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EAN : 978B004AWO8TS
inconnu (30/11/-1)
4.25/5   16 notes
Résumé :
Grand poète et femme du monde, première femme commandeur de la Légion d'Honneur, Anna de Noailles fut l'égérie de toute une génération.

Rendue célèbre soudainement en 1901, à l'âge de vingt-cinq ans, par la publication d'un premier recueil de poèmes, Le Cœur innombrable, la muse au verbe étincelant dont les salons parisiens s'arracheront les faveurs fut comblée d'honneurs jusqu'à sa mort en 1933.

On croyait tout savoir de cette fem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai entendu parler de la poésie d'Anna de Noailles par Proust, ou plutôt par des émissions sur Proust et ses goûts littéraires et poétiques, lui qui éprouvait une grande admiration pour Anna de Noailles et son oeuvre. Et j'ai essayé de chercher ce qui avait pu tant lui plaire...
Le sujet et la thématique des poèmes peuvent sembler assez étrangers au cadre de la Recherche du Temps perdu : loin de Paris, du Faubourg Saint-Germain, le décor est ici celui de la campagne d'Île-de-France. C'est d'ailleurs plus qu'un décor, les poèmes célèbrent la nature dans une tonalité bucolique et pastorale. La saison dominante est donc l'été, puisque c'est l'époque des récoltes, des moissons, des fruits odorants. Aucun élément ne permet de localiser cette campagne dans le temps et dans l'espace – hormis le poème liminaire qui évoque l'Île-de-France : pas de toponyme, pas de signe de modernité ou de modernisation. On pourrait ainsi se croire dans une pastorale antique contant les amours des bergers – une partie du recueil est clairement associée à l'Antiquité.
Je dis les amours, car, contrairement à Proust, la sexualité n'est pas centrale dans l'oeuvre. Si les chaudes nuits d'été rapprochent les amants, tout est dit de façon allusive, sensuelle, oui, mais non explicite : plusieurs vers évoquent ainsi la douceur des draps ou les soupirs des amants heureux - j'ai pensé à la sensualité des Fêtes galantes de Verlaine.
J'ai aussi pensé à certains poèmes de Verlaine au niveau du style d'Anna de Noailles : les poèmes sont stylisés, très stylisés, avec un certain jeu sur les sonorités. Mais cette préciosité m'a laissée assez froide, je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotion. Peut-être parce que si les poèmes célèbrent la nature, ils ne sont pas lyriques puisqu'ils ne révèlent pas vraiment les sentiments de la poétesse. D'ailleurs, le Je qui s'exprime n'est pas sexué, n'est pas identifiable - contrairement à la poésie de Marceline Desbordes-Valmore que j'ai préférée. le titre renvoie au "coeur", aux émotions intimes donc, mais si le mot apparaît de nombreuses fois dans les poèmes, la poétesse ne l'expose guère.
Je ne suis donc pas de l'avis de Proust sur le plan littéraire ; je me demande même s'il n'admire pas autant l'oeuvre de Mme de Noailles en raison de son nom prestigieux...
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A ne pas lire d'une traite !!
A moins d'être gavé, repus de rimes.
Elles sont pourtant belles ces rimes, et cette découpe ; c'est plus que maîtrisé, c'est inspiré.
Et puis tout au long de ces déclinaisons entre le coeur, au centre des poèmes, et la nature, on goûte à une belle homogénéité romantique, presque panthéiste ou naturaliste, tellement la nature fait un avec ses aspirations, tellement coeur et nature - saisons, etc. - se font écho, se fondent et s'unissent dans une célébration de la vie douce amère.
Les surréalistes la trouvaient falote.
C'est simple, mais pas pauvre. Et tout simplement beau.
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De la poésie féminine à l'état pur.
C'est frais, sensible, émouvant, odorant.
Bref, c'est beau.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
La journée heureuse.

