AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lishbks


Quand Genna aperçoit Minette sur le campus, elle est subjuguée par son attitude, par sa famille. Elle veut être son amie, non...elle veut être sa soeur! Et elle sera sa soeur, à la vie à la mort et même contre son gré. Partageant sa chambre, lorgnant sur ses photos, ses tiroirs, la suivant en douce, Genna qui se veut la plus amicale et la plus bienveillante possible avec tout le monde mais avec Minette en particulier, et qui aurait probablement été une amie chaleureuse pour n'importe qui qui aurait eu l'intention d'accueillir cette amitié sincère, se transforme assez vite en un genre de stalker assez creepy face au rejet poli mais glacé de la principale intéressée. Nous n'avons que le point de vue de Genna et, même si il est difficile de s'identifier à elle, il est très intéressant. Elle a conscience des privilèges de sa race, sait s'interroger sur le ressenti d'autrui et pourtant elle refuse totalement d'admettre qu'elle n'est tout simplement pas désirée à la place qu'elle veut occuper ce qui la pousse souvent à envisager une vision de la réalité d'une manière un peu particulière qui n'anéantirait pas ses espoirs. On peut pourtant se demander pourquoi cette amitié a-t-elle été aussi ratée. Je regrette un peu de ne pas avoir lu l'autre point de vue, celui de la mystérieuse Minette qu'on sent peu à peu sombrer vers la dépression et la folie mais toujours prête à endurer le martyre dans la plus grande des solitude. Car ces deux jeunes filles, ayant grandit au milieu des fanatismes de leurs parents respectifs, idéalisant leurs pères et toutes deux atteintes d'une forme de solitude auraient très bien s'entendre, se comprendre et s'épauler vers une forme d'indépendance et d'ouverture nouvelle.
Pourtant l'autrice laisse peu à peu tout cela de côté pour glisser vers la relation père-fille de Max et Genna. Une relation dysfonctionnelle d'un homme engagé aux idéaux vertueux qui lui permettent sans doute de comprendre le monde mais qui l'empêchent de faire preuve de considération pour l'individu isolé. Si elle n'a pas pu sauver Minette, Genna pourra-t-elle sauver son père?
Pour mon premier Joyce Carol Oates j'ai eu le sentiment d'une lecture faite d'une apparence assez simple mais tissée d'éléments subtils qui s'entrecroisent pour mieux s'éloigner, se frôlent sans se toucher et créent un tout qui chamboule sans en avoir l'air. de ce flou artistique, se dégagent de petites touches particulières qui s'imprègnent dans l'inconscient jusqu'à former des interrogations auxquelles on n'a pas de réponse toute faite que ce soit sur les personnages ou sur des questions générales qui dépassent le cadre du roman en lui-même. J'ai très envie d'en lire d'autres.
Commenter  J’apprécie          150



Ont apprécié cette critique (14)voir plus




{* *}