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Critique de Litteraflure


Il faut une empathie extraordinaire pour se glisser dans la peau de ces filles incarcérées par Boko Haram. Edna O'Brien est loin de son Irlande natale et rien, si ce n'est sa curiosité, sa sensibilité et son humanité de grande écrivaine, ne la prédispose à raconter cette histoire de survie. Son récit est glaçant. Dans les camps des djihadistes, le sourire est une invitation au viol et le mariage, même au plus infâme des tortionnaires, peut se révéler salvateur. On suit ses mésaventures avec angoisse et l'impression d'assister à un interminable chute de Charybde en Scylla. Puis viendra le salut, des nomades, des autorités puis des religieuses, qui lui apportent la seule chose dont elle et son bébé ont vitalement besoin : la sécurité. On ressent la pudeur de l'auteure, son humilité devant les vies déviées de ces filles que rien ne préparait à l'horreur. Plus que le martyre des camps, c'est l'épreuve du retour qui est la plus cruelle. le risque, pour O'brien, eut été de juger les faits abominables avec son regard d'européenne. Un écueil qu'elle évite grâce à ses trois ans d'investigation et sa soif de comprendre (si tous les écrivains pouvaient se donner ce mal…). Les référents culturels changent, et nos regards s'en trouvent bouleversés. Quoi, la jeune fille abusée est considérée par sa famille comme souillée ? On la rejette, on la répudie, on songe à tuer son enfant illégitime ? C'est l'intolérable vérité décrite par l'écrivaine. Les exactions des djihadistes surviennent comme une loterie perverse ; bienheureuse celle qui s'en sortira indemne. Si le livre d'O'Brien sonne parfois comme une leçon bien apprise, et qu'il pâtit un peu de son académisme, il n'en reste pas moins un témoignage juste et poignant sur cet épisode sombre de l'histoire du Nigéria.
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