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Critique de Lolatanev


Tu sais, il est 1h06, il serait sans doute plus raisonnable de me blottir dans les draps de mon lit et de n'en ressortir que le lendemain, après une bonne nuit de sommeil revigorante. Seulement, je viens de terminer le roman de Claire Norton « Celle que je suis ». Tu dois te douter de l'état dans lequel je suis, inconsolable, dévastée, furieuse, malheureuse, soulagée ? admirative ? Tant d'émotions contradictoires me traversent tant ma lecture fut ambivalente. Pour te conter rapidement mon histoire avec ce roman, il s'agit d'un ouvrage que j'avais commencé l'année passée, à la même période. J'étais en Corse et sous la chaleur étourdissante d'une plage de sable, je m'étais attelée à sa lecture mais je me sentais incapable de lire ce livre à ce moment précis. C'était la première fois que je délaissais un roman avec l'assurance certaine de le rouvrir à un autre moment. C'était comme si je savais qu'il était destiné à un autre instant. Pourtant, je crois que le déclic a eu lieu lorsque j'ai rencontré l'autrice qui m'en a si bien parlé, m'expliquant sa démarche et la naissance du livre, tous ces témoignages de femmes, tous ces combats. Tout un tas de choses qui a rendu cette discussion vivifiante et terriblement passionnante, qui plus est l'envie de reprendre ma lecture s'est diablement fait ressentir.
Alors aujourd'hui, quand j'ai demandé à mon frère de choisir parmi ma pile à lire le livre de son choix et qu'il me l'a désigné, j'ai su que j'allais devoir m'armer de beaucoup de courage et surtout que je n'allais plus jamais laisser traîner cette lecture, même pas sur plus d'une journée.
C'est ainsi que je me suis lancée à corps perdu dans cet engrenage malsain que subit Valentine depuis des années.
Victime d'un mari violent, Valentine fait preuve d'énormément de courage pour protéger son fils, quitte à rester, quitte à ne même pas envisager de partir sous les coups qui ploient. Mais elle fait une rencontre, plusieurs, qui vont peut-être lui faire ouvrir les yeux et opérer ce déclic dont elle a tant besoin.
Écoute, plus j'avance et plus je m'égare.
Tout est si bien écrit qu'il m'est presque difficile d'ajouter d'autres mots.
Il y aura des scènes particulièrement violentes, horrifiantes, traumatisantes et comme Valentine, comme des milliers de femmes (220 000 en France chaque année, c'est Claire qui l'a écrit) il te faudra les affronter.
Le but n'est pas de te faire subir ça sans raison, ne t'en fais pas, tout vient à point à qui sait attendre alors ne doute pas des bonnes intentions de l'autrice qui fait un travail que je trouve ici formidable et qu'on oublie trop souvent de souligner.
L'écriture ce n'est pas seulement divertir, ce n'est pas toujours s'évader, c'est parfois revenir les pieds sur terre, passer un message, plusieurs messages, c'est interpeller, aider, saisir, capter l'intérêt des autres afin de faire ouvrir les yeux sur des sujets encore trop tabous.
Il est à présent vingt minutes plus tard, pour que tu aies la notion du temps, pour que tu comprennes que j'ai besoin de te décrire tout ce que je ressens, tout ce à quoi je pense, et en même temps tout est si flou, je n'ai même pas eu le temps de souffler que je me suis mise en tête de t'écrire de suite, parce qu'il n'était pas question d'aller dormir sans laisser une trace de Valentine, Nathan, Suzette, Guy, Vincent, Dominique et Gaëlle quelque part.
Parce que c'était maintenant, à cet instant précis que j'étais la plus vulnérable et en même temps la plus authentique. Je ne mesure plus rien si ce n'est la bravoure de toutes ces femmes dont on ne connait pas le quotidien, qui restent, qui tentent de s'échapper, qui souffrent tellement que ça les rend malades, que ça les tuent.
Je suis révoltée parce qu'on ne parle pas là d'une époque révolue, d'actes passés qui seraient dorénavant rigoureusement punis, non, rien de tout ça n'est fictif, rien de tout ça n'est à prendre à la légère.
Les violences conjugales sont réelles, existent et comme je le disais précédemment dans mon post consacré à « jamais plus », même quand on ne se sent pas concernés, on le devient.
Je tiens à remercier principalement Claire Norton pour ce récit troublant de vraisemblance qui m'a retourné le coeur mais qui est terriblement nécessaire. Merci d'avoir permis à ces femmes de se confier, de livrer leurs histoires, leurs douleurs, leurs fêlures.
Pour terminer, je voudrais insérer ces quelques mots de l'autrice même si, si je le pouvais, c'est le roman entier que je vous ajouterais ;
« L'existence est ainsi faite de rencontres, de visages, d'histoires qui parfois se superposent. Mais chaque vie est unique. Chacune d'elles a une valeur. Et toutes méritent d'être sauvées. Qui que vous soyez, pensez-y. »
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