Les anges de l'abîme

La douleur physique s’estompe assez vite. Et la salive s’essuie avec un mouchoir en papier. Mais les insultes, elles, font l’effet d’un poison à action lente, elles détruisent lentement ceux qui les ont subies.

Nous sommes les Anges de l’abîme, un groupe d’action indépendant. Notre but est de rendre justice aux jeunes victimes d’abus et de violences que la société n’a pas su protéger. Par cette opération, nous souhaitons par ailleurs envoyer un message clair à tous les criminels qui agissent encore impunément : vous pouvez commencer à surveiller vos arrières. Nous sommes à vos trousses.

Il n’est pas question pour nous de blesser ni de tuer nos cibles, mais seulement de rassembler des preuves contre elles. Des preuves destinées à la police. Ce n’est pas à nous de juger les criminels et de leur fixer des peines. Nous serons sûrement obligés d’employer la violence, mais la règle est : jamais plus qu’il n’est nécessaire. Oui, autant que tu le saches tout de suite : ça risque d’être dur, parfois.

Chacun devait savoir ce que l’on ressentait en recevant une décharge de 50 000 volts. Ce n’était pas vraiment une sensation agréable,mais la douleur passait assez vite.

Julia était tout à fait consciente des risques qu’elle prenait en tchattant avec des gens qu’elle n’avait jamais rencontrés dans la vraie vie. Elle savait qu’elle devait rester prudente. Elle savait qu’il y avait des hommes, sur ces forums, qui mentaient sur leur âge et qui venaient draguer des filles pour coucher avec elles.

Ils avaient passé un certain temps sur YouTube à étudier des tutoriels expliquant comment crocheter des serrures et s’étaient procuré le matériel nécessaire.
Mais c’était plus facile à dire qu’à faire. Visiblement, il était plus aisé de forcer une portière de voiture que la porte d’une maison.

Rien n’est gratuit.

Ce n’est jamais agréable de voir des coupables être libérés.

Ce n’est pas un de ces polars que l’on dévore rapidement. Les romans de Proust sont comme ces longs dîners que l’on apprécie pendant une longue veillée.

Ils ne savaient rien du monstre, et encore moins du danger qu’il représentait. Mais si ses anges se mettaient à le traquer, la vérité éclaterait au grand jour. Pas seulement les crimes du monstre, mais aussi son passé à elle, les sombres chapitres de sa vie, qu’elle avait jusque-là gardés secrets.
Que se diraient-ils en apprenant tout cela ? Était-ce donc dans ce but que nous prenions tous ces risques ? N’était-ce pas pour rendre justice aux faibles et aux opprimés de ce monde, comme tu l’avais si souvent clamé ? Mais par pur souci de vengeance ? Dans ce cas, quel rôle jouions-nous dans cette histoire ? Nous voyais-tu comme de simples pions ?