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Critique de nadejda


Je me suis plongée dans la correspondance de Flannery O’Connor suite à la lecture de Savannah de Jean Rolin où il relit, au cours de son voyage de retour sur les pas de Kate Barry sa compagne disparue, « L’habitude d’être » dans un exemplaire ayant appartenu à celle-ci. Elle y a souligné de nombreux passages dont celui-ci :
Il faut aimer ce monde tout en luttant pour le supporter. » et cela résume toute la vie de Flannery et peut-être aussi celle de Kate.

J’avais aimé les romans et nouvelles de cette auteure et je peux dire après la lecture de cette correspondance qu’elle est devenue pour moi une amie précieuse qui m’a conquise avant tout par sa vivacité, son regard acéré auquel rien n’échappe, son attention envers ses correspondants et envers son entourage et enfin sa simplicité et son courage.
Flannery O’Connor communique une envie de vivre et une énergie qui vous sort de tous les moments d’abattement.
Cette correspondance avec ses amis éditeurs, écrivains ou simples lecteurs permet de mieux comprendre son oeuvre où l’on retrouve des personnages et des anecdotes de sa vie quotidienne que l’on aurait pu croire étriquée, restreinte par la maladie contraignante dont elle souffre alors qu’elle exacerbe son intelligence aigüe des êtres et des choses qu’elle observent d’un oeil parfois impitoyable mais toujours en exerçant son sens de l’humour et non sans un fond de tendresse. J’aime aussi son humilité et qu’elle ne se sente pas au-dessus du lot :

"Je n’ai vraiment pas l’impression que l’artiste ait le droit de se situer au-dessus du commun des mortels. Et d’abord c’est qui le commun des mortels ? J’avoue que je l’ignore. J’en viens à détester ce titre d’artiste, s’il vous place au-dessus des autres alors qu’il ne désigne qu’un certain métier, une façon d’essayer de communiquer et l’espoir d’y parvenir. La matière employée n’est pas plus noble qu’une autre et la volonté de faire de son mieux existe dans n’importe quelle sorte d’activité."


Pour mieux cerner cette jeune femme pleine de vie voilà ce que dit d’elle, dans sa postface intitulée « Dans l’amitié de Flannery" , Gabrielle Rolin qui l’a rencontrée une fois et a correspondu avec elle :
… derrière ses lunettes d’écaille, ses yeux s’ouvrirent, clairs, aigus, si gourmands de vie, qu’ils forçaient le sourire (…) L’irrespect lui fouettait les sangs. Adossée à l’oreiller, elle me décrivit les plaisirs de la ferme : araignées géantes, moustiques venimeux, orties empoisonnées, et des fous comme s’il en pleuvait.

(…)Sa résignation tenait du défi, son sens du comique se nourrissait d’épreuves. Jamais je n’ai rencontré un esprit aussi libre, aussi indifférent aux mode, catégories, étiquettes, volant aussi droit au but : sa vérité

(…) Son drame , c’est qu’il ne savait pas quoi faire de sa souffrance, dit-elle un jour à propos d’un jeune suicidé. Pour sa part, elle en avait l’usage. Elle tirait de ses épreuves, de son angoisse, de ses doutes, la force de les supporter. Non pas de les apprivoiser mais d’en découvrir les richesses, la face cachée, le mystère et la promesse, d’y puiser une raison d’être et d’écrire.

Il n’y a rien à ajouter si ce n’est « Lisez Flannery O’Connor ! » en particulier cette correspondance qui donne envie de découvrir ou redécouvrir ses textes.
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