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Critique de Nastie92


Carthago delenda est ?
Carthage.
Un nom qui exhale un parfum de tragédie. Non pas grecque, mais américaine.
Carthage.
Un nom qui n'a certainement pas été choisi au hasard, car avec Joyce Carol Oates, rien n'est laissé au hasard.
Carthage.
Un nom qui rime avec carnage, en anglais et en français. Ça tombe bien !
Une fois de plus, mon auteur fétiche frappe fort.
Frappe sans état d'âme.
Frappe juste.
Frappe pile là où ça fait mal.
Joyce Carol Oates nous parle de la famille Mayfield. Une famille "ordinaire", comme on en voit tant aux États-Unis.
Papa, maman et leurs deux filles. Une famille normale. Du moins, en apparence. Car il suffit de gratter un tout petit peu, et la belle façade s'effondre, faisant apparaître toutes les lézardes, toutes les failles du bel édifice.
Et s'il n'y avait que la famille Mayfield !
Parce qu'à travers elle, c'est toute la société américaine qui passe à la moulinette. Et Joyce Carol Oates n'est pas tendre !
Fidèle à ses habitudes, elle ne fait preuve d'aucune indulgence et dresse un portrait terrible de son pays.
Traumatismes liés à la guerre, jalousie fraternelle, différentes façons de vivre un deuil, liens familiaux... les thèmes abordés sont multiples et s'imbriquent parfaitement dans un roman à la construction savamment maîtrisée de bout en bout.
Sans oublier la mort, omniprésente sous toutes ses formes.
Quelles différences y a-t-il entre la mort que donne un soldat au combat, un meurtre, et l'exécution d'un condamné ?
Voilà un beau sujet de réflexion, non ?
C'est féroce, c'est grinçant, c'est noir, c'est corrosif... et qu'est-ce que c'est lucide !
Joyce Carol Oates fait vivre ses personnages ; ils sont tellement crédibles, tellement vrais qu'on ne peut qu'être touché de plein fouet par le récit. Elle se met souvent dans leur tête pour nous faire partager leurs pensées, impliquant ainsi le lecteur, qui ne peut rester simple spectateur.
Lire Joyce Carol Oates est tout sauf anodin. Rien n'est paisible dans ses romans, et ce n'est pas celui-ci qui déroge à la règle.
La romancière vous emmène là où vous ne seriez jamais allés, là où vous n'auriez jamais osé vous aventurer.
Une petite promenade en prison dans le couloir de la mort vous tente ? Une petite visite dans une salle d'exécution vous fait envie ? Venez, c'est un guide de génie qui vous convie. Mais, attachez votre ceinture et respirez un bon bol d'air frais avant de vous lancer : la dame a la plume acerbe, elle distille à volonté ses petites remarques perfides et n'hésite pas de temps à autre à vous balancer ses scuds.
Je ne compte plus les livres de Joyce Carol Oates que j'ai lus : elle arrive encore à me surprendre, et j'en redemande.
Carthage est un roman bluffant, brillant, un excellent cru.
God bless America !
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