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Critique de dancingbrave


Un texte d'une grande subtilité, d'une profondeur notoire et d'une tenue stylistique majoritairement plaisante, mélangeant incarnation, carnation, peau, écorce. Sensations. Un texte très, très, physique.

Une lecture qui m'a bien surpris. J'avais lu, il y a quelques semaine une bien curieuse et agréable « autobiographie » de Jésus (Yéshoua de Chloé Dubreuil) et, par un hasard bienvenu, me voici plongé de nouveau dans un texte très original nous contant les dernières heures de Jésus.

Alors, évidemment, la tentation m'est grande de comparer les deux romans.
Si le pavé de Chloé Dubreuil fleuretait souvent avec la poésie par sa forme et ses idées, l'homme Jésus était présenté comme un simple être humain, occultant adroitement tout miracle.
Ce court roman d'Amélie Nothomb, lui, ne fait guère de place à la poésie mais nous livre des idées originales, nous assène de belles vérités quant à la nature humaine, quant à l'amour, quant à la douleur et à la mort.
Jésus s'y présente bien comme cet homme dans lequel Dieu s'est incarné, devenant son père.
Un père que son fils déjuge, trouve maladroit car privé d'un corps véritable.
D'un corps capable de ressentir la douleur, l'amour d'un seul et non de l'humanité.
D'un corps capable de ressentir la mort.
D'un corps capable de ressentir la….soif.
Dieu, son père, est amour. Mais est-il le Bien ?
A juger de sa bévue, en suppliciant son fils ou même en ayant créé des êtres capables d'inventer un tel supplice, il nous faut en douter, nous fait-il comprendre.


J'ai été très sensible à l'abandon total – « j'ai cessé d'exister » - que Jésus doit atteindre pour réaliser ses miracles. Un abandon proche, s'il n'est carrément pas de la même essence, de l'éveil du Bouddha
Cet abandon est prétexte original à la mise en avant de la notion de carnation, de peau, d'écorce sous jacente. Curieuse géométrie qui place l'écorce sous la peau. Mais cette écorce nothombienne est une structure. La structure véritable de l'être humain, celle qui le lie à l'univers et sans doute à Dieu.
« Ce que l'esprit ne comprend pas, le corps le saisit ». Encore faut-il que l'esprit se taise.

J'ai aimé encore à cette soif guettée, recherchée, garante du divin. Mais là je n'en dis pas trop car elle est l'axe de ce roman qu'il faut découvrir.

J'ai aimé, toujours, les pages magnifiques qu'Amélie Nothomb nous livre sur la résurrection du Christ contée par lui-même. Un moment d'une grande gaîté à mille lieues des ténèbres religieuses. Une sorte d'évidence.

J'ai enfin beaucoup aimé cette remarque de l'auteur dans sa conclusion
« Croire » et « avoir la foi » sont des verbes qui se doivent d'être conjugués à la forme intransitive pour devenir magnifiques.

Je ne connais pas encore bien l'oeuvre d'Amélie Nothomb. J'ai entendu dire dans les couloirs, qu'elle passait pour être assez irrégulière dans la qualité de ses écrits (j'en ai croisé). Mais j'avoue avoir été épaté par ce brillant texte.




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