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Critique de pleasantf


En guise de critique, je soumets un résumé du texte qu'a écrit Zadie Smith sur ce roman, publié initialement dans la New York Review of Books et repris dans son livre ‘Changer d'avis'.

Pour Zadie Smith, Netherland est un parfait exemple du courant dominant de la littérature romanesque d'aujourd'hui : le réalisme lyrique. Sa perfection en la matière en vient pourtant à créer un trouble.

La rencontre à New York des deux personnages principaux , le Hollandais Hans van den Broek et le Trinitéen Chuck Ramkissoon, provoque une réflexion sur l'identité, l'immigration, l'intégration et le rêve américain mais pour Zadie Smith ce ne sont pas là les thèmes principaux du roman. Selon elle, Netherland essaie de traiter de la crise du roman issu de la veine du réalisme lyrique. Les tentatives passées de détrôner ce genre dominant , comme le nouveau roman français ou la métafiction américaine , n'ont pas été des succès éclatants. Mais l'échec des critiques signifie-t-il que le modèle persistant du roman balzaco-flaubertien est le meilleur pour décrire notre monde et notre condition avec le plus de fidélité ?

Selon Zadie Smith, Netherland est un roman qui est parfaitement conscient des faiblesses du réalisme lyrique, du caractère éculé des procédés romanesques utilisés (comme la narration nostalgique ou l'introspection du moi, par exemple). Mais il les utilise tout en les critiquant à travers le narrateur Hans van den Broek ou en instillant un doute sur leur efficacité. le personnage de Chuck symbolise l'authenticité et un idéalisme transcendantal un peu suranné qui permet d'exprimer dans le roman des idées qui peuvent nous sembler naïves. le roman étant toujours conscient de ses propres faiblesses, c'est le personnage de Rachel, la femme de Hans, qui apporte la critique au personnage de Chuck et à ce qu'il représente dans le récit. L'authenticité, plus ou moins liée à l'ethnicité par le personnage de Chuck, est battue en brèche et le personnage de Chuck devient alors celui de l'égo surdimensionné, de la brutalité et de l'escroquerie. le démantèlement de l'authenticité se poursuit lorsque le roman aborde les thèmes politiques . L'engagement politique, l'état du monde tel qu'il nous l'est révélé par les hommes politiques apparaissent eux aussi comme inauthentiques.

Après une telle critique, le seul refuge d'authenticité semble être notre subjectivité, qui s'exprime au mieux dans la rêverie et dans le lyrisme littéraire. Même si Netherland reconnaît qu'il est difficile de décrire avec justesse le ‘moi', il s'y engage néanmoins, pour nous rassurer sur notre plénitude personnelle. Selon Zadie Smith, Netherland nous offre l'histoire authentique d'un ‘moi', sans être vraiment assailli par les doutes qu'une telle démarche pourrait normalement susciter (par ex. : est-ce vraiment ainsi que l'on ressent le fait d'avoir un ‘moi' ? est-ce que le ‘moi' souhaite toujours ce qui est bon pour lui ? est-il nécessairement en quête de signification ? les choses du monde nous arrivent-elles vraiment comme ça, enrobées d'élégances langagières désuètes ?)

Netherland est bien écrit, il est lucide sur les procédés et les idées qui le sous-tendent mais « il caresse encore les rites et les habits de la transcendance, même s'il les sait vides de sens ».
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