragédie, le mythe acquiert son contenu le plus profond, sa forme la plus expressive ; il se relève encore une fois, tel un héros blessé, et tout son surcroît de force, avec le calme empreint de sagesse du mourant, brûle dans son œil d'une dernière lueur puissante.
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Car pour exprimer son phénomène en images, le poète lyrique a besoin de toutes les émotions de la passion, depuis le chuchotement de l'inclination jusqu'au grondement du délire ; animé par la pulsion qui le pousse à parler de la musique en métaphores apolliniennes, il ne comprend l'ensemble de la nature, et lui-même au sein de celle-ci, que comme ce qui, éternellement, veut, désire, convoite ardemment.
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Les Grecs sont, comme le disent les prêtres égyptiens, les éternels enfants, et rien qu'enfants dans l'art tragique aussi, qui ne savent pas quel jeu sublime est sorti de leurs mains - et a été fracassé par elles.
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Le pessimisme est-il nécessairement le signe du déclin, de la décadence, du ratage, d'instincts épuisés et affaiblis?
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Tout notre monde moderne est pris dan sale filet de la culture alexandrine et a pour idéal l'homme théorique muni des forces de connaissance suprêmes, travaillant au service de la science, dont Socrate est l'archétype et l'aïeul. Toutes nos techniques d'éducation visent originellement cet idéal ; toute autre existence doit se débattre laborieusement pour émerger à ses côtés, en existence que l'on tolère mais que l'on ne se propose pas.
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[...] les Grecs, tant que nous n'avons pas réponse à la question "qu'est-ce que le dionysiaque?" nous demeureront totalement inconnus et irreprésentables...
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La connaissance tue l'action .. Pour agir il faut être obnubilé par l'illusion ..

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C'est Euripide qui provoqua cette agonie de la tragédie antique ( p.158 )
Ulysse, l'Hellène typique de l'art ancien, dégringola alors, sous les mains des poètes contemporains, jusqu'à la figure de graeculus, l'esclave domestique débonnaire et futé qui dorénavant constituait le pivot de l'intérêt dramatique. (159 ).
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Dans le dithyrambe dionysien, l’homme est entraîné à l’exaltation la plus haute de toutes ses facultés symboliques ; il ressent et veut exprimer des sentiments qu’il n’a jamais éprouvés jusqu’alors : le voile de Maïa s’est déchiré devant ses yeux ; comme génie tutélaire de l’espèce, de la nature elle-même, il est devenu l’Un-absolu.
(...)
Pendant l’ivresse extatique de l’état dionysiaque, abolissant les entraves et les limites ordinaires de l’existence, il y a en effet un moment léthargique, où s’évanouit tout souvenir personnel du passé. Entre le monde de la réalité dionysienne et celui de la réalité journalière se creuse ce gouffre de l’oubli qui les sépare l’un de l’autre. Mais aussitôt que réapparaît dans la conscience cette quotidienne réalité, elle y est ressentie comme telle avec dégoût, et une disposition ascétique, contemptrice de la volonté, est le résultat de cette impression.

En ce sens, l’homme dionysien est semblable à Hamlet : tous deux ont plongé dans l’essence des choses un regard décidé ; ils ont vu, et ils sont dégoûtés de l’action, parce que leur activité ne peut rien changer à l’éternelle essence des choses ; il leur paraît ridicule ou honteux que ce soit leur affaire de remettre d’aplomb un monde disloqué. La connaissance tue l’action, il faut à celle-ci le mirage de l’illusion — c’est là ce que nous enseigne Hamlet ; ce n’est pas cette sagesse à bon compte de Hans le rêveur, qui, par trop de réflexion, et comme par un superflu de possibilités, ne peut plus en arriver à agir ; ce n’est pas la réflexion, non ! — c’est la vraie connaissance, la vision de l’horrible vérité, qui anéantit toute impulsion, tout motif d’agir, chez Hamlet aussi bien que chez l’homme dionysien.

Alors aucune consolation ne peut plus prévaloir, le désir s’élance par-dessus tout un monde vers la mort, et méprise les dieux eux-mêmes ; l’existence est reniée, et avec elle le reflet trompeur de son image dans le monde des dieux ou dans un immortel au-delà. Sous l’influence de la vérité contemplée, l’homme ne perçoit plus maintenant de toutes parts que l’horrible et l’absurde de l’ existence ; il comprend maintenant ce qu’il y a de symbolique dans le sort d’Ophélie ; maintenant il reconnaît la sagesse de Silène, le dieu des forêts : le dégoût lui monte à la gorge.
(...)
L’art dionysien lui aussi veut nous convaincre de l’éternelle joie qui est attachée à l’existence ; seulement, nous ne devons pas chercher cette joie dans les apparences, mais derrière les apparences. Nous devons reconnaître que tout ce qui naît doit être prêt pour un douloureux déclin, nous sommes forcés de plonger notre regard dans l’horrible de l’existence individuelle — et cependant la terreur ne doit pas nous glacer : une consolation méta­physique nous arrache momentanément à l’engre­nage des migrations éphémères. Nous sommes véritablement, pour de courts instants, l’essence primordiale elle-même, et nous en ressentons l’appétence et la joie effrénées à l’existence ; la lutte, la torture, l’anéantissement des apparences, nous apparaissent désormais comme nécessaires, en face de l’intempérante profusion d’innombrables formes de vie qui se pressent et se heurtent, en présence de la fécondité surabondante de l’universelle Vo­lonté. L’aiguillon furieux de ces tourments vient nous blesser au moment même où nous nous som­mes, en quelque sorte, identifiés à l’incommensurable joie primordiale à l’existence, où nous pres­sentons, dans l’extase dionysienne, l’immuabilité et l’éternité de cette joie. En dépit de l’effroi et de la pitié, nous goûtons la félicité de vivre, non pas en tant qu’individus, mais en tant que la vie une, totale, confondus et absorbés dans sa joie créa­trice. (pp. 38 & 73-75 & 151-152)
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C'est alors que la genèse de la tragédie grecque nous montre avec une précision lumineuse comment l'art tragique, chez les Grecs, est effectivement né de l'esprit de la musique - pensée qui nous donne pour la première fois, croyons-nous, la possibilité d'interpréter correctement le sens originel et si surprenant du choeur.
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