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Critique de evergreen13


Chambre 6183
Detroit, 1977. Dans la banlieue chic, Hannah Jarrett mène une vie bourgeoise d'une « normalité » lénifiante. Un mari, Wes, absent les trois quarts du temps (il travaille…) qui la considère au mieux comme une petite chose fragile, au pire comme une plante décorative, deux jeunes enfants, Conor et Katya, une employée de maison Philippine à demeure, Ismelda… le matin elle emmène les enfants à l'école, puis enchaîne des rendez-vous, des réunions avec des femmes comme elle… Un ennui terrible. Pourtant, à l'extérieur, tout près, un prédateur sexuel (surnommé Babysitter) enlève de jeunes enfants, de ceux qui ne manquent à personne… Lorsqu'il s'en lasse, il les tue et expose leurs corps nus dans des lieux publics. Bien sûr, ça ne concerne pas les Jarrett, leur petit monde protégé… Mais Wes, qui ne laisse pas Hannah lire le journal et ses terrifiantes nouvelles, se procure tout de même une arme.
Lors d'un gala caritatif, Hannah croise un homme : il effleure son poignet, lui glisse quelques mots. Une rencontre incandescente. Hannah a tellement besoin qu'il se passe quelque chose dans sa vie qu'elle accepte de le retrouver un après-midi, au Grand Hôtel Renaissance de Detroit, chambre 6183, alors qu'elle ignore tout de lui, même son nom. Pour une fois, Hannah va prendre une décision, même si elle sait, au fond d'elle-même, qu'elle sera dévastatrice.
Je suis passée par divers stades, diverses émotions, en lisant ce roman, mon premier de l'auteure. J'ai d'abord été déroutée, déstabilisée par le style –des parenthèses en veux-tu, en voilà- et la construction choisie par Joyce Carol Oates. Je ne parvenais pas à comprendre comment les deux intrigues, qui vivotaient en parallèle, allaient pouvoir se rejoindre. Il a fallu attendre les deux tiers du livre pour que mon intérêt soit éveillé : dès lors, j'ai pu faire abstraction de l'écriture pour entrer dans l'histoire. Mais que ce fut long d'y arriver !
De même, je ne suis pas parvenue à m'attacher à Hannah, je n'ai eu ni sympathie ni compassion pour elle. Bien qu'ayant à l'esprit que le roman se déroulait à la fin des années 70 et qu'il fallait donc contextualiser ce personnage, je l'ai trouvé terriblement caricatural, une sorte de desperate-housewife, très souvent à côté de la plaque… Son comportement m'a interpellé à maintes reprises, et sur l'essentiel, je suis restée perplexe. Bien qu'elle fasse de son mieux, elle est tellement agaçante ! Trop naïve, trop égocentrée. Et Joyce Carol Oates en fait des tonnes sur son personnage, l'inventoriant totalement, disséquant ses pensées, ses états d'âme, sa psychée, sous toutes ses coutures, à la limite de l'écoeurement.
Le seul personnage qui a quelque peu retenu mon attention est celui de Ponytail alias Mikey, alias Mikhail. Je ne peux pas en dire plus pour ne pas divulgâcher mais si vous lisez ce roman, vous comprendrez !
Quant à l'aspect thriller, il est quasiment inexistant…
Reste la peinture d'une certaine époque, plutôt réussie : le roman se situe dix ans après les violentes et sanglantes émeutes de 1967 qui ont marqué le lent déclin de la ville de Detroit (je me rappelle avoir vu un excellent reportage sur Detroit, peut-être sur France 2, il y a quelques années).
Vous l'avez compris, mon avis est assez mitigé. Je suis contente de l'avoir lu dans le cadre d'une lecture commune (organisée par Gwen21, merci !) : sans cette motivation, je l'aurais certainement abandonné.
Au final, la vie rêvée d'Hanna Jarrett s'est révélée déconcertante à plus d'un titre, souvent frustrante (la fin…), les « habitués » de l'auteure y trouveront sans doute leur compte, pour ma part, je tenterai un autre roman (il y a le choix ! mais je suis preneuse de vos conseils) d'ici quelque temps.
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