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Critique de Brooklyn_by_the_sea


"La Californie, c'est beau et félin comme une fille sous héroïne." disait le Motorcycle Boy dans "Rusty James".
Ike, 19 ans, vit avec son oncle et sa grand-mère dans une station-service perdue dans le désert californien. Sa soeur a fugué deux ans auparavant, avide de vivre, mais elle n'a plus jamais donné de nouvelles. Et un jour, un type arrivé de nulle part informe Ike que sa soeur trainait sur la côte avec des surfers pas nets, mais qu'elle a disparu. Ike décide alors de partir à sa recherche.

Roman d'apprentissage et roman noir, histoire très dure que celle de ce petit gars, Ike, plouc du désert si chétif qu'on lui donne à peine 17 ans, jamais sorti de son trou et qui part affronter le monde pour retrouver sa grande soeur. Il découvre l'océan à Huntington Beach, s'étourdit entre les surfers et les motards, les hippies et les punks, qui tous trempent dans des affaires sordides. Y résistera-t'il ou cèdera-t'il ?
J'ai été très impressionnée par la reconstitution de cette Californie des années 70, peuplée de vétérans du Vietnam, de fugueurs et de drogués. Il y a un climat de violence, de méfiance, qui est très pesant. On a beau être au bord du Pacifique et sous des nuances de ciel somptueuses, les âmes sont aussi sales que les rues. Seul le surf apporte quelques instants de beauté, lorsque Kem Nunn parvient à saisir et retranscrire la majesté de la communion avec l'eau ; mais cette pureté ne dure jamais.
Le style sec, qui ne s'épanouit que dans la description des paysages, entretient la sensation de malaise et d'oppression : il y a quelque chose de très malsain dans cette histoire, d'âpre et de désespéré, et en cela, c'est du beau travail d'écriture. J'ai toutefois regretté l'emploi de termes crus qui m'ont semblé inutiles dans leur contexte, mais peut-être que l'auteur y a vu un moyen de viriliser son intrigue -à mon sens, ça l'appauvrit.

Ca reste néanmoins un roman très réussi dans son genre, glaçant malgré le soleil californien, et éprouvant à lire en raison de la tension maintenue tout au long de ses 300 pages.
"Elle est défoncée à bloc, elle se croit sur le toit du monde. Elle ne sait pas qu'elle meurt les bras pleins de trous." ajoutait le Motorcycle Boy.

(merci, Isidore, de m'avoir fait découvrir ce roman et cet auteur !)
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