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Critique de Philemont


Comme il est de tradition, un Conteur paye sa traversée en exerçant son métier pour les membres de l'équipage du navire sur lequel il a pris place. Alors que les marins viennent de repêcher le cadavre d'une jeune fille il leur narre deux histoires tragiques, celle du jeune roi Simon dont la soudaine surdité le plonge dans une profonde mélancolie, et celle de Tim, le fils de l'ébéniste, et dont les parents disparaissent tout aussi soudainement. Aussi différents soient-ils, les destins de Simon et de Tim convergent vers l'Huissier de la Nuit, un sorcier à l'origine de bien des maux…
Avec le don, sous-titré L'ultime héritage, Patrick O'LEARY revient aux sources de la Fantasy en rendant hommage aux contes populaires de la tradition orale. Ce faisant il nous propose deux quêtes initiatiques, qui n'en font finalement qu'une, et qui peuvent rappeler à bien des égards le cycle de Terremer d'Ursula le GUIN ; c'est l'univers en grande partie maritime d'une part ; c'est la perspective intimiste du propos d'autre part. Mais le roman est bien plus que cela puisque l'auteur utilise les quêtes de ses deux héros comme un moyen de remonter aux sources de l'univers et d'en comprendre in fine la cosmogonie ; à ce niveau on quitte la Fantasy relativement simple de LE GUIN, pour entrer dans celle plus subtile de Gene WOLFE, envers qui Patrick O'LEARY ne cache d'ailleurs pas son admiration.
C'est ainsi qu'à partir d'une histoire relativement simple, O'LEARY développe son intrigue autour de faux-semblants permanents, Simon et Tim, et le lecteur avec eux, devant sans cesse analyser ce à quoi ils sont confrontés pour comprendre le monde dans lequel ils vivent. Avec une prose extrêmement poétique, et non dénuée d'humour, l'auteur ne se répand toutefois pas en explications mais préfère multiplier les allusions et autres allégories, et imbriquer de multiples petits contes dans sa grande histoire. Si ce choix narratif est du plus bel effet stylistique, il est aussi un moyen particulièrement élégant de mener une vraie réflexion sur l'art du conte et son intimité avec la réalité. A ce niveau, le final du roman est une vraie réussite.
Le don est finalement une oeuvre d'une richesse incroyable. Sur un thème on ne peut plus éculé, Patrick O'LEARY parvient à bâtir un roman original et exigeant qui pourra contenter un large lectorat. Les lecteurs les plus jeunes y trouveront le souffle de la quête initiatique, les lecteurs plus âgés une réflexion sur la vie dont la profondeur pourrait bien nécessiter de multiples lectures. Ce sont indéniablement les caractéristiques d'une oeuvre marquante.
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