AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ODP31


ODP31
11 février 2020
Brume londonienne, époque victorienne, humeurs diluviennes et sexualités incertaines.
Ce n'est pas un voyage aux Seychelles que nous offre l'écrivain Joseph O'Connor, frère ainé de la chanteuse Sinead O'Connor ( « Nothing compares » : évocation pour que vous ayez cette chanson dans la tête toute la journée. Ne me remerciez pas).
Pourtant, je ne regrette pas cette sombre ballade en parapluie, enchanté de faire la connaissance de cet univers gothique au style baroque.
Le roman s'inspire d'une histoire vraie et fait suite à une pièce radiophonique créée par l'auteur il y a quelques années.
Trois illustres personnages ramènent à la vie un théâtre abandonné en 1878 : l'acteur anglais Henry Irving, aussi shakespearien que capricieux, sa plus que partenaire Ellen Terry, Sarah Bernhardt des planches anglaises, et l'irlandais Bram Stocker, futur auteur aux dents longues de Dracula mais à la postérité post mortem, administrateur dévoué du Lyceum Theatre.
Les relations entre ces monstres sacrés sont aussi passionnées que troubles et tempétueuses. Dans un Londres terrorisé par les crimes de Jack l'Eventreur, dans des moeurs troublés par le procès d'Oscar Wilde, le roman s'attache à décrire les méandres les plus sombres de la création littéraire et théâtrale. Par sa capacité à envouter les spectateurs et à vampiriser ses proches, Irving apparait comme une source d'inspiration pour Bram Stocker dans la maturation du personnage de Dracula.
Habilement, le récit est structuré de la même façon que le chef d'oeuvre dentaire et couronné de Stocker, témoignages et commentaires se succèdent sans altérer la puissance romanesque de l'histoire.
Si j'ajoute que le théâtre est hanté, que les dialogues sont flamboyants, que l'auteur parvient à débusquer la source mystérieuse de l'inspiration et que les autres personnages du roman, et notamment l'épouse de Bram Stocker ne sont pas que des éléments figés du décor, tous les ingrédients sont réunis pour garantir un roman gothique de haute tenue. Dracula oblige, il s'agit ici d'une littérature bien carnée où les convives utilisent tous les couverts. Pas de gore au programme mais gare aux végans et autres mangeurs de tofu à l'ail qui peuvent s'abstenir.
Fermons ce bal démasqué avec l'ombre de l'auteur, Carine Chichereau. Ayant fait Brexit première langue, je ne peux que saluer la prose de cette traductrice dont le travail ici constitue un écho magnifiant la traversée de la Manche.
Je vais peut-être laisser ma veilleuse allumée cette nuit.
Commenter  J’apprécie          867



Ont apprécié cette critique (76)voir plus




{* *}