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Critique de DominoRose


Ce livre, prétendument dédié aux enfants à partir de 11 ans, est insupportable ! le style est d'une incroyable prétention : la moindre page est prétexte à des métaphores ampoulées qui, à force, ralentissent l'action et desservent l'histoire ; l'intention de l'auteur était sûrement de reconstruire l'atmosphère de Grenade au XVème siècle, ou d'apporter une dimension poétique, mais c'est raté. J'ai trouvé que Monsieur Noguès "s'écoutait parler" (si j'ose dire) plus qu'autre chose. Exemples : "Grenade la musulmane secouée d'assauts, gardant les mystères de ses parfums et de ses poignards derrière les hauts murs de jardins secrets où des poèmes d'amour se chantaient" (page 9-10) ; "La reine avançait au milieu des merveilles d'un art musulman qui chantait la pernicieuse douceur de vivre parmi les eaux et les oranges (p. 11)."

Et c'est partout pareil, plusieurs fois par page. Un signe qui ne trompe pas, c'est que le texte est bourré de qualificatifs, chaque nom en a au moins un voire deux, un vrai marécage des mots! J'ai vu qu'une dame disait de son enfant qu'il avait dévoré le livre en une journée, c'est sans doute qu'il a eu l'intelligence de survoler les pages!

Les prétentions poétiques mises à part, le style lui-même est assez lourd, assez scolaire, comme si le livre avait été écrit spécifiquement pour que des élèves de 5èmes puissent l'étudier : "l'homme s'approcha de la table qui supportait de quoi écrire. Au moment de s'asseoir et de prendre la plume, une crainte le retenait. (...). Difficile. Difficile serait la chasse aux mots pour traduire ce jeune temps sur le souvenir duquel la vie avait apporté des amoncellements confus, des événements rattachés par des liens mystérieux. La mémoire, elle-même, serait-elle fidèle?" (première page) ; "La chaleur qui régnait dans le carrosse aux mantelets abaissés à cause de la poussière, mettait sur ses pommettes et sur son nez des rougeurs comme en ont les prélats au col trop ajusté et les hidalgos vieillissants quand ils ne sont pas encore desséchés autant que bois mort." (p.22). C'est d'un ridicule !

Et je ne vous ai pas parlé de son vocabulaire faussement sophistiqué : "nonchaloir" au lieu de nonchalance, "souvenance" au lieu de souvenir, absence d'article devant certains noms parce que ça fait plus classe, etc.
Du coup l'auteur parvient à rendre ennuyeux et grotesques des faits historiques passionnants. Il s'est pris pour Balzac mais n'en a pas les moyens. L'ensemble manque terriblement de naturel et d'humilité. Je pense que Monsieur Noguès ferait un meilleur poète (dans le genre Paul Valéry) qu'un écrivain jeunesse. Je n'ai pas réussi à finir ce bouquin, mais j'essaierai quand même le Faucon déniché, j'espère que ce sera mieux.
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