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Critique de RChris


"Je voudrais votre roman qui se passe à Verdun”, ai-je dit à Claire Norton en séance de dédicace à la librairie Entrée Livres, que vous retrouverez d'ailleurs dans le roman.
Le contact fut agréable et sympathique et nous avons parlé de Babelio.
Ayant dit que j'étais un chroniqueur régulier, j'ai aujourd'hui la pression… que je vais essayer d'alléger en m'adressant directement à vous, l'auteure…

Vous avez fait naître Valentine le 21 février à 7h15 : “J'ai donc poussé mon premier cri précisément soixante-dix ans après le début de la bataille de Verdun, qui allait faire plus de 300 000 morts et 700 000 blessés. Comment ne pas voir dans cette concordance de dates un mauvais présage ?”

Valentine tient le journal de sa vie sans révolte, comme une abnégation, brisée par cet enjôleur “engeôleur” de mari.

Vous décrivez parfaitement le phénomène de l'emprise et de l'habituation progressive de l'inacceptable, comme dans la parabole de la grenouille illustrant le cheminement de la femme battue : “Une grenouille vivante est plongée dans une marmite d'eau froide. Elle s'y sent bien. puis on allume le feu et l'eau se met à chauffer doucement. D'abord tiède ; la grenouille y est toujours bien. la température continue de grimper. Puis chaude ; la grenouille se fatigue mais elle ne bouge pas. Puis brûlante ; la grenouille est alors trop affaiblie pour réagir. Et lorsque l'eau se met à bouillir, la grenouille va mourir sans avoir à aucun moment tenté de sauter hors de la marmite.”

Vous montrez parfaitement les corollaires de l'emprise faite du dénigrement permanent, de l'isolation sociale de l'autre.

C'est un thème difficile qui est au coeur de votre roman et vous mettez des coups dans les poings de D. pour bien appuyer les violences conjugales.
A ce propos, dans une note finale, vous répondez à une remarque que je voulais vous faire ; en effet, j'ai été surpris de l'irruption de scènes très violentes et décrites sans ellipse qui contrastent avec le quotidien difficile mais feutré et discret d'une Valentine si attachante. Et vous nous dites : “De fait, vous aurez peut-être trouvé certains des passages très durs. Croyez bien que j'en ai allégé bon nombre, pourtant inspirés de scènes réelles. Mais il n'était pas possible d'édulcorer la réalité de ce que ces femmes vivent".
Vous nous livrez avoir fait une rencontre parmi les 220 000 victimes de violence en France.
Vous avez voulu ainsi nous interpeller dans un roman sur la méconnaissance du phénomène des violences intra-conjugales. “elles ne se complaisent pas dans la victimisation”.
Et en cela je vous comprends mieux par cette note. D'ailleurs, je vais recommander votre livre à une personne adepte des témoignages “vrais”.

Mais permettez-moi, chère Claire (maintenant que l'on se connaît !) , de vous dire que j'aurais aimé mieux comprendre D..
Au-delà de la jalousie, quel est son fonctionnement, les motifs de ses agissements ? Je dis sciemment “comprendre” car en France la réponse de notre société aux comportements violents est principalement répressive, alors que d'autres pays proposent en complément une approche thérapeutique. Mais peut-être qu'approfondir le personnage masculin aurait brouillé le message que vous vouliez faire passer.

Mais je ne voudrais pas faire croire que votre livre est un essai, non, c'est un roman qui se lit en nous déterminant à vouloir “aider” Valentine.
C'est un roman sensible dans lequel on partage les tensions et les émotions dont vous avez su mener les ressorts dramatiques, jusqu'à me tirer des larmes.

Pour cette dernière raison et d'autres qui tiennent à votre façon de raconter, je vous attribue mes cinq étoiles alors que la concurrence était rude puisque je lisais en parallèle “Voyage au bout de la nuit ”: “on passe son temps à tuer ou à adorer en ce monde et cela tout ensemble.”


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