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Critique de Stockard


Quand on connait un peu l'oeuvre de Flannery O'Connor et qu'on ouvre un nouvel opus, on sait qu'il y a peu de chance qu'on tombe du lit en découvrant les thèmes qu'elle a choisi de traiter. Depuis le temps, on y est habitué, pas de raison de bifurquer.
Et en effet, ça ne change pas et c'est tant mieux parce qu'en se lançant dans un livre (ici, un recueil de nouvelles) de Flannery, on sait ce qu'on vient y chercher et ce serait une bien mauvaise blague que d'être sournoisement trompé sur la marchandise.
Enfin, tout ça pour dire qu'avec Pourquoi ces nations en tumulte ?, on retrouve les sujets de prédilection de cette immense écrivaine, à travers un condensé de dénonciations baleinantes de l'hypocrisie humaine, du racisme bien pensant (« Alors là moi j'ai aucun problème avec les gens de couleur... quoi ? t'as un nègre pour voisin ? han, t'as pas peur ? déménage vite hein, on sait jamais »), de la cruauté sociale et de la bêtise parfois (souvent) crasse.
En résumé Flannery pointe du doigt cette disposition merveilleusement anthropienne qui veut qu'à chaque fois qu'on se retrouve devant une double conjoncture, on évite toujours soigneusement de choisir le chemin de la bienveillance pour s'engouffrer, tout heureux, dans celui de la charognerie.

« Géranium », la première et plus connue des nouvelles de ce recueil mêle tous ces ingrédients et d'emblée on est plongé dans de la bonne connerie humaine bien poisseuse.
Les textes suivants embrassent sans surprise le même fil rouge de vies sans intérêt dans les grandes villes ou les coins les plus reculés du Sud profond. Flannery O'Connor, en bonne montreuse d'ours, nous convie à observer tous ces gens médiocres ; plus que ça même elle nous invite carrément à jouer les Peeping Tom et on se retrouve vite fait à regarder par le trou de la serrure ces personnages mesquins et suffisants qui, plutôt que d'essayer d'améliorer leurs conditions, préfèrent surnager dans leurs flaques de boue et en rejeter la faute sur le voisin, plus pauvre, plus coloré, moins croyant...

Ces nouvelles font partie des toutes premières créations de Flannery O'Connor et si on sent bien la virtuosité et l'émergence de ce qui deviendra ses antiennes au cours de sa courte, bien trop courte, carrière littéraire, on n'atteint pas encore exactement l'excellence de son recueil phare qu'est Les braves gens ne courent pas les rues, mais nul doute qu'à la lecture de ces écrits originels, on est témoin de la genèse du talent de celle qui sera quelques décennies plus tard considérée comme la prêtresse de la southern literature.
Une réputation qu'elle n'aura pas usurpée. Oh que non.

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