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Critique de ALDAMO21


Le 28 février 2022

Je m'appelle A.
Je suis né en Côte d'Or, par une froide journée de janvier, il y a plus d'une soixantaine d'années.

J'ignore pourquoi j'écris ce commentaire, peut-être que j'ai besoin de vous parler de ce que je viens de lire sur le sujet effrayant et encore trop tu de la violence conjugale.
Cet immense et incommensurable fléau universel qui touche toutes les couches de notre société actuelle.
*

Ces quelques mots, pour peut-être clamer tout haut que je ne me reconnais pas dans ce genre d'homme.
Que dis-je ? Ce genre de « bêtes sauvages », ces maris, ces concubins, ces mauvais compagnons, pervers, narcissiques, autoritaires, jaloux, violents qui pensent que leurs femmes, leurs compagnes, leurs concubines sont leur propriété exclusive, leur « chose ».
*

Pour vous dire que le roman de Claire Norton, m'a complétement bouleversé.
Il m'a envoyé de violents coups au coeur, par histoire terrible mais ô combien angoissante et tellement réaliste, tellement bien écrite, tellement bien racontée. Une histoire sous haute tension qui m'a fait frémir, qui m'a serré le coeur dès la première page du roman, pour ne plus me lâcher jusqu'au la fin.
Pire, le récit m'a projeté brutalement, dans cette cuisine, dans ce salon, dans la chambre Nathan, ce petit garçon de six ans.
C'est comme si j'étais présent, mais comme un être désincarné impotent, comme un témoin tellement impuissant, devant la violence, l'humiliation, l'avilissement que le Monstre nommé Daniel infligeait à Valentine sa femme.

D. c'est un cauchemar, une réalité de chaque jour. C'est une frayeur visqueuse qui colle. C'est un stress permanent et abjecte qui taraude le coeur et l'âme de Valentine.
D. est comme toutes ces brutes, tous ces lâches, tous ces faibles qui pour des raisons futiles, parce que Monsieur est trop oppressé par son travail, se sert de son épouse comme d'un punching-ball.
*

Valentine était une jolie jeune femme qui avait des rêves plein la tête. Mais le destin a décidé autrement pour elle.
Valentine, qui n'est aujourd'hui plus que l'ombre d'elle-même, une femme qui vit avec des sentiments usants et contradictoires. Ceux de s'être laissée piégée par son mariage et d'autres d'être reconnaissante envers son mari, l'homme qui l'avait aidé à fuir un passé trop lourd.

Valentine, dont son époux est devenu son bourreau et qui lui fait vivre depuis quinze ans un enfer.

Valentine est une femme triste et ternie, détruite dans sa dignité.
Une femme qui s'est murée dans son silence et sa résignation, faute de n'avoir pas pu se confier, faute aussi que tous ses voisins se sont bouché les oreilles par ne pas entendre les coups et ses pleurs.
Une femme qui s'est cloitrée dans un espoir fou et insensé que son mari puisse un jour changer de comportement.
Une femme qui s'est emprisonnée dans ses grandes douleurs muettes, avec la triste conviction qu'elle ne vaut rien et que finalement tout son malheur doit être quelque part de sa faute.

Une femme qui continue de se farder ou de porter ce foulard pour cacher ses bleus et ses ecchymoses.

Valentine, une mère si attentionnée qui vit avec son fils dans une angoisse continuelle et terreur journalière.
Une mère qui parfois au bord de la rupture, s'efforce à toujours donner le plus de douceur possible, le plus grand amour à Nathan.
*

« Ce matin un couple de voisins vient d'aménager. Elle s'appelle Suzette. C'est une femme très gaie, souriante et avenante. Son mari s'appelle Guy… »
*

Mais j'arrête d'écrire pour aujourd'hui, pour aussi ne pas révéler toute l'histoire de ce magnifique roman. Un livre qui s'est refermé sur un journal intime émouvant et sur une fin magistrale qui m'a mouillé les yeux.
Car ce roman n'est pas seulement une histoire sur une violence domestique dévastatrice.
C'est aussi l'histoire de la vie de Valentine qui ressemble à toutes ces vies de femmes, figées et anesthésiées par leurs profondes douleurs.
C'est l'histoire de la cruauté des hommes, les plus minables, les plus dégénérés.
C'est l'histoire d'une déconstruction perfide et violatrice.
C'est l'histoire d'une très longue reconstruction bienfaitrice.
C'est l'histoire d'un pardon.
C'est l'histoire d'un amour d'une mère pour sa fille.
C'est l'histoire d'un amour d'une mère protectrice pour son fils vulnérable.
*

Il est maintenant 11h15. Au moment où je termine ce commentaire, Une pensée glacée me traverse.
Quelque part en France où ailleurs, une femme anonyme vient de mourir sous les coups de poing de son compagnon ou de son mari assassin…

J'ai cru voir son souffle de vie, passer dans le ciel tout bleu de ce lundi de février.
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