Payot - Marque Page - Kem Nunn - Chance
Il y a deux catégories de douleurs dans la vie. La douleur de la discipline et la douleur du remords.
Parfois, l'essentiel est de croire en quelque chose. C'est le conseil de base qu'on donne aux malades en phase terminale.
Deux choses, répondit Big D sans jamais le quitter des yeux. Ce sont les émotions qui parlent. Tu as peur. Tu es en pleine retombée d'adrénaline. Si j'avais le temps... Je pourrais t'apprendre comment gérer ça, comment y réfléchir. Mais il faut que je te dise la deuxième chose, et tu vas comprendre très simplement... Si jamais tu m'appelles encore une fois Darius, je te mets mon poing en pleine face.
Il était parti sans savoir ce qui l'avait amenée ici ni pourquoi elle semblait porter une certaine affection à Sam Fahey. Il s'était dit en partant et se redisait à nouveau que c'était drôle comme certains se sentaient attirés par cet homme...D'abord son coéquipier, et maintenant cette fille. Mais les épaves faisaient cet effet-là parfois. Il y avait des femmes, et des hommes aussi, qui n'étaient heureux que quand ils pouvaient se raccrocher à un être humain en perdition et veiller sur lui.
- Lascif n'est pas un terme que j'aurais pensé à associer à des vers, dit-elle.
- Les vers sont hermaphrodites. En théorie, ils devraient pouvoir s'autoféconder, mais, dans la réalité, ça ne semble pas se produire. Ils s'accouplent avec d'autres vers, ces petits saligauds romantiques.
Elle était robuste. Il était ivre. Elle voulait absolument prendre sa queue dans sa main. Absolument convaincu que cela le mènerait à sa perte, Chance se débattit pour l’en empêcher. Il lutta, tel Jacob avec les anges, mais pour des raisons opposées. Quand ce dernier espérait obtenir une bénédiction, Chance voulait surtout l’éviter.
Fahey considérait comme l’une des petites leçons que lui avait enseigné la vie de savoir que les gens faisaient rarement ce qu’il prétendaient être en train de faire, même quand ils n’essayaient de convaincre qu’eux-mêmes.
(10/18, p. 23)
Les deux blondes se levèrent et se mirent à danser, leurs corps pareils à des flammes minces léchant les murs.
(...) il réalisait que surfer, ce n’était pas seulement prendre les vagues. Cela le frappa, ce matin-là. Ce qu’il faisait n’était pas fractionné en plusieurs séquences : ramer, prendre les vagues, se mettre debout. Tout à coup ce n’était plus qu’un acte unique, une fluide série de mouvements, un seul mouvement, même. Tout se mélangeait jusqu’à n’être plus qu’un : les oiseaux, les marsouins, les algues reflétant le soleil à travers l’eau, une seule et même chose dont il faisait partie. Il ne se branchait pas seulement à la source, il était la source.
Le soleil était déjà haut lorsqu’il atteignit le Sea View. Les rues étaient chaudes et la machinerie de la ville s’échauffait elle aussi et montait en régime, lubrifiée à l’huile de hasch et à l’ambre solaire, speedée à la cocaïne, haletant au rythme de quelque hymne new wave.