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Critique de Sofiert


Je pense avoir lu la totalité des romans de Joyce Carol Oates et une grande partie de ses nouvelles, que j'apprécie un peu moins, peut-être parce que j'adore ses grands romans.
Depuis ma découverte de ses premiers livres dans les années 80, j'ai toujours été enthousiasmée par ses romans, par son imaginaire et par sa capacité à se renouveler, tout en gardant une profonde empathie et une véritable clairvoyance envers ses personnages.

Joyce Carol Oates a maintenant 84 ans et continue à écrire à un rythme soutenu.
Son écriture a beaucoup changé et le thème de la mort est devenu plus présent, depuis le décès de ses deux maris.
"Respire" appartient à ce cycle du deuil, comme "J'ai réussi à rester en vie" ou le " La nuit. le sommeil. La mort. Les étoiles"
On y retrouve une part autobiographique importante et ce sentiment de perte terrible qu'elle évoque également dans son Journal.

Le personnage de l'épouse, que ce soit Jessalyne ou ici Michaela, se révèle complètement dépendant d'un archétype du mari, un homme intelligent et attentionné mais au final dominant. L'emprise qu'il exerce sur ses compagnes, même si elle se confond avec une relation amoureuse, laisse présager une descente aux enfers pour la veuve. Victime d'horribles hallucinations, incapable d'accepter la perte et perdant totalement le contrôle de sa vie, l'Epouse va suffoquer, alors même qu'elle conjure le mari de respirer.
Le récit de cette asphyxie est parfaitement rendu par l'écriture : phrases hachées, incomplètes, points de suspension, parenthèses. Un sentiment d'urgence et de fièvre qui se lit même dans la typographie. Elle dialogue avec le fantôme de Gérard , sa personnalité commence à se dissoudre, elle est dévorée par la culpabilité de celle qui a survécu et qui n'a pas réussi à faire obstacle à la mort.
Il reste heureusement la trace du lien qu'elle a noué avec ses étudiants, cette part d'elle à laquelle le mari n'avait pas accès, pour que puisse s'opérer une mystérieuse renaissance.

Si je préfère l'auteure des romans ancrés dans la sociologie de l'Amérique, celle qui explore la psychologie de personnages ambigus, aux sombres secrets, celle qui parle si bien de la violence et de la sexualité, je n' ai pu m'empêcher en refermant le livre de réaffirmer l'immense talent de Joyce Carol Oates.
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