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Critique de Stockard


"Sophie Stark fascine tous ceux qui l'approchent". C'est vrai, j'ai même failli me faire avoir... au début. Jusqu'à ce que je me rende compte que ce qu'il y a de fascinant chez ladite Sophie, c'est surtout le discours élogieux que tiennent les fascinés. Alors là, oui, quand on les écoute, on est carrément devant le résultat des amours exotiques de Mona Lisa avec Jack l'Éventreur; elle est belle, mystérieuse, un peu flippante parfois mais c'est ce qui fait son charme. Bref, elle attire, elle plait, elle enchante, on pourrait y passer le dictionnaire des synonymes qu'on aurait pas encore tout dit.
Voilà ce qu'on retient de celles et ceux qui, chacun à leur tour, prennent la parole dans ce roman choral ou chaque intervenant nous permet d'en apprendre toujours un peu plus sur celle qui illumine leur vie.
Par contre, si on oublie toutes ces voix dithyrambiques et qu'on se concentre juste sur le personnage éponyme de ce livre, qu'est-ce qu'on entend ? Beaucoup de vent et de temps en temps, si on prête bien l'oreille, un petit clapotis mais rien de plus.
Alors d'accord, Sophie Stark, c'est le personnage qu'on ne peut qu'aimer par excellence : incomprise dans sa jeunesse (tellement différente, pensez bien !), tourmentée par ses petits camarades de classe et prenant des décisions à contre courant de tout ce qui se fait. Incapable d'exprimer ses sentiments, elle devient réalisatrice de films arty pour pouvoir les extérioriser un peu malgré tout. Encensée par les médias indés, voilà que la petite Sophie prend sa revanche sur le monde. C'est beau... ou en tout cas, ça le serait s'il y avait une revanche à prendre mais le problème c'est que Sophie Stark, si on s'y arrête un peu, c'est juste madame tout-le-monde. Qui peut se vanter d'exprimer ses sentiments comme il respire ? Qui ne s'est jamais senti paumé en ayant l'impression que tout le monde suivait une route bien tracée pendant qu'il galérait sur un chemin cahoteux ? Et franchement, aujourd'hui, qui ne se sent pas parfois un peu (tout p'tit peu) bipolaire ?
Le summum est atteint le jour où un journaliste parti l'interviewer chez elle la découvre dans sa cuisine en train de manger du poulet et s'en émeut dans son article. Oh mon dieu, mais vous vous rendez compte ? Chez elle ?! En train de grignoter une cuisse de poulet ?!! Mais d'où vient ce génie extra-terrestre ?!!!

C'est dommage, c'était plutôt bien parti, impression qu'on allait faire la connaissance de Jonathan Caouette au féminin, ô joie, mais en fait non et, si Anna North s'en sort pas mal niveau écriture avec un style fluide assez plaisant, il est bien regrettable qu'elle n'ait pas su insuffler un peu de profondeur à son personnage, c'était quand même important de lui donner un minimum d'épaisseur vu que c'est l'unique sujet du livre cette protagoniste qu'on aurait dû trouver intéressante, romantique et ténébreuse, malheureusement si sa petite cour aveuglée par l'admiration ne nous l'avait pas dit, on ne l'aurait sûrement jamais deviné.
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