Dieu, ces femmes ! Comment ne pas être séduit, confondu ? La coulée blanche de la nuque entre l’encolure lâche et la chevelure souplement relevée ; le mince serpent du collier en or ; le profil captif. Ce qu’elles veulent bien nous dévoiler : la grâce de l’avant-bras, de la main. Des robes les vêtent d’un nuage. Dans la pièce sombre – son camaïeu de bruns et de verts – une floraison fragile à son degré de perfection. La lumière se concentre sur la peau de la nuque et du dos dans l’abandon diagonal du corps vers l’arrière. L’attention de la belle lectrice est pour l’album de mode. Tu peux peindre, je me dérobe, je fuis, légère : dentelle transparente de la manche.
[En parallèle du tableau Portrait d’Helen Gow d’Alexander Mann]
Ce diptyque mère-fille, chacune emportée dans son univers propre - train ou intrigue - nous interroge. Le voyage les arrache à elles-mêmes.
[Extrait du texte en parallèle de "Le Chemin de fer, gare Saint-Lazare" (1873) d'Edouard Manet]
Ai-je vraiment bien lu ? Envie de froisser, déchirer, piétiner ce message qui m'atterre. Comment est-ce possible ? J'avais écrit "blanc", elle a lu "noir". Je vois rouge et triste. Trouverai-je les mots qui renoueront les liens mis à mal par ce malentendu, cette opacité entre nous ?
[Extrait du texte en parallèle de "Misia à son bureau" (1897) de Félix Vallotton
Entre le tableau et le livre, le lien est étroit. Non seulement la surface de la page, de la toile, sa pâleur, son étendue à peupler, son mystère à dévoiler. Mais l'un et l'autre s'ouvrent telles des fenêtres sur le monde. Fuite conjuguée vers la profondeur et l'ampleur. La vision est à la fois centrale et périphérique. Elle va du coup de foudre ou de l'anecdote à l'étude serrée, au déchiffrement minutieux.