Grace Serenity avait eu une première mère. Une mère qui l'avait mise au monde dans un grand hôpital gris. Elle s'appelait Cherie King et elle avait seize ans.
Mais son père n'avait pas arpenté la la salle d'accouchement. Ses grands-parents n'avaient pas attendu fébrilement de déboucher le champagne près du téléphone. On ne lui avait tricoté ni brassières, ni chaussons. Les sages-femmes mises à part, une seule personne avait assisté à sa naissance, et encore, par hasard: Imogen Christie, son assistante sociale.
Il n'a rien d'une victime. Au contraire, il mène son monde à la baguette. Il me fait penser à une araignée dans sa toile qui attend que les pauvres insectes que nous sommes viennent se prendre dans ses filets pour nous sucer le sang.
La présentation des personnages est longue mais nécessaire. Après celà, on entre très vite dans l'histoire de ces familles et on veut toujours savoir ce qui va leur arriver ce qui fait que je l'ai lu en très peu de temps. J' ai vraiment beaucoup aimé ce roman.
La discrétion était une tare familiale que mes parents cultivaient à un point qui frisait la démence. Leur voisin pourrait se trancher la jambe avec sa tronçonneuse et se tordre de douleur par terre en hurlant, ils ne regarderaient pas par dessus la haie. Je ne blague pas.
Hilda choisit opportunément ce moment pour consacrer quelques minutes d'attention à sa bru.
Elle s'assit sur une chaise qui s'était libérée à côté d'elle.
-Eh bien, il paraît que l'adoption a raté... Voyez le bon côté des choses, c'est sûrement mieux pour vous.
-Et pourquoi?
-Vous savez bien que je vous le déconseille depuis le début. Un petit étranger ne peut pas s'intégrer correctement dans une famille. Ce serait courir à la catastrophe.
Leila tâcha de se contenir, mais sa fureur eut raison d'elle.
-David est très malheureux, Hilda, dit-elle assez fort pour que plusieurs invités de la table voisine se retournent. Est-ce que vous vous réjouissez des malheurs de votre fils? Il veut avoir un enfant.
-Mais enfin, Leila, cet enfant n'aurait pas été le sien!
-Vous n'avez pas de coeur!
Sa belle-mère s'empourpra.
-C'est mon opinion, je ne vais pas en changer.
-Voilà quinze ans que vous me l'imposez, votre opinion! J'en ai assez de votre étroitesse d'esprit, de votre égoïsme! Tans pis, c'est dit!