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Citations sur La domination (7)

Antoine regarda les femmes. Il les trouvait impérieuses, arrogantes, satisfaites d'elles-mêmes dans leurs toilettes luisantes et tendues, sous leurs chapeaux de fleurs, avec leur air volontaire et restreint. Mais il les regardait aussi avec sympathie, "car pourtant, pensait-il, elles meurent dans nos bras de désir et de plaisir !…"
Il évoquait leurs tendres plaintes ; il les voyait toujours incomplètes, insatisfaites, penchantes, achevées seulement par les caresses des hommes.
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Ils partirent donc.
Ils connurent les longues journées désaltérantes, où l'air, en plein visage, est frais et bleu comme un matin qui s'éveille entre des sapins, sur la montagne. Ils connurent la différence des paysages, la force de la verdure, qui ici est vive et là penchée, les détours des rivières et les changements des habitations des hommes.
Ils connurent jusqu'à l'ivresse, jusqu'à l'étourdissement, jusqu'au malaise et jusqu'à la fatigue et l'obsession, la route blanche qui se précipite dans un arceau d'azur.
Ils s'amusèrent des villes traversées au milieu de l'intérêt et de la bonhomie des paisibles habitants ; ils goûtèrent l'accueil et l'emphase du petit hôtel éveillé où l'on passe la nuit : Hôtel de l'Écu-d'Or, hôtel d'Occident, hôtel des Rois, hôtel des Voyageurs…
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Les femmes, songeait-il [...], les femmes sont des colombes attachées avec un long ruban ; elles se croient libres parce qu'elles n'ont pas été au bout du fil qui les tient.
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Ils arrivèrent à Florence un jour où le jour est plus tendre qu'un clair visage oriental tatoué de beaux soleils bleus ; un de ces jours où la terre est comme un navire, avec des matelots qui chantent et de l'espoir tout autour d'eux ; où le ciel glisse et se dissout, et, puisant dans son bonheur, détache des portions d'azur et les fait flotter vers les hommes.
Un jour de roses écloses ! les parfums jouaient sur l'air comme des âmes réelles, comme des enfants divins. Élisabeth goûtait, mêlés, ce plaisir et cette déception que causent les choses nouvelles. Elle n'imaginait point ainsi la ronde perle toscane. Trop de perfection arrêtait l'élan de son âme. Ville parfaite, un peu sèche, qui respire, repliée sur elle-même, le fort opium de sa grandeur monastique.
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Violente et dressée, d'une voix désordonnée, ainsi qu'on éparpille des mots et son sang, elle lui dit :
— Vous êtes mon jardin refleuri, ma maison retrouvée, ma volupté vivante, vous êtes ma tristesse et ma bouche, je vous ai, ah! je vous ai! Non pour ma vie, non pour toujours, mais pour une heure, mais pour une nuit. Cela suffit. Une nuit pour que je saccage mon rêve! Une nuit pour me gorger, pour me lasser de vous ; pour que meure en moi jusqu'à la racine de ce désir ; une nuit pour te voir comme tu es, faible, pâli, vieilli, ô mon amour, ô dieu terrible de mon souvenir!… Ah! une nuit pour que je te goûte encore, et que délivrée, que délivrée enfin, je puisse dire : « J'ai revu Antoine Arnault, il n'est plus comme autrefois. Sainte Marie, je vous adore et je vous loue, il n'est plus comme autrefois… »
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Antoine se taisait, et il évitait de rencontrer les mains que Donna Marie lui tendait ; mais elle laissait, sans colère, glisser ses mains et poursuivait :
- Avant vous, vous le savez, j'étais timide, innocente, mais tu m'as pris tout cela. Après toi mes gestes n'ont plus eu peur. Les nuits d'Italie sont terribles, mon chéri, elles viennent sur nous et nous étouffent, et tout le cœur est comme un jardin de jasmins ; alors la volupté, les caresses ne semblent pas un péché, elles semblent de beaux anges du soir qui passent sur le ciel de Florence ; de beaux anges, l'ange du bienheureux Angelico, qui court si vite, tu le sais, dans la fresque de Saint-Marc, qui vient comme un jeune homme si pressé, si ardent, et qui dit "Je vous salue, Marie…"
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Antoine Arnault riait doucement de plaisir en regardant devant lui l'azur du soir, où chaque marronnier semblait un jardin solitaire et haut.
A demi couché dans la grêle voiture qui le conduisait le long de l'avenu, satisfait, il pensait à soi.
Il se sentait en cet instant le coeur léger et libre. La vie devant lui était si belle qu'il la prenait dans ses deux mains, lui souriait, la baisait comme un visage.
Il avait vingt-six ans. Le second livre qu'il venait d'écrire le rendait célèbre, et, las d'une liaison qui durait depuis trois année, il avait la veille rompu avec sa maîtresse.
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