Mon père, un homme de publicité, disait : « C’est quand on a soi-même la nausée d’un message qu’il commence à passer chez l’autre. » C’est indéniable. Or moi, je pensais qu’il fallait d’abord travailler et finaliser les choses, avant de se présenter publiquement pour « communiquer ».
Hubert tenait des carnets et ensuite un blog (il était toujours à la pointe de la technologie) qui nous terrorisaient tous. Tous ceux qui venaient dîner au Paradou, au Mas, se demandaient comment ils allaient être traités ensuite sur le fameux blog. Je ne sais pas comment cela avait commencé. Pour ma part, je préférais les carnets, qu’il a tenu à publier en les expurgeant des commentaires et remarques inutiles. Mais je n’étais pas à l’aise avec ce qu’il disait sur son blog, parfois même vraiment gênée. Évidemment, cela n’avait rien à voir avec ce qui se passe aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Tout ce qui était écrit l’était avec élégance et amabilité, mais certains qui se sont retrouvés sur son blog se sont fâchés. Hubert était un homme qui aimait plaire, or il savait forcément que ses écrits le mettaient en porte-à-faux par rapport aux gens dont il parlait. Je ne comprends pas pourquoi il en a eu besoin. Il ne pouvait pas s’en empêcher, semble-t-il.
Après dix-sept mois dans un ministère, je sais désormais qu'avoir des convictions et être enthousiaste ne peut pas suffire. Il faut aussi connaître les institutions. C'est du reste une chose que je recommanderais pour l'avenir : je pense qu'il est intéressant et pertinent de choisir des ministres qui viennent de la société civile, mais il faut les accompagner un minimum. (p. 123)
Le goût de la lecture se nourrit dès le plus jeune âge, et être éditeur, c'est aussi s'adresser aux plus jeunes. (p. 55)
Rencontrer les auteurs, les artistes, ne prend pas un temps infini mais peut éclairer et nourrir la réflexion. (p. 309)
Comment préférer un monde purement matérialiste, où la consommation est omniprésente, où nos enfants sont considérés comme un marché à exploiter, et dont on sait aujourd'hui les limites et l'impact destructeur pour ceux mêmes qui en profitent, à un monde où apprendre à vivre ensemble et respecter la nature amène une vraie richesse amplifiée par le lien et le partage avec l'autre, nourrie de la culture, sous tous ses aspects ? (p. 295)
La culture est une mission qui mérite passion et engagement. Elle a besoin, plus que jamais, d'être considérée comme un sujet de société majeur. (p. 274)
Je ne suis pas certaine que Nicolas Hulot et moi-même ayons été des ministres choisis par le Premier ministre. Nous n'étions pas des ministres politiques. Nous étions portés par notre engagement citoyen, notre expérience de la société civile, et par une vision de ce que nous voulions accomplir. Le Premier ministre a une idée plus classique et plus politique traditionnelle de ces choses, me semble-t-il. Nous étions quant à nous des francs-tireurs, nous étions guidés par nos convictions et par ce que nous estimions urgent de faire. (p. 224)
Le théâtre aussi, est un art qui rassemble, qui enseigne l’écoute, l'attention aux autres, et l’importance du groupe. [...] C'est aussi un magnifique antidote à la solitude. (p. 171)
Le ministère de la Culture doit s'emparer de cette question de la culture pour tous. Il est urgent de travailler pour remédier aux fractures culturelles existantes. Combien de fois entend-on "la culture, ce n'est pas pour moi", combien de gens se sentent exclus de la culture ! La culture doit être une chance pour tous, et non un privilège pour quelques-uns. Il s'agit de combattre la "ségrégation culturelle". Cela a été le cœur de mon action. (p. 157)