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Critique de AnnaDulac


Paul Nizon est un écrivain suisse, de langue allemande, né en 1929.

Il vit depuis longtemps à Paris, sans avoir abandonné sa langue maternelle.

Profondément, il a souhaité faire de son existence la matière première de son oeuvre. Non qu'il ait vécu une vie extraordinaire, mais il se définit avant tout comme un « être-de-langage ».

« Je m'écris une vie » dit-il souvent, ce qui est pour lui la seule manière de supporter la réalité.

Nizon est certainement un des meilleurs représentants de ce que, depuis Serge Doubrovsky, on appelle l'auto-fiction.

Parallèlement à ses romans, inspirés des rencontres de sa vie, il livre régulièrement des fragments de son journal intime.

« Faux papiers » est le cinquième tome publié ; il couvre les années 2000-2010.

Ce titre est intéressant, car il montre bien la tension qui existe dans l'oeuvre de Nizon entre l'autobiographie et la mise en scène du « je » écrivain et écrivant.

Où est la vérité ? Et d'abord faut-il se poser cette question ?

Il semble que non.

Dans « Faux papiers », Nizon se promène à Paris, erre dans l'appartement légué par sa tante, visite la maison de Tolstoï, donne des conférences, revoit de vieux amis, en perd quelques-uns, réfléchit au roman en cours intitulé étrangement « La fourrure de la truite », parle de son enfance, évoque ses séjours romains.

Ce sont des textes d'une profonde humanité, parfois agaçants quand Nizon s'interroge sur sa renommée, souvent émouvants, car l'écrivain est à l'heure des bilans et des pertes.

Il divorce. Il déménage de Montmartre à Montparnasse. Connaît quelques ennuis de santé et une forme de dépression « mon coeur… mon coeur harassé » ou encore « je suis le solitaire par excellence. »

Le grand intérêt de ce journal réside bien sûr, non dans l'anecdote personnelle, mais dans les réflexions sur l'activité de l'écrivain et l'engagement total qu'elle suppose, puisqu'il s'agit de transformer le réel, comme un alchimiste.

« L'image de la désolation n'est que le reflet de mon propre état, non la réalité. Je dois inventer la réalité. Tout est affaire d'imagination. »

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