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Critique de Zora-la-Rousse


Quelle lecture ! Une claque, une révélation…
Eux, ce sont les Wendall, Loretta tout d'abord, et puis Jules et Maureen, deux de ses enfants…
Eux, ils vivent à Détroit, dans les bas-fonds de la ville. Depuis la Grande Dépression de la fin des années 30 jusqu'aux émeutes raciales de 1967, on les suit, d'un quartier à un autre, ballottés par la misère, confrontés à la violence, flirtant avec la folie.
Eux, ce sont les Hommes et les Femmes, dominants et soumises, à moins que ce ne soit le contraire…

Joyce Carol Oates parle d'Eux comme d'un roman sur la lutte des classes, sur le piège du rêve américain. Mais le livre nous emporte au-delà. Quel est le devenir d'une ambition légitime pour une vie meilleure lorsqu'on est réduit au mode survie ?
Soumis à une grande pauvreté, de revenus, de savoirs mais aussi d'affection, ces privations génèrent un milieu insécurisant, provoquent l'éclatement de la famille. Joyce Carol Oates aborde ici avec une grande finesse psychologique les conséquences des carences affectives sur le développement de la personnalité d'un enfant. Comment construire son identité ? Comment développer ses capacités ? Comment gérer ses émotions ? Maureen calfeutrera ses traumatismes et ses peurs derrière une vie rigidement cadrée mais sans affects. Jules, tout au contraire, libéré du carcan familial par une succession d'évènements dramatiques finira par s'ériger contre les règles sociales et éthiques. Mais ils auront en commun la solitude, le douloureux ressenti du morcellement du corps et de l'âme, l'incompréhension des autres, les réponses inadaptées à la demande sociale, une connaissance tronquée de la réalité.

Eux, c'est enfin Détroit, la ville que tous voudraient quitter mais où ils reviennent toujours, parce qu'elle ne vous lâche pas. Joyce Carol Oates nous raconte sans ménagement ni exagération les taudis, la crasse, le racisme, la maltraitance, la délinquance. Elle ne porte au-delà aucun jugement, en essayant simplement ( et avec grand talent) de décrire le plus réalistement possible la violence humaine sous tous ses aspects...

Une claque j'vous dis !
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