Voici que je défaille et tremble de vous voir,
Bel été qui venez jouer et vous asseoir
Dans le jardin feuillu, sous l’arbre et la tonnelle.
Comme votre douceur sur mon âme ruisselle !
Je retrouve le pré, l’étang, les noyers ronds,
Les rosiers vifs avec leurs vols de moucherons,
Le sapin dont l’écorce est résineuse et chaude ;
Tout le miel de l’été aromatise et rôde
Dans le vent qui se pend aux fleurs comme un essaim.
On voit déjà gonfler et mûrir le raisin ;
L’odeur du blé nombreux se lève de la terre,
Le jour est abondant et pur, l’air désaltère
Comme l’eau que l’on boit à l’ombre dans les puits,
Le jardin se repose, enfermé dans son buis…
Ah ! moment délicat et tendre de l’année,
Je vais vous respirer tout au long des journées
Et presser sur mon coeur les moissons du chemin ;
Je vais aller goûter et prendre dans mes mains
Le bois, les sources d’eaux, la haie et ses épines.
Et, lorsque sur le bord rosissant des collines
Vous irez descendant et mourant, beau soleil,
Je reviendrai, suivant dans l’air calme et vermeil
La route du silence et de l’odeur fruitière,
Au potager fleuri, plein d’herbes familières,
Heureuse de trouver, au cher instant du soir,
Le jardin sommeillant, l’eau fraîche, et l’arrosoir…
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L'EMPREINTE

Je m'appuierai si bien et si fort à la vie,
D'une si rude étreinte et d'un tel serrement,
Qu'avant que la douceur du jour me soit ravie
Elle s'échauffera de mon enlacement.

La mer, abondamment sur le monde étalée,
Gardera, dans la route errante de son eau,
Le goût de ma douleur qui est âcre et salée
Et sur les jours mouvants roule comme un bateau.

Je laisserai de moi dans le pli des collines
La chaleur de mes yeux qui les ont vu fleurir,
Et la cigale assise aux branches de l'épine
Fera vibrer le cri strident de mon désir.

Dans les champs printaniers la verdure nouvelle,
Et le gazon touffu sur le bord des fossés
Sentiront palpiter et fuir comme des ailes
Les ombres de mes mains qui les ont tant pressés.

La nature qui fut ma joie et mon domaine
Respirera dans l'air ma persistante ardeur,
Et sur l'abattement de la tristesse humaine
Je laisserai la forme unique de mon coeur...
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La vie profonde

Être dans la nature ainsi qu'un arbre humain,
Etendre ses désirs comme un profond feuillage,
Et sentir, par la nuit paisible et par l'orage,
La sève universelle affluer dans ses mains.

Vivre, avoir les rayons du soleil sur la face,
Boire le sel ardent des embruns et des pleurs,
Et goûter chaudement la joie et la douleur,
Qui font une buée humaine dans l'espace.

Sentir, dans son coeur vif, l'air , le feu et le sang
Tourbillonner ainsi que le vent sur la terre;
- S'élever au réel et pencher au mystère,
Être le jour qui monte et l'ombre qui descend.

Comme du pourpre soir aux couleurs de cerise,
Laisser du coeur vermeil couler la flamme et l'eau,
Et comme l'aube claire appuyée au coteau
Avoir l'âme qui rêve, au bord du monde assise...



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LE TEMPS DE VIVRE

Déjà la vie ardente incline vers le soir,
Respire ta jeunesse,
Le temps est court qui va de la vigne au pressoir,
De l'aube au jour qui baisse.

Garde ton âme ouverte aux parfums d'alentour,
Aux mouvements de l'onde,
Aime l'effort, l'espoir, l'orgueil, aime l'amour,
C'est la chose profonde ;

Combien s'en sont allés de tous les cœurs vivants
Au séjour solitaire
Sans avoir bu le miel ni respiré le vent
Des matins de la terre,

Combien s'en sont allés qui ce soir sont pareils
Aux racines des ronces,
Et qui n'ont pas goûté la vie où le soleil
Se déploie et s'enfonce.

Ils n'ont pas répandu les essences et l'or
Dont leurs mains étaient pleines,
Les voici maintenant dans cette ombre où l'on dort
Sans rêve et sans haleine.

Toi, vis, sois innombrable à force de désirs,
De frissons et d'extase,
Penche sur les chemins, où l'homme doit servir,
Ton âme comme un vase ;

Mêlée aux jeux des jours, presse contre ton sein
La vie âpre et farouche ;
Que la joie et l'amour chantent comme un essaim
D'abeilles sur ta bouche.

