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Critique de tynn


1897, Paris. Le Bazar de la Charité est un rendez vous mondain haut de gamme et hautement rentable de la saison du Tout-Paris
Des dames bien nées jouant à la vendeuse derrière un comptoir: géniale idée des organisateurs qui garantissait la réussite de cette oeuvre de bienfaisance où tous se bousculaient pour être servis par une duchesse ou une princesse.

Et ce fut le drame. Une inflammation des vapeurs d'éther du projecteur du tout nouveau spectacle de cinématographe transforme un hangar éphémère de bois et de tissus en grand incendie, un brasier d'une violence inouïe. En quelques minutes, l'embrasement de la vente de Charité de la rue Jean Goujon fait plus de cent victimes, dans des conditions de bousculade et de panique affreuses. De très nombreuses familles aristocratiques vont perdre un proche dans l'incendie, et seront confrontés à des difficultés d'identification très éprouvantes.

Ce contexte historique oublié et reconstitué avec une précision remarquable est le point fort de ce roman très attachant. Il permet de remettre en scène toute la société du Paris du XIXème, aux classes sociales disparates et extrêmement codifiées: aristocrates, grands bourgeois, maitres et valets, petites femmes entretenues...un monde en évolution qui va peu à peu disparaitre dans les bouleversements du XXème siècle.

Avec un sens romanesque maitrisé, Gaëlle Nohant nous fait vivre le drame des victimes, les amours possibles ou impossibles, les mondanités, la sécheresse de coeur de certains ou l'honneur et le don de soi d'autres, la médisance et les ragots. La condition de la femme dans les classes sociales dites supérieures y est parfaitement décrite ainsi que celle du personnel de maison.

C'est un livre qui se dévore avec plaisir, avec des péripéties multiples et sans excès dans les grands sentiments. Passée l'excellente première partie axée sur le drame, la trame fictive devient un peu légère, pas toujours très subtile dans les personnages, mais l'ensemble fonctionne agréablement avec un langage, une politesse et des usages désuets qui collent au sujet.

La part historique du fait divers est une toile de fond émouvante et très réaliste.
Quand on circule rue Jean Goujon à Paris, Notre Dame de la consolation, construite en 1900 est une chapelle expiatoire dédiée aux victimes.
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