" Ma foi, c'est quand même mieux que les rediffusions de Derrick et les tisanes digestives à quatre heures de l'après-midi" se félicita Ethel tandis que Julie tournait le volant d'un coup sec pour s'engager dans la bretelle d'accès. L'octogénaire eu tout juste le temps d'apercevoir le sens interdit qu'elles venaient de dépasser.
" Putain d'enfoiré de bouffeur d'ail de collabo aviné fan de Charles Aznavour de mes deux", marmonnait Boscombe quelques instants plus tard, tout au fond du parking du commissariat, en découvrant le pot de yaourt qui leur avait été alloué par la police française.
A cet âge- là, fini de se raconter des histoires. Je ne suis pas dans une mauvaise passe. C'est devenu ma vie.
" Putain, Susan. Putain putain PUTAIN ! "
(…) Tu te répètes un peu, dit-elle .Ça ne fera pas avancer le schmilblick.
" OK. TOUT LE MONDE, COUCHEZ-VOUS A TERRE ! CECI EST UNE ATTAQUE A MAIN ARMEE ! hurla l'un des trois braqueurs, le plus grand, qui s'était rapproché du guichet, avec le mot " PEUR" inscrit sur son front. Les clients poussèrent des cris de panique tandis qu'un quatrième voleur surgissant à son tour au sein de la banque. Quoique "surgir" ne soit pas tout à fait le terme exact. Son entrée fut plus laborieuse. il arriva en fauteuil roulant, recouvert d'une cagoule portant le mot "SEXE", et brandissant un fusil à double canon caché sous un plaid écossais.
" C'est pas le job qu'est dur en soi. N'importe quel abruti peut pointer son pétard sur quelqu'un et lui extorquer un sac plein de pognon. Non, vous savez c'est quoi le plus dur ? " Nouvelle pause." C'est de s'en TIRER.
Jusqu'au moment où Susan s'apprêtait à lui répondre, elle fut coupée dans son élan par un gros bruit mécanique. Ça ressemblait à un vrombissement, comme un moteur qui patine. Elles se retournèrent et aperçurent le Clouté, imperturbable, en train de s'élever poussivement vers le premier étage sur un monte escalier électrique. " On est loin de l'Agence tout risque , hein ? " chuchota Susan à Julie dès qu'il fut hors de leur vue.
Qui a dit que nous n'avons pas qu'une seule vie mais plusieurs, ou plutôt plusieurs étapes de vie successives ?
Boscombe jeta sa cigarette et grimpa les marches brûlantes du perron avant de pénétrer dans l'immense hall climatisé du Carlton. "Wow. Putain". Visiblement, c'était pas la crise pour tout le monde.
Mais elle ravala ses larmes, ses peurs et lui offrit la seule réponse qu'elle pouvait :
" Haut les cœurs, mon cher. C'est bientôt l'heure du thé."
La bonne vieille méthode anglaise : un nuage de lait et deux sucres au fin fond de l'abîme.