Et puis regarde fuir, sans regret ni tourment,
Les rives infidèles,
Ayant donné ton cœur et ton consentement
A la nuit éternelle...
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L'hiver

C’est l’hiver sans parfum ni chants.
Dans le pré, les brins de verdure
Percent de leurs jets fléchissants
La neige étincelante et dure.

Quelques buissons gardent encor
Des feuilles jaunes et cassantes
Que le vent âpre et rude mord
Comme font les chèvres grimpantes.

Et les arbres silencieux
Que toute cette neige isole
Ont cessé de se faire entre eux
Leurs confidences bénévoles.

– Bois feuillus qui, pendant l’été,
Au chaud des feuilles cotonneuses
Avez connu les voluptés
Et les cris des huppes chanteuses,

Vous qui, dans la douce saison,
Respiriez la senteur des gommes,
Vous frissonnez à l’horizon
Avec des gestes qu’ont les hommes.

Vous êtes las, vous êtes nus,
Plus rien dans l’air ne vous protège,
Et vos coeurs tendres ou chenus
Se désespèrent sur la neige.

– Et près de vous, frère orgueilleux,
Le sapin où le soleil brille
Balance les fruits écailleux
Qui luisent entre ses aiguilles.
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Videos de Anna de Noailles (23) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anna de Noailles
« Une anthologie de femmes-poètes ! - Eh oui, pourquoi pas ? […] On a dit du XIXe siècle que ce fut le siècle de la vapeur. le XXe siècle sera le siècle de la femme. - Dans les sciences, dans les arts, dans les affaires et jusque dans la politique, la femme jouera un rôle de plus en plus important. Mais c'est dans les lettres surtout, - et particulièrement dans la poésie, - qu'elle est appelée à tenir une place considérable. En nos temps d'émancipation féminine, alors que, pour conquérir sa liberté, la femme accepte résolument de travailler, - quel travail saurait mieux lui convenir que le travail littéraire ?! […] Poète par essence, elle s'exprimera aussi facilement en vers qu'en prose. Plus facilement même, car elle n'aura point à se préoccuper d'inventer des intrigues, de se créer un genre, de se faire le champion d'une idée quelconque ; - non, il lui suffira d'aimer, de souffrir, de vivre. Sa sensibilité, voilà le meilleur de son imagination. Elle chantera ses joies et ses peines, elle écoutera battre son coeur, et tout ce qu'elle sentira, elle saura le dire avec facilité qui est bien une des caractéristiques du talent féminin. […] Et puis, au moment où la femme va devenir, dans les lettres comme dans la vie sociale, la rivale de l'homme, ne convient-il pas de dresser le bilan, d'inventorier - si l'on peut dire, - son trésor poétique. Les temps sont arrivés où chacun va réclamer le bénéfice de son apport personnel. […] » (Alphonse Séché [1876-1964])
« Il n'y a pas de poésie féminine. Il y a la poésie. Certains et certaines y excellent, d'autres non. On ne peut donc parler d'un avenir spécial de telle poésie, masculine ou féminine. La poésie a toujours tout l'avenir. Il naîtra toujours de grands poètes, hommes ou femmes […]. Où ? Quand ? Cela gît sur les genoux des dieux, et nul ne peut prophétiser là-dessus. […]. » (Fernand Gregh [1873-1960])
0:00 - Jeanne Perdriel-Vaissière 1:17 - Marguerite Burnat-Provins 1:54 - Hélène Picard 4:05 - Jean Dominique 5:16 - Lucie Delarue-Mardrus 6:11 - Anna de Noailles 8:25 - Renée Vivien 9:41 - Générique
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Référence bibliographique : Alphonse Séché, Les muses françaises : anthologie des femmes-poètes (1200 à 1891), Paris, Louis-Michaud, 1908.
Images d'illustration : Alphonse Séché, Les muses françaises : anthologie des femmes-poètes (1200 à 1891), Paris, Louis-Michaud, 1908. Marguerite Burnat-Provins : https://christianberst.com/en/artists/marguerite-burnat-provins
Bande sonore originale : Arthur Vyncke - Uncertainty Uncertainty by Arthur Vyncke is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike 3.0 license.
Site : https://www.free-stock-music.com/arthur-vyncke-uncertainty.html
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