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Critique de AmandineMM


"Entre le tableau et le livre, le lien est étroit. Non seulement la surface de la page, de la toile, sa pâleur, son étendue à peupler, son mystère à dévoiler. Mais l'un et l'autre s'ouvrent telles des fenêtres sur le monde. Fuite conjuguée vers la profondeur et l'ampleur. La vision est à la fois centrale et périphérique. Elle va du coup de foudre ou de l'anecdote à l'étude serrée, au déchiffrement minutieux." [p. 5.]

C'est donc par le biais de la peinture que Colette Nys-Mazure célèbre la lecture. Elle a sélectionné une série d'oeuvres de diverses époques (souvent le 20e siècle, m'a-t-il semblé) et les présente dans un ordre assez aléatoire, tout en établissant de temps à autre des séries de deux ou trois toiles autour d'un thème commun : enfants, femme et enfant, écrivains (Mallarmé, Erasme, Baudelaire ou Zola, par exemple), artistes représentés par d'autres (Monet par Renoir), etc. Les reproductions sont toutes de très bonne qualité et occupent une demi-page, parfois un peu plus. Si les poses et les mises en situation, comme les artistes, sont variées, l'auteure remarque elle-même une grande présence de lectrices :
"Dieu, ces femmes ! Comment ne pas être séduit, confondu ? La coulée blanche de la nuque entre l'encolure lâche et la chevelure souplement relevée ; le mince serpent du collier en or ; le profil captif. Ce qu'elles veulent bien nous dévoiler : la grâce de l'avant-bras, de la main. Des robes les vêtent d'un nuage. Dans la pièce sombre – son camaïeu de bruns et de verts – une floraison fragile à son degré de perfection. La lumière se concentre sur la peau de la nuque et du dos dans l'abandon diagonal du corps vers l'arrière. L'attention de la belle lectrice est pour l'album de mode. Tu peux peindre, je me dérobe, je fuis, légère : dentelle transparente de la manche." [En parallèle du tableau Portrait d'Helen Gow d'Alexander Mann ; pp. 136-137.]

Les lecteurs ne sont pas absents pour autant, de même que les écrivains. C'est l'un de mes regrets quant au choix des toiles : certaines représentent des hommes ou des femmes écrivant plutôt que lisant, voire des personnes de dos, dont on ne peut être vraiment sûr qu'ils lisent. On peut alors se poser la question du champ de la lecture, il est vrai – toute écriture ne passe-t-elle pas par une lecture préalable, notamment lors d'une réponse à une lettre ? Toute écriture n'est-elle pas une lecture de ses pensées ? –, mais on ne s'éloigne pas moins selon moi du premier objet de ce livre : la célébration de la lecture.

Face aux peintures, Colette Nys-Mazure place un court texte de sa composition, très descriptif, parfois tendant vers le narratif. Elle propose de cette façon sa vision de l'oeuvre au lecteur, mettant en valeur certains détails, en interprétant d'autres. Elle souhaite s'inscrire dans la chaîne de la lecture et de l'interprétation, sachant que ses textes seront à leur tour perçu par chaque lecteur différemment, en fonction de leur propre sensibilité, de même que les tableaux. Elle qualifie cela non pas de chaîne ou d'héritage fécond, mais d'éclats en tous sens. [p. 5.] Cela rend en effet bien compte du caractère très éclectique des commentaires, traductions de ses sensations et impressions. Pour cette raison, ils sont difficiles à classer dans une catégorie ou l'autre. Quoi qu'il en soit, ils m'ont semblé très agréables à lire, en regard de l'oeuvre ou indépendamment.

Un beau-livre que je prendrai plaisir à feuilleter à nouveau de temps à autre.

Lien : http://minoualu.blogspot.be/..
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