AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dombrow01


La guerre qui n'aura pas eu lieu est la 2ème guerre de Tchétchénie en 1999, déclenchée par le président nouvellement élu mais déjà agressif, Vladimir Poutine (Il en est à 4 guerres aujourd'hui, sous ses ordres la Russie est intervenue en Géorgie, en Syrie, et puis en Ukraine). Anne Nivat nous montre l'horreur du conflit pour les populations civiles, elle nous décrit la barbarie des forces d'occupation russes et surtout nous explique comment ce combat des forces fédérales russes contre les indépendantistes tchétchènes s'est transformé en une guerre civile.

La première guerre de Tchétchénie avait été horrible également, mais elle était plus "classique". Une région demande son indépendance, le pays la refuse et c'est la guerre. Ce qui est plus pernicieux dans la 2ème, c'est qu'elle est partie de presque rien, juste le bon vouloir de Poutine, que les rebelles ont perdu l'envie de se battre, et que le conflit est tombé dans l'oubli. Une des raisons est l'attaque du World Trade Center de New-York qui a focalisé l'attention et déclenché la "guerre contre le terrorisme". Les Russes ont invoqué cette raison, et tout le monde a regardé les US ou l'Afghanistan et oublié les Tchétchènes.

Ce qui est surprenant dans ce récit, c'est le rôle de l'argent. Les soldats russes vont en Tchétchénie pour améliorer l'ordinaire, pour les primes de combat mais aussi pour pouvoir pratiquer le racket. Ils rançonnent les voitures sur les routes, ils vendent parfois leur équipement aux rebelles, et tout est prétexte à bakchich. Une mère de famille déclare : « Dans chaque pénitencier, il m'a fallu remettre 1 000 roubles [40 euros] de pot-de-vin à un fonctionnaire quelconque pour qu'il daigne me préciser le jour même si mon fils se trouvait dans cette prison". Un Tchétchène habitant Moscou dit être arrêté tous les jours ! A chaque fois il est relâché contre un pot de vin.

Mais certains rebelles tchétchènes sont aussi pourris que les Russes. Extrait : « Je connaissais très bien le groupe de wahhabites dirigé par Arbi Baraïev, l'oncle de Movsar, qui, en 1998, avait coupé la tête à trois Britanniques et un Nouveau-Zélandais. Ils avaient kidnappé ces étrangers pour de l'argent et ne comptaient pas les exécuter, jusqu'à ce que Moscou finisse par leur offrir une somme deux fois supérieure pour qu'ils s'en débarrassent. J'étais l'un de ceux qui tentèrent de les libérer, mais on est arrivés trop tard. Ce scénario macabre avait été élaboré dans un seul but : faire en sorte que la communauté internationale tourne définitivement le dos à la Tchétchénie, au moment où les Russes se préparaient à nous envahir à nouveau".

Le pire est que, grâce à deux composantes importantes du régime russe, la brutalité et la corruption, les Russes ont réussi dans leur entreprise. le monde a oublié le conflit tchétchène (merci le 11 septembre), et la guerre a changé de forme. Les Russes ont enrôlé un grand nombre d'anciens rebelles dans les forces de sécurité du régime pro-russe qu'ils ont installé à Grozny et les forces de Kadyrov font régner la terreur à la place de l'armée russe. C'est devenu une affaire interne, qui ne regarde personne.
Circulez, il n'y a rien à voir.
Commenter  J’apprécie          13



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}