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Critique de Bibliozonard


À mi-chemin de cette histoire, je me fourgue le casque sur le crâne. You tube, mode recherche, David Bowie. J'ai retenu le seul que je connaissais parmi la flopée de groupes musicaux cités dans ce chef-d'oeuvre noir… Je tombe sur un album ou il chante avec un certain Ziggy Stardust. Mea culpa, je ne connais pas. C'est ainsi que le sentiment de me retrouver devant une atmosphère de « Blue jay way » de Fabrice Colin m'envahit. Sex-Drug & Rock & Roll. En gros, comment entrevois-je la lecture du bouquin ? C'est la confidence d'un gars déboussolé parfumé au Bret Easton Ellis moins que zéro » ou « les lois de l'attraction ») qui se pavane dans un costard Dante & Safranko sous les ombres défoncée d'Hollywood sexy.
Un ou deux jours plus tard, submergé par l'étonnement et des sensations nouvelles, je me réjouis de partager un après coup à propos d'une beauté qui surgit d'un univers au teint nauséeux, transpirant la déprime, aux effluves de combats impitoyables. David contre Goliath, Tony contre l'héroïne.
Fin des années '90, c'est dans les rues environnantes moins célèbres d'Hollywood qu'erra le jeune anglais au gré de ses shoots. Dire qu'il avait quitté Londres en pleine gloire, il devint bleu d'une femme de LA, lors d'une première petite tournée avec son groupe Catsuits au pays de tous les possibles. Il s'en suivit une chute de longue durée. Décomposition de la bande. Isolation. Fiesta. La descente s'insinua dans chacun de ses pores et sans retour possible. Rien n'y fit, tout alla de mal en pi, avec ou sans désintox ou séance post cure. Aucune chance, la volonté ne fût qu'un simili argument insignifiant devant un colosse inébranlable. Un liquide brunâtre, de la poudre blanche, des gélules multi fonctions, de l'alcool toutes marques. La musique s'éloigna, elle ne resta qu'un murmure à basse fréquence. L'écriture végéta. Il resta au moins trois ans à couler dans ce trou noir sans but. Il se maudissait. Il agonisait. Finalement, il rentra au pays, à Londres, à 23 ans, où il rencontra de nouveau l'amour et entrevit une lumière inattendue. Son intérêt pour Vanessa crut proportionnellement à son éloignement des produits stupéfiants. Il put envisager une nouvelle vie.

Le bois de houx à LA. La nature forestière a laissé la place à des blocs de ciment, des néons, des étoiles sur les trottoirs, des décors de bois et de cartons à faire jouir des groupies ou des gigolos en mal de reconnaissances ou juste des passionnés de cinéma ou aucun de tout cela. Toutefois, le contraste existe bel et bien, tout comme à Londres, Francfort ou Bruxelles. Il n'y a plus de nature, que de l'agressivité urbaine, seul subsiste le stresse et la paille, les résidus de strass et paillettes. D'office on reste sur LA, c'est la que ça se passe. Et puis même, quelle différence cela fait-il ? Est-ce que la proportion de consommateurs de drogue en Europe est supérieure ou inférieure à celle tellement connue aux États-Unis ? Je m'étonne que le phénomène n'ait pas eu droit à son étoile sur le Hollywood Walk of Fame (mince, même les Simpsons ont bien eu la leur). Oui, donnez leur une étoile en mémoire de. Une seringue comme emblème, avec juste dessous, un chiffre comme le numéro noté sur l'étiquette qui pend à l'orteil d'un cadavre victime de la poudre, cause du décès : OD (overdose). C'est un phénomène mondial dont le chiffre d'affaire n'a rien à envier à celui d'Universal Studio. Est-il nécessaire de chercher à savoir qui est le premier coupable, « l'oeuf ou la poule ». Les gouvernements, illustrés par un géant très beau gosse aux dents éclatantes. Il a la coiffure nickel au poil prêt, porte un costume, une chemise au col ouvert qui lui donne un aspect plus sympa. Ce personnage imaginaire lève l'index, un geste paternel qui prévient du danger, que ce que le petit va consommer c'est de la merde, que c'est interdit, qu'il ne lui arrivera rien tant qu'il ne se fera pas choper. La main immense du tuteur derrière le dos, tient le kit du parfait junkie, et quelques liasses de blé, en ayant bien sermonné, s'assure qu'il n'est pas responsable, avant de donner le package de futur consommateur. le kit à bouffon qui alimentera le réseau et qui au final participera à la bonne tenue d'un marché parallèle. Celui-ci aura de fortes chances de réinvestir ses rentrées dans l'économie propre et le soutien politique du pays. Tout un rouage, huilé à mort. La mort pour celui qui n'a plus l'argent suffisant pour se payer les soins de réhabilitation post cure. Qui coute un os évidemment, si c'était gratuit, le rapport PIB/Croissance se verrait bousculé. Et donc, marche droit ou crève. Heureusement, une alternative joue son rôle du maintien de la dépendance en refilant des produits de substitution qui endorment pendant la période hors influence narcotique. Tout se tient. Alors, qui est coupable ? L'éponge qui ne peut plus se passer de tous produits qui assassinent à petit feu. Ou la main qui autorise le droit de passage de la coke un peu partout dans le monde. Une chose est certaine, c'est un tueur en série version mondialisation qui opère. Il est comme les big bank. « To big to fail ».

De toute façon :
« Je te promets, ça finit toujours par s'arranger, souviens-toi de ça, ça finit toujours par s'arranger » (p296)

Pour stimuler mon ressenti et influencé aussi par le commentaire Dejan Gacond en fin de livre, j'ai décidé de bien faire mes devoirs et je me suis mis à écouter quelques chansons de Lou Reed. Des grands classiques: « walk on the wild side » et « perfect day ». À ma grande stupeur, je constatai que j'avais déjà entendu ces magnifiques chansons sans connaître le chanteur. Ambiance déstressante ou le contraire, c'est selon la journée ou le mélomane l'écoute, quelque soit l'état de santé. Tranquille, apaisante, anesthésiante ou bien déprimante. Ensuite, j'ai du écouter « Hand of doom » de Black Sabbath. J'aime un peu moins, c'est très proche d'un point de vue rythmique, du roman de Tony O'Neill. Un prélude calme avec une petite montée de rage, le corps de la chanson part en tous sens reflétant bien les émotions de délire et d'agonie de « L'anglais qui a du bleu sur les veines », la fin est similaire au début, murmure et coup de gueule plus posé. Pour finir, un peu de Beasty Boys qui a provoqué une explosion de souvenir et a remonté à la surface Run Dmc et Cypress Hill. Woah !
Un roman noir choc, encore un uppercut. le lecteur sera d'office happé dans cette sphère complète. Un alliage solide constitué d'éléments musicaux, écrits, visuels très précis. D'une grande valeur. C'est un tag multicolore immense sur un bâtiment classé, un air d'impro sous lequel se cache un tout structuré artistiquement parfait. D'ailleurs à propos de l'écriture, c'est à Tony O'Neill que revient le mot de la fin en page 295, une phrase qui est valable pour tout le livre et non seulement pour une soirée précise.

« Ça va droit au but, et volontairement ou pas, j'ai raconté cette soirée avec clarté et la concision typiques des junkies : ils ne s'embarrassent absolument pas de fioritures. »

Bon courage à l'artiste musicien qui « walk on the soft side »…
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