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Citations sur Hors de Portée : Le musicien silencieux (4)

Nous sommes passés au travers du printemps de mai, sans nous soucier de ce qui agitait le pays. Trop jeunes, peut-être. Il faut dire aussi qu'à Bourges, l'encéphalogramme de la ville est resté plat comme d'habitude. En y repensant, je dirai que nous avons créé notre révolution à nous. Profitant de la fermeture du lycée, nous restions des journées entières à parler, parler, parler. Sans la contrainte du temps minuté des emplois du temps, des repas familiaux, des heures de rentrée obligatoires. Finalement c'est cela que je retiendrai de cette période agitée, le temps libre. Le temps defaire ce que nous avions envie de faire.
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Dans des circonstances qu’il appartiendra au narrateur de dévoiler, Edmond Le Palestel décida de s’établir à Bourges, avant dernière étape de son tour de France de compagnon maçon vers Paris.
Ce cadet d’une famille d’éleveurs de bovins viande à Commentry dans l’Allier se vit contraint de quitter la ferme familiale pour tenter sa chance à Bourganeuf puis à Guéret, ville dans laquelle un compagnon maçon du nom de Charles Rochard l’initia au métier de bâtisseur.
Le garçon était taciturne, autiste dirait-on maintenant. Il déclaraun jour à son tuteur : « Mon père fait pousser de l’orge et de l’avoine, moi je me contenterai de faire sortir des maisons de terre ! ».
Le compagnon Rochard et son épouse Ninette virent en lui le rejeton qu’ils n’avaient pu concevoir. Charles la Sagesse, réputé pour la justesse de ses sentences, n’eut alors de cesse de faire d’Edmond son digne successeur. La recommandation de son maître en poche, Edmond partit faire son tour de France. Un séjour profitable auprès des compagnons du devoir sur les bords de Loire à Tours, rue des Trois Ecritoires aux bons soins de la mère Jacob, le décida de monter sur Paris, fort de son savoir tout neuf et de son patronyme d’Edmond la Constance. Il aurait préféré Edmond la Conscience ou Edmond la Technique, mais les assemblées de compagnons du devoir plaisantent rarement avec les patronymes et ne goûtent guère les mystères de Paris, leurs énigmes mystérieuses et leurs personnages ombrageux.
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19 mai 1974 : Le poète et le financier
La France avait changé, ou du moins comme le laissait entendre le jeune énarque de quarante-huit ans que les Français avaient porté au pouvoir suprême, elle allait changer, elle devait changer et lui se chargerait de la faire changer.
Il prenait une succession difficile. Celle d’un ancien banquier de la banque Rothschild, introduit dans le milieu des affaires, riche d’une expérience réussie de Premier Ministre.
« Un juif » disaient certains contempteurs du Pompidolisme renouant avec un courant de pensée que l’on croyait à jamais disparu après le 8 mai 1945. Parodiant le nom du village de naissance de l’infortuné Président prématurément disparu, Montboudif, ils l’avaient rebaptisé « Mon bout d’juif», illustrant s’il en était besoin le caractère nauséabond de leur humour.
Cet homme à l’allure de Français moyen, le crâne dégarni, lesté d’un honorable embonpoint, avait l’air d’un pingouin endimanché.
Une éternelle cigarette au coin de la bouche lui donnait ce sourire ambigu des fumeurs compulsifs, l’obligeait à garder son œil droit à demi clos comme celui d’un vieux matou toujours à l’affut.
Les Français l’aimaient bien, même si quelques-uns lui reprochaient son anthologie de la poésie française qui déparait dans le paysage politique, de même que la silhouette filiforme de son épouse, une grande perche blonde au sourire de madone.
Après le slogan « Charlot, des sous ! » les syndicalistes avaient entonné sur l’air d’Il était un petit navire « Ohé ! Ohé ! Pompidou, Pompidou navigue sur nos sous ! » Ce qui dénotait un sens rare de l’à-propos et une reconnaissance courageuse des qualités de « l’ennemi ».
Giscard avait poussé Charlot dehors avec son « Oui, mais ! » et attendait son tour dans l’ombre, justifiant le surnom de Christopher Lee de la politique qu’on lui donnait dans certains bars populaires acquis à la Gauche qui montait dans le pays.
La disparition de l’homme de Montboudif lui apparut comme un signe du destin qu’il ne refuserait pas.
Il parvint au pouvoir en réussissant le mariage politique de la carpe et du lapin, lui dans le rôle du lapin, Chirac dans celui de la carpe. Ou l’inverse selon les opinions politiques des analystes.
Le destin lui fut cruel. Son concept pourtant audacieux et attractif de Société Libérale Avancée se fracassa sur un premier choc pétrolier. Choc que les pays producteurs prirent un malin plaisir à répéter.
Son septennat fut celui des plans de relance dont aucun ne produisit les effets escomptés.
De la Société Libérale Avancée supposée apporter l’aisance économique aux Français il ne restait que les apparences. Plus de queue de pie, col roulé sous la veste, accordéon et dîner impromptu chez le citoyen moyen. Les mauvaises langues ajoutent retour à l’heure du laitier par les portes dérobées du palais.
Une autre réforme majeure du septennat fut, pour rester dans le domaine musical, le ralentissement du tempo de la Marseillaise passant de 9 à 7 temps par minute, laissant ainsi aux oreilles et aux yeux des Français, le loisir de s’imprégner de la majesté de la marche présidentielle.
Son gros coup fut le passage de la majorité de vingt-et-un à dix-huit ans. Mais il recula devant l’obstacle en refusant la demande de grâce de Buffet et Bontemps qui aurait pu préfigurer une abolition de la peine de mort. C’est aussi derrière Simone Veil qu’il s’est abrité pour légaliser le droit à l’avortement.
La France de VGE vivait d’espoirs déçus alors qu’elle voyait se profiler la fin des années de vaches grasses. Toute une génération avait pourtant cru au projet de société libérale avancée qui allait propulser le pays aux avants postes des nations qui se préparaient à entrer dans le XXIème siècle.
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L'harmonie pathétique d'accords sortis des caisses en bois vernis de guitares accoustiques, voyageant au bras des héros incertains, exprime leurs espoirs déçus, leur foi dans les amis, les mères et les fiancés, les bars où ils se retrouvent comme au premier jour malgré la proximité de la mort.
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