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Critique de Pecosa


Dans la famille des auteurs de romans noirs les plus singuliers, je demande le fils prodigue Jack O'Connell, dont les romans vous hantent longtemps après les avoir lus.
L'homme a créé une géographie imaginaire, Quinsigamond, ville industrielle de la côte Est en proie à des violences urbaines récurrentes. Certains quartiers sont bohèmes, d'autres, en ruine, et tous servent de cadre à une série de romans inclassables qui donnent à la Cité un visage mouvant et sombre, et à l'Amérique post-industrielle des airs de Dorian Gray sur toile.
Détourner les codes du Noir , les briser avec style pour disséquer les rouages de la violence (Dans les limbes), du pouvoir (Ondes de choc), de la puissance du langage ( Et le verbe s'est fait chair -attention, panneau lumineux « Lecture percutante »- B.P 9), et avec Porno Palace ceux de l'image, à travers le cinéma, la photographie, et l'iconographie au sens large.

Jakob Kinski, fils d'Hermann, le mafieux de Quinsigamond, ne rêve que de cinéma et désire devenir réalisateur. Au cinéma Porno Palace, convoité par Kinski, et vomi par les évangélistes, le propriétaire Hugo Schick, intellectuel féru d'Art et d'Essai, tourne et diffuse des films pornographiques. Pendant ce temps, Sylvia, passionnée de photographie, se voit offrir un Aquinas d'occasion, dans lequel elle trouve une pellicule qu'elle développe. Sept magnifiques clichés apparaissent, représentant dans une pièce délabrée, une femme dont on ne voit pas le visage, posant avec un enfant. Leurs destins se télescopent, le romancier éclate la narration pour s'interroger sur la puissance de l'image dans la société moderne, nourrit le roman de références sur le cinéma qui enchanteront les amoureux de la Toile, et nous perd, comme il perd ses personnages dans des univers parallèles qui gravitent pourtant tous autour de ce mastodonte Art déco de l'Age d'or du cinématographe qu'est le Porno Palace: « exemple-type de la forme qui épouse la fonction, exemple conçu par un mégalomane visionnaire nourri d'hallucinogènes et de romans gothiques. L'édifice est théâtral au point de friser l'autoparodie, mais sans jamais franchir la limite. »

Porno Palace est donc un OLNI de la plus belle eau. Certains crient à l'esbrouffe, j'y vois un mausolée à la décrépitude. Dommage que le brillant O'Connell soit Classé Confidentiel, il y a tant de créativité, d'imagination, de niveaux de lecture dans ses romans.
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