AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Fanou87


Dans l'introduction de ce Paysage Perdu, Joyce Carol Oates nous prévient que ce ne sera pas « une évocation » de sa vie mais bien quelques faits qui ont modelé sa vie d'écrivain, en commençant par sa plus tendre enfance jusqu'à l'âge adulte. Les récits proviennent d'anciennes publications et ils sont réunis ici pour nous offrir un éclairage sur certains événements. Oates indique que ces récits sont en partie abrégés et résumés. Ce n'était pas dans son intention de tout détailler, certains faits sont tus quand d'autres sont expliqués plus longuement.

En partant de ce postulat, on plonge dès les premières pages dans son enfance. Elle y décrit sa grand-mère qui lui offrait de multiples livres, elle songe à sa maîtresse d'école pour laquelle elle voue encore une réelle admiration (c'était l'époque des classes uniques). Elle passe ensuite en revue ses années de collège et de lycée, ses années universitaires, sa rencontre avec son premier mari, Ray Smith (sur lequel elle écrira dans le très beau et pudique « J'ai réussi à rester en vie »).
Parmi tous ses souvenirs, certains m'ont plus ému que d'autres. Notamment quand elle se confie sur sa soeur cadette, Lynn Ann, autiste. Celle-ci est née alors que Joyce avait 18 ans. Très tôt ses parents se sont rendu compte qu'il y avait un problème dans son développement mais rien n'a été mis en place. À cette époque, les autistes n'étaient pas diagnostiqués et étaient relégués à la case « fou ». Devant l'ampleur de son handicap, les parents doivent se rendre à l'évidence, Lynn Ann doit être placée, elle a quinze ans. Elle y est encore. Joyce Carol Oates n'a plus jamais revu sa soeur depuis cette période.

Elle se confie aussi sur d'autres sujets sensibles comme les abus sexuels d'une voisine par son père, le suicide d'une de ses amies d'enfance, sur les secrets de sa famille trop longtemps cachés… tant de souvenirs douloureux magnifiquement racontés. Car Oates excelle dans la narration. Avec talent, avec précision et avec le recul nécessaire, elle explore ses racines et la genèse de ce qu'elle est devenue, une grande écrivaine. Tout en humilité, elle parcourt sa vie et nous offre des indices de réponses. J'ai trouvé aussi que ce Paysage Perdu était surtout une belle déclaration à ses parents, pour lesquels elle voue une admiration sans faille.

Ce livre renforce mon admiration pour cette grande dame. La petite fille volontaire, lectrice assidue et musicienne a fait échos en moi. Sa pudeur qui se dégage de sa rencontre avec l'homme de sa vie ne peut que nous émouvoir. Ses aveux sur ses insomnies et ce qu'elle ressent sont autant d'éléments qui nous permettent de la comprendre.


Lien : https://pagesversicolores.wo..
